De légitimes interrogations face à la propagande accompagnant les récentes frappes en Syrie

lundi 16 avril 2018
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De légitimes interrogations face à la propagande accompagnant les récentes frappes occidentales en Syrie



On peut très légitimement s’interroger sur la nécessité qu’il y aurait eu à frapper la Syrie comme cela vient d’être fait à l’initiative des gouvernements américains et français. Est-ce une action de nature à favoriser la paix ? Est-ce une action légitime alors que :

- il n’y a eu aucune enquête internationale sur place pour vérifier la réalité des allégations rapportées ;
- le droit international a été, une fois de plus, violé ;
- ces attaques sont intervenues dans la foulée de la visite officielle du prince saoudien en France et satisfont, comme par hasard, aux "alliés" saoudiens et quataris des Etats-Unis et de leurs vassaux anglais et français.
- l’indignation de ceux qui nous gouvernent est non seulement contestable dans la réalité des faits incriminés mais aussi à géométrie variable : on ne voit pas que les gouvernements américains, britannique et français se soient indignés de la guerre au Yémen et des atrocités perpétrées par l’Arabie saoudite, instigatrice de cette guerre.

En tout état de cause, ces initiatives belliqueuses, qui constituent toujours un risque sérieux d’escalade guerrière avec la Russie alliée de la Syrie, ne vont pas dans le sens de la paix, si souhaitée par les populations locales, musulmanes comme chrétiennes.

Guy Barrey

Les interrogations de Marc Fromager, directeur de l’Aide à l’Église en Détresse

« Le 13 avril, soit avant le bombardement de la Syrie, Marc Fromager, directeur de l’Aide à l’Église en Détresse (AED), répondait à L’Homme Nouveau :

Vous avez publié un texte hier suite aux récentes accusations contre le régime syrien, vous dénoncez le recours à des mensonges grotesques sur les armes chimiques. Comment être si sûr qu’il s’agit de mensonges ?

Je ne dis pas qu’il n’y a pas eu d’attaques chimiques, j’alerte simplement sur le fait que ces dernières années, l’argument de l’utilisation d’armes chimiques ou de destruction massive, que ce soit, en Irak ou en Syrie, a été tellement employé pour des situations qui se sont avérées être des mensonges grossiers, ou des situations pour lesquelles les preuves n’ont toujours pas été fournies, qu’une certaine suspicion a fini par apparaître.

Ensuite on ne voit pas très bien pourquoi le régime syrien aurait utilisé des armes chimiques précisément à ce moment, alors que la bataille de la Goutha était en passe d’être gagnée. L’enclave est libérée aujourd’hui, ça n’a pas de sens.
La question habituelle qu’il faut se poser est la suivante : à qui profite le crime ?

On s’aperçoit qu’à chaque fois que l’État syrien a retrouvé un peu de souveraineté sur son territoire, il y a eu systématiquement ce genre d’accusations. C’est surprenant. Maintenant, s’il est avéré qu’il y a eu utilisation d’armes chimiques, encore faudrait-il déterminer qui les a utilisés. Parce qu’on sait très bien que les rebelles ont dans le passé eu recours à des armes chimiques, dans le but de faire accuser l’État syrien.

Peut-être sommes-nous à nouveau dans ce genre de scénario.
Admettons même que ce soit l’État syrien, par l’armée syrienne, qui les ait utilisés, ce serait criminel, mais l’ensemble de cette guerre est criminel.

Une question demeure : Si on bombarde, pourquoi pas ?, mais que fait-on après ? Qu’est-ce que les bombardements de la Syrie changeraient ? Seraient-ils une aide pour la population ? Accéléreraient-ils la fin de la guerre ? Diminueraient-ils les souffrances des Syriens ? On ne voit pas exactement comment… »

Site source :

le salon beige

Syrie : l’un des sites bombardé avait été inspecté il y a 2 mois et il n’y avait pas de trace d’arme chimique

L’OIAC s’était rendue en février 2018 sur le site de Barzeh, bombardé le 14 avril. Et ses conclusions à l’époque démentaient toute trace de chimique

Informations intéressantes de Frédéric Pichon, spécialiste de la région à propos d’une inspection de l’OIAC (Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques, institution internationale qui veille à ce que la Convention internationale sur les armes chimiques soit bien appliquée) :

L’OIAC s’était rendue en février 2018 sur le site de Barzeh, bombardé le 14 avril. Et ses conclusions à l’époque démentaient toute trace de chimique.

https://www.opcw.org/fileadmin/OPCW/EC/88/en/ec88dg01_e_.pdf
15:37 - 15 avr. 2018

Si ces conclusions sont exactes, et sous réserve qu’en 2 mois, Damas n’ait pas relancé l’activité de production, le bombardement de Barzeh s’apparenterait à une véritable farce destinée à sauver la face des 3 membres du CSNU qui ont choisi de « frapper ».

15:44 - 15 avr. 2018

Source : Salon beige/ Frédéric Pichon