Non-assistance à patrimoine en danger : Français, réinvestissez vos églises !

samedi 28 janvier 2023
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Non-assistance à patrimoine en danger : Français, réinvestissez vos églises !

« Mayenne, le 21 janvier 2023. Lors de ses vœux, David Besneux, le maire de la Baconnière, annonce que l’église ne sera pas rénovée mais finalement démolie. La charpente affaissée et la toiture endommagée, la « décision difficile » a été prise pour « assurer la sécurité de tous les habitants du village ».

Dans le Maine-et-Loire, Franck Aubin, le maire de Beaupréau-en-Mauges, souhaite installer sa médiathèque dans l’église, la décision a été votée le 4 juin dernier au conseil municipal et la demande envoyée au préfet afin que ce dernier soumette à l’évêque d’Angers Mgr Delmas la question de la désacralisation de l’édifice. Pour le maire, « le bâtiment devenant un bâtiment "public", il semble plus opportun que le bâtiment soit désaffecté et désacralisé […] Ce serait une façon de faire que ce bâtiment soit le plus accessible à la grande majorité de la population. »

À Saint-Chamond, l’église a été désacralisée pour devenir un centre culturel, avec la bénédiction de Mgr Bataille, prêt à la mener (la bataille) pour s’opposer à un projet de discothèque… mais c’est tout : « Par contre, que cela devienne un lieu culturel et qu’il puisse être utilisé par beaucoup de monde, oui. » Faut-il en déduire que nos églises ne sont plus que des lieux de rencontre et de partage, pour que le centre culturel n’en soit que l’aboutissement naturel ?

Au Mans, Cyr de la Chapelle, 18 ans, a monté le collectif Saint-Joseph pour lutter contre la démolition de la chapelle éponyme. L’étudiant en première année de droit nous confie ne pas comprendre « comment on peut balayer 2.000 ans d’Histoire ». La municipalité de Stéphane Le Foll n’ayant pas encore donné le permis de démolition, l’étudiant garde une lueur d’espoir et se dit « confiant dans la justice française ». Nouant des partenariats avec d’autres jeunes engagés dans la défense du patrimoine religieux : Touche pas à ma statue et SOS Calvaires, le collectif prévoit une nouvelle action de mobilisation fin février ou début mars.

Dans les Deux-Sèvres, l’église de Bouillé-Loretz a été ravagée par les flammes le 20 mars 2016, jour de la messe des Rameaux. Pierre Sauvêtre, le maire du village, évoque le montant des travaux : 1.600.000 €, un coût immense pour un village de 2.700 habitants. Et pourtant, l’église, qui a subi des dommages conséquents, devrait pouvoir retrouver sa beauté originelle à l’été 2023. Pourquoi le conseil municipal n’a-t-il pas pris la « décision difficile » de démolir ce qui coûtait trop cher à rénover ou désaffecter l’édifice et s’en laver les mains ? Parce que cette église était remplie chaque dimanche, que la paroisse de l’abbé Christian Métais s’est largement mobilisée pour sauver son clocher, ouvrir des quêtes en lien avec la Fondation du patrimoine, le club des mécènes avec des entreprises locales ou obtenir le soutien de Stéphane Bern, toujours disposé à accompagner tous les défenseurs du patrimoine. Dans ce merveilleux village viticole, la vie paroissiale faisait battre le cœur du bourg jusqu’au jour de l’incendie. Elle s’apprête à le faire revivre lorsqu’elle reprendra toute sa place dans l’église, au centre du village…

Cet exemple de Bouillé-Loretz doit pouvoir redonner espoir et prouver que lorsque l’on veut, on peut. Ce ne sont pas les maires qu’il faut accabler mais bien tous ceux qui ont déserté ce patrimoine religieux alors que la loi de 1905 promet l’affectation « légale, exclusive, gratuite, permanente et perpétuelle » des églises. En revanche, la non-célébration du culte pendant plus de six mois consécutifs, l’insuffisance d’entretien mettant en péril la conservation de l’édifice et la sécurité du public, le détournement de l’édifice de sa destination cultuelle permettent à une commune de demander la désaffectation au préfet qui devra interroger l’évêque.

D’ici 2030, ce sont entre 2.500 et 5.000 églises qui pourraient disparaître, selon un rapport du Sénat qui prône une « réappropriation et une resocialisation des édifices cultuels ». Que voulons-nous pour demain ? Voir fleurir les minarets et entendre l’appel du muezzin comme à Cologne tout en fermant les yeux sur la démolition ou réaffectation de nos édifices religieux ? Laisser Roselyne Bachelot enfoncer le dernier clou dans le cercueil de notre acédie ? Prouvons que nos églises ne sont pas de vieilles pierres désaffectées ni de simples lieux de rencontres fraternelles socio-culturelles, mais bien un patrimoine vivant au cœur battant. C’est un enjeu de civilisation qui se joue sous nos yeux si nous ne défendons pas ardemment notre patrimoine religieux. Les pelleteuses ne sont pas loin.. »

Iris Bridier

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bvoltaire


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