Migrants, Islam : pour un retour à la raison

dimanche 31 juillet 2016
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Migrants, Islam : pour un retour à la raison



Dans le nécessaire et incontournable questionnement que soulèvent les tragiques événements de l’année 2015 (attentats meurtriers à l’hebdomadaire Charlie et au théâtre le Bataclan) et ceux de ce mois de juillet 2016 (le 14 juillet à Nice et le 26 juillet, l’assassinat odieux d’un prêtre), voici le point de vue d’un catholique :

« Notre société occidentale – celle du selfie et de twitter – est dominée par l’instantanéité, l’émotion, et la subjectivité, il n’est pas nécessaire d’être grand sociologue pour le constater. Les vagues de « réfugiés » qui viennent heurter l’Europe et la multiplication des attentats suscitent une instrumentalisation des sentiments. Le camp du bien serait celui de l’amour, le camp du mal celui de la haine et de la peur. Ce sentimentalisme simpliste est particulièrement répandu chez les catholiques, c’est avec regret que je dois le constater, l’étant moi-même.

Nombre de ces derniers oublient, hélas, l’enseignement de saint Augustin, docteur de l’Église, quant aux passions. Contre les stoïciens, qui les condamnaient toutes, l’évêque d’Hippone enseigne qu’en elles-mêmes les passions ne sont ni bonnes, ni mauvaises. Seul leur objet, fruit de la volonté, permet de les qualifier moralement. Par exemple, si l’amour a pour objet les idoles, il est mauvais. A contrario, si la haine a pour cible la dépravation elle est « bonne » et signe de vertu. Le bon sens nous rappelle d’ailleurs qu’amour et haine sont inséparables : l’opposé de l’objet aimé ne peut que susciter le rejet. Dieu est amour (1 Jn 4, 16) et pourtant « il y a six choses que hait Yahweh, il y en a sept qu’il a en horreur », affirme l’Écriture (Proverbes 6, 16).

Ceci étant posé, laissons un moment de côté les passions et essayons d’analyser la situation actuelle de l’Europe et celle du monde musulman.

La situation du monde musulman et celle de l’Europe

Depuis l’avènement de Khomeini en Iran en 1979, l’Islam dans sa version la plus orthodoxe – qu’il soit chiite ou sunnite - ne cesse de marquer des points face aux courants « occidentalisés » lesquels furent incarnés, il y a quelques décennies déjà, par Nasser, voire par Mustafa Kemal dans sa version la plus laïque. Aujourd’hui, seuls des régimes à poigne – Bachar El-Assad en Syrie et le maréchal Sissi en Egypte – permettent de contenir la poussé de ceux qui exigent un retour à l’Islam des origines. Ce mouvement s’accompagne d’une haine farouche des juifs et des « croisés » , c’est-à-dire des chrétiens, et d’un fort ressentiment envers les occidentaux, anciens colonisateurs, accusés de conspirer à l’asservissement du Dar-Al-Islam ou d’être le principal obstacle à son expansion, selon l’attitude – victimaire ou conquérante – adoptée. Ce constat n’empêche pas de reconnaître que certains musulmans - non ou moins pratiquants - persistent dans une voie « occidentalisée » – que cela soit sur le plan de la doctrine ou des mœurs – mais les faits montrent qu’ils sont en perte de vitesse et ne semblent pas capable d’endiguer la progression des musulmans zélés qui imposent leur agenda et obtiennent le silence, sinon l’acquiescement, de l’oumma. Le phénomène est encore plus sensible parmi les jeunes générations, indiquant clairement de quel côté se situe la dynamique.

Qu’en est-il de l’Europe à présent ? Celle-ci est confrontée à une triple crise : économique, démographie et identitaire. Sur le plan économique elle ne parvient plus à assurer le plein emploi. La faillite de l’État providence s’accompagne d’un chômage de masse (France, Espagne, Italie) ou d’une multiplication des emplois précaires (Allemagne, Royaume-Uni). Ces deux phénomènes ont en commun de frapper particulièrement les jeunes et d’empêcher une part importante d’entre-eux de fonder un foyer stable. Ceci accentue la chute démographique, déjà engagée par la culture hédoniste soixante-huitarde qui rejette la maternité et la paternité quand celles-ci imposent trop de sacrifices. A cela s’ajoute une crise identitaire laquelle est d’autant plus paradoxale que le modèle occidental est perçu comme hégémonique, par le reste du monde, y compris musulman. Culpabilisée par les atrocités de la Seconde Guerre mondiale et par un passé colonial qu’elle refuse d’assumer, l’Europe se déteste. Après avoir apostasié sa foi chrétienne elle sape – bien souvent par haine de cette dernière - les institutions qui se trouvent pourtant à la base de toute société pérenne : la famille, la patrie et le culte rendu à Dieu. L’héritage gréco-romain et chrétien n’est plus transmis par ceux qui ont pour mission de le faire : l’école pour le premier, le clergé pour le second. Cette politique de la table rase engendre une amnésie redoutable : l’Europe ne sait plus qui elle est ; de civilisation, elle redevient un simple espace géographique. Faut-il être prophète pour comprendre que quand cette faiblesse, devenue structurelle, rencontre la soif de revanche des peuples musulmans le danger est potentiellement mortel ?

Se poser les bonnes questions

L’urgence de se poser les bonnes questions – et d’y apporter les bonnes réponses - est donc vitale. Vue la triple crise qu’elle affronte, l’Europe est-elle en capacité d’accueillir des centaines de milliers de réfugiés musulmans sans prendre un risque insensé pour ses propres citoyens ? Nous le savons, l’Europe n’est pas un nouvel Eldorado. Or, ce n’est pas le modèle culturel européen – qu’ils jugent, à raison, décadent – qui fait que ces multitudes risquent tout pour s’installer sur notre sol. Autrement dit, elles ne viennent pas en Europe pour devenir Européennes – qui sait encore ce que cela veut dire ? - comme l’on allait autrefois aux États-Unis pour être Américain, mais pour jouir de cette prospérité que les passeurs leur font miroiter. Comment s’étonner alors que la déception des nouveaux venus engendre une frustration proportionnelle à leurs espoirs ? Les djihadistes ne peuvent rêver d’un terrain plus fertile pour de nouvelles recrues, l’Allemagne et la France en font déjà l’amère expérience.

Quant à l’Islam à présent, est-il conforme à la réalité d’en parler comme d’une religion de paix et raisonnable d’espérer de la part de ceux qui le professent qu’ils adoptent une attitude bienveillante à l’égard des « kouffar » ? Certes, la majorité des musulmans n’a pas pour projet de se faire exploser à l’intérieur d’une rame de métro ou de décapiter un prêtre. Mais cette majorité a priori pacifique est-elle prête à empêcher la persécution des « mécréants » par la minorité agressive avec qui – qu’on le veuille ou non – elle partage les mêmes rites, le même « prophète », le même livre « saint » et parfois les mêmes mosquées ? La situation des minorités religieuses en terre d’Islam laisse craindre le pire, et ce depuis la prise de Médine par Mahomet. Cette question semble encore relativement théorique en Europe, elle le sera beaucoup moins quand – à la faveur des crises démographique et identitaire – l’Islam y deviendra la première religion.

Afin d’éviter ces deux écueils que sont la guerre civile et la soumission, un raisonnement lucide nous impose le constat suivant : menacée de disparaître comme civilisation sous les coups de boutoir de l’immigration massive et de l’islamisation, l’Europe en crise doit de toute urgence se réarmer spirituellement – en renouant avec son héritage culturelle gréco-latin et sa religion chrétienne – et militairement afin de faire face à ceux qui lui ont déclaré la guerre. La prudence exige qu’elle dise aux populations musulmanes qui viennent sur son sol pour se partager un hypothétique butin qu’elles ne sont pas les bienvenues. La même logique doit prévaloir pour celles qui ont eu le privilège de jouir depuis plusieurs générations de l’hospitalité des Européens sans avoir accomplit les efforts nécessaires à leur intégration. Si l’une comme l’autre refusent d’obtempérer elles ne devraient alors plus être traitées comme des hôtes mais comme des envahisseurs avec les risques que cela comporte pour elles. « Il y a un temps pour la guerre et un temps pour la paix », dit l’Ecclésiaste. »

Antoine Burckhardt

(Texte publié sur Facebook)