Le problème de beaucoup de catholiques en politique, c’est l’idéalisme

dimanche 17 avril 2016
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Le problème de beaucoup de catholiques en politique, c’est l’idéalisme



« L’abbé Pierre-Hervé Grosjean, curé de Saint Cyr l’Ecole, Secrétaire Général de la Commission « Ethique et Politique » du Diocèse de Versailles, vient de publier Catholiques, engageons-nous aux éditions Artège. Il déclare au Figarovox :

"[...] Le problème de beaucoup de catholiques en politique, c’est l’idéalisme : la difficulté de confronter son idéal très élevé au réel, c’est à dire à l’imperfection de ce monde. Ainsi certains attendent toujours le candidat parfait - confondant élection et canonisation - le parti parfait, le programme parfait, etc… pour s’engager. Il est au contraire urgent de quitter le banc de touche, et d’arrêter de regarder la partie se jouer sans nous. Je n’ignore rien de la violence du jeu politique, de la piètre qualité du terrain, de la « vigueur » de l’équipe d’en face voir de ses co-équipiers, mais on n’a pas le choix. Il faut agir, s’engager, entrer sur le terrain.

Un chrétien ne peut pas déserter ou se contenter d’être un commentateur souvent critique. Cette inaction serait une faute, quand on voit ce qui se joue. Alors effectivement, on ne gagnera pas à tous les coups, tous les arbitrages, tous les combats. On se prendra même souvent des coups. On sera sur une ligne de crête permanente, entre compromis nécessaire - on progresse pas à pas vers un mieux possible - et compromission impossible. On peut râler sur la ligne de tel ou tel parti, de tel ou tel candidat aux primaires, de tel ou tel élu ou dirigeant. Mais c’est plus efficace de prendre les moyens de peser sur cette ligne. Il faut investir les équipes, les entourages, les lieux de décision.

Nous ne votons jamais pour un candidat seul. Nous votons aussi pour ceux qui l’entourent et l’influencent, ceux qu’il fera accéder aux leviers, ceux à qui il donnera des responsabilités. C’est aussi dans ces entourages, ces cabinets ministériels, ces équipes de campagne qu’il faut des chrétiens qui s’engagent pour servir. Il faut devenir une force de proposition, être constructifs, prendre les places à prendre, plutôt que de continuer sans fin à se plaindre. J’admire ceux qui font ce pas, ceux qui l’ont déjà fait, dans un esprit de service. Ne les laissons pas seuls, encourageons-les, chacun à notre mesure et selon notre vocation.

Dans quel parti ? Pour qui voter ? Ce n’est pas à l’Eglise de décider pour vous. L’Eglise donne des critères de discernement. Elle indique des points d’attention sur ce qui lui semble essentiel pour respecter et servir la dignité de tout être humain. Ensuite, elle fait confiance au discernement de chacun. Elle rappelle simplement que l’adhésion à un parti ne doit pas faire perdre sa liberté intérieure. Le parti n’est qu’un moyen, il n’est pas un absolu. Que chacun discerne le lieu où il pourra plus facilement et plus efficacement faire progresser ses idées. Cela veut dire aussi qu’il peut y avoir un pluralisme politique légitime chez les catholiques. Ce pluralisme est sain. Cessez de vous critiquer si vous n’avez pas la même stratégie pour arriver au même but !

Respectez l’engagement de chacun, au niveau local comme au niveau national, et sachez vous retrouver pour défendre ensemble l’essentiel. Il faut que dans leur façon même de faire de la politique, les chrétiens offrent un témoignage de service crédible pour le monde. [...] »

Source :

Michel Janva
Le salon beige