Deux vertus caritatives ont été perverties afin de justifier la dérégulation totale des flux migratoires : la solidarité et la charité

dimanche 14 février 2016
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Deux vertus caritatives ont été perverties afin de justifier la dérégulation totale des flux migratoires : la solidarité et la charité



Par Thomas Clavel
Professeur

« Depuis que l’Europe a commencé sa politique d’accueil dans la démesure et l’anarchie, deux vertus caritatives ont été perverties afin de justifier la dérégulation totale des flux migratoires : la solidarité et la charité.

Étendard de la bonne conscience, le concept de solidarité dissimule une vérité paradoxale. Consciemment ou non, ses plus farouches défenseurs promeuvent en réalité la lutte pour la vie la plus déréglée, le darwinisme le plus sauvage. Lorsque les associations sans-frontiéristes (financées comme les No Borders par des organisations étatiques) refusent de distinguer les migrants de guerre des clandestins économiques, elles contribuent à affaiblir les liens de solidarité traditionnels dans les pays d’origine comme dans les pays d’accueil.

En ouvrant grand nos portes à tous les demandeurs d’asile, presque exclusivement de jeunes hommes, le milieu associatif légitime l’abandon des vieillards, des femmes et des enfants dans les pays d’origine, livrés aux hordes et à l’anarchie politique, pour le plus grand bonheur des multinationales. Ainsi, lorsque Jacques Attali nous enseigne que les immigrés qui parviennent jusqu’à notre trop vieux continent sont les plus qualifiés et les plus vigoureux, il justifie la sélection naturelle la plus violente sous couvert d’humanisme progressiste et solidaire.

En Europe, l’accueil surnuméraire participe à la destruction des acquis sociaux en pérennisant une future main-d’oeuvre bon marché et sans protection, pain béni pour l’ultralibéralisme qui a fait de l’abolition des frontières son principal combat.

Par ailleurs, la solidarité transnationale contribue à la dérégulation judiciaire d’une Europe où le non-droit se fait norme, abandonnant les plus vulnérables (des femmes de Cologne aux autochtones de Calais) à de nouvelles formes de délinquance impunie, voire au risque de terrorisme.

En entérinant un climat de tension permanente, le milieu associatif ratifie la continuité de l’état d’urgence, collaborant à la mise sous tutelle de nos libertés. Le citoyen est pris entre les deux mâchoires d’une même tenaille : permissivité libertaire et flicage permanent.

Ainsi, en sapant les liens de solidarité historiques que sont la nation et la famille (en amont et en aval), cette fraternité factice participe à la création d’un homme nouveau, déraciné et interchangeable : le citoyen mondial dont rêve Jacques Attali.

Sous l’apparence d’une bienveillance prétendue s’articulent, en réalité, solidarité ultralibertaire et prédation ultralibérale. Charité mal ordonnée.

Dans le milieu associatif catholique, sous l’égide du pape des sans-papiers, nombre d’ecclésiastiques et de familles se sont livrés à l’acquiescement béat au nom de la plus haute vertu théologale. Cette charité à outrance, exprimée sans frein ni pudeur, révèle au mieux une naïveté fautive, au pire un orgueil délétère. Elle participe à la dérégulation des flux humains et à la convergence mondiale – pourtant contraire à la volonté séparatrice et distributrice de Dieu dans l’épisode de la tour de Babel.

« C’est charité que de crier au loup devant des brebis », professait saint François de Sales : le bon Samaritain ne saurait être le prochain de tout un continent en marche, mécaniquement producteur de violences. Il y a un seuil quantitatif qu’il est dangereux d’atteindre. Les catholiques allemands semblent l’avoir compris : le cardinal Reinhard Marx a admis, début février 2016, que l’Europe ne pouvait accueillir « tous les nécessiteux du monde », musulmans pour la plupart.

Ainsi, au lieu de s’acheter une place au paradis et une bonne conscience ici-bas, les catholiques devraient commencer par rendre à César ce qui lui appartient, en séparant politique et charité. Car, comme toute vertu mal ordonnée, celle-ci peut se transmuer en péché mortel lorsqu’elle fait courir un risque moral et corporel à la communauté : celui de perdre son identité, son équilibre, son nombre ».

Thomas Clavel

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boulevard Voltaire