Père Boulad : il y a des limites au devoir d’hospitalité

vendredi 7 avril 2017
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Père Boulad : il y a des limites au devoir d’hospitalité



« Propos recueillis en mars 2017 par Nóra Pozsgai, journaliste à la Radio Catholique Hongroise :

Avez-vous un projet d’action concret dans le combat pour changer l’Europe que vous comptez mener ensemble avec la Hongrie ?

Je ne crois pas que je sois appelé à un combat politique, ce n’est pas mon rôle en tant que prêtre et religieux. Mais en même temps je suis de très près la politique et les actualités, je me rends compte que ce que fait en ce moment la Hongrie, notamment l’accord avec le groupe de Visegrad « V4 » (Hongrie, Slovaquie, Pologne, République tchèque), représente un chemin pour que l’Europe se reconstitue autrement que par le passé pour sauver les identités, respecter les frontières, les cultures, les langues, et ne pas se laisser avaler par la mondialisation. Il était temps.
Mon projet, c’est d’encourager cette prise de distance vis-à-vis de cette mondialisation qui ne profite qu’aux milliardaires et aux banquiers. Ma position est de parler un langage vrai, d’encourager tous ceux qui ont le courage de s’exprimer et de résister à l’islamisation de l’Europe.

L’Europe est une culture, une civilisation enracinée dans le judéo-christianisme, dans des valeurs humaines et humanitaires qu’il faut absolument défendre, sinon, où va le monde ! L’Europe a été à la pointe de la civilisation, non seulement sur le plan technique et scientifique, mais aussi sur le plan humain, humaniste et spirituel. Et en tout cela le christianisme est le moteur, même s’il est en perte de vitesse et en crise. L’évangile et la foi chrétienne ont quelque chose d’essentiel à dire, il faut revivifier le christianisme, d’une autre manière qu’autrefois. En cela je dirais que mon rôle est de soutenir toutes ces valeurs spirituelles et humaines dont l’Europe est porteuse.

Le traitement de la crise migratoire par la Hongrie n’est-il pas en contradiction avec l’évangile qui dit qu’il faut accueillir l’étranger ?

Nous avons le devoir d’accueillir l’étranger et de lui donner le maximum de possibilités pour s’intégrer, pour qu’il construise le pays en même temps que lui-même. Mais je pense qu’il y a un seuil de tolérance à l’accueil. On ne peut pas accueillir tout le monde, toute la misère du monde, quand ceci menace votre équilibre intérieur, celui de votre patrie, de votre famille, de votre milieu, de votre culture, de votre héritage, et de vos valeurs. Mon point de vue est qu’il y a des limites au devoir d’hospitalité. Par exemple, si une embarcation qui peut prendre vingt personnes en prend deux cents, tous les deux cents vont couler. J’ai donc le devoir de limiter. Je peux peut-être en prendre dix ou quinze, mais à partir d’un moment, je dois dire stop. Ce n’est pas de l’inhumanité, c’est simplement du bon sens. Surtout s’ils ne veulent pas s’intégrer à l’Europe. Je trouve que Victor Orban est très courageux par sa position très ferme pour sauver l’héritage de son pays et de l’Europe face à cette immigration folle vers l’Europe, position qu’il tient malgré toutes les critiques et la campagne médiatique contre lui. Je salue son courage et sa sincérité.

Le vrai Islam n’est-il pas modéré ?

L’Islam est par définition politique et radical, il s’est défini comme cela depuis 14 siècles. Tous ceux qui ont voulu moderniser et réformer l’Islam se sont heurtés à un mur, un refus, et à des persécutions. Comme Mahmoud Mohamed Taha, un grand chef soudanais qui a voulu justement réformer l’Islam en mettant en avant les versets mecquois, qui sont tolérants et ouverts, contrairement aux versets médinois qui ont été privilégiés par les penseurs de l’Islam au Xe siècle en vertu du principe de l’« abrogation ». Ce chef musulman s’est fait pendre sur la grande place de Khartoum en juillet 1985 pour avoir voulu réformer l’Islam. Donc pour moi l’islamisme, qu’on appelle l’Islam extrémiste, radicale, ou politique, c’est l’Islam dans sa pureté, l’Islam à découvert. J’ai écrit sur ce sujet deux pages très claires, disponibles en plusieurs langues. L’islamisme, c’est l’Islam. Alors, qu’on ne me parle pas d’un Islam modéré qui n’existe que dans l’esprit des intellectuels occidentaux, dans le « wishful thinking » des musulmans modérés qui ne sont pas du tout dans la ligne de l’Islam prôné par l’université al-Azhar au Caire, qui jusqu’à aujourd’hui forme des dizaines de milliers de prédicateurs à travers le monde dans la ligne la plus stricte, la plus rigoureuse, la plus radicale, et la plus intolérante de l’Islam, et ce malgré les appels répétés du président égyptien Sissi pour leur demander de changer leur discours. En d’autres termes, imaginer que l’Islam modéré va l’emporter, c’est une illusion. Le problème n’est pas dans les interprétations de l’Islam - Islam modéré, Islam soufiste - mais le problème est dans l’Islam lui-même, c’est-à-dire dans les textes fondateurs eux-mêmes. Toute interprétation, surtout de la part des occidentaux, c’est du « wishful thinking » : on souhaite quelque chose, mais la réalité est autre. Par ailleurs, il y a dans l’Islam un principe qui s’appelle la « taqiya » en vertu duquel la tromperie est justifiée dans le but de faire avancer l’Islam : quand on ne peut pas avoir raison de l’adversaire parce que on est en position d’infériorité, il faut entrer dans le mensonge et la duplicité. C’est ce qui se passe actuellement : on croit leurs discours tenus en français, mais ils disent exactement le contraire en arabe une heure plus tard à la mosquée. Il existe des enregistrements qui prouvent cela.

L’Occident et l’Eglise sont donc dans l’illusion par rapport à leur vision de l’Islam capable de se réformer.

Que pensez-vous du dialogue avec l’Islam ?

Il faut que l’Europe s’accroche à son identité, que l’Eglise aussi s’accroche à son identité. Pas de compromis, pas de mensonge, pas d’hypocrisie. Soyons ce que nous sommes. Je demande un dialogue franc, ouvert, confronté à l’histoire et à la réalité des faits. On ne peut pas échapper à la vérité. Quand je vous donne des arguments et que votre seule réponse est de m’égorger, c’est que nous ne sommes plus sur le même terrain. Actuellement, c’est la réponse de l’Islam. La semaine dernière, à Alexandrie un musulman converti au christianisme est venu me trouver en me disant : je me suis converti il y a 15 ans, j’ai récemment épousé une musulmane, son père veut me tuer ou me dénoncer à la police. La police va me jeter en prison, me torturer jusqu’à ce que je dise que je suis redevenu musulman. Alors si la seule réponse est la menace et la violence, mettons les choses sur la table, ne continuons pas ce dialogue dans le mensonge !

L’Eglise actuellement refuse la confrontation sous prétexte de paix, mais c’est une fausse paix ! Le psaume 85 dit « amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent ». L’amour sans la vérité ? Non. La vérité sans l’amour ? Non. La justice sans la paix, ou la paix sans la justice ? Non. Il faut un dialogue dans la vérité, pas seulement en se tapant sur l’épaule, en se disant que nous sommes amis, en buvant un bon café ensemble, cela n’aboutit à rien ! Les promoteurs du dialogue ne veulent pas écouter ceux qui ont quatorze siècles d’expérience avec l’Islam. Ma famille a émigré de Damas en 1860 suite au massacre de 20.000 chrétiens. Cela, l’Europe ne veut pas le comprendre, bien qu’ils aient aussi connu cela dans leur histoire, mais ils ne veulent pas lire leur histoire. Sauf les Hongrois qui sont les seuls à avoir un peu compris, car ils ont connu 150 ans d’oppression ottomane il y a relativement peu de temps. Pour les autres, c’est plus lointain, ça fait plus de 1000 ans.

Avez-vous un message d’espérance dans ce contexte de crise profonde ?

Je crois à la force de l’Esprit. Je crois à la force de la Vérité. Je crois que le bien est plus fort que le mal parce que je crois à la rédemption. Parce que je crois que le Christ a triomphé du monde. Il a dit : « j’ai vaincu le monde ». Il l’a vaincu. Actuellement, je perçois quelques signes d’espérance. Pour moi, Donald Trump, qui est un fou, est beaucoup moins dangereux que l’autre candidate qui devait prendre sa place. C’est un signe qu’il y a un basculement qui est en train de se faire. L’effritement de l’Europe est à la fois une mauvaise nouvelle et une excellente nouvelle. Parce que les Européens sont en train de réaliser qu’ils sont trompés, qu’ils ont été trompés. Il était temps de comprendre, de se réveiller ! C’est pour cela que la droite est en train de gagner un peu partout, parce que la droite s’accroche aux valeurs, aux traditions, aux identités, alors que la gauche est en train de dissoudre tout ça dans une idéologie mortifère.

Espérance, bien sûr ! Je suis plein d’espérance. Je suis certain du triomphe. Mais il faut relire l’Apocalypse, il faut voir que ce triomphe n’est pas acquis comme cela, d’un seul coup. C’est à travers des bouleversements terribles et une espèce de défaite apparente, que sera acquise la victoire finale. C’est un suspens continuel, l’histoire n’est pas jouée d’avance. Le mal est à l’œuvre. L’ivraie pousse avec le bon grain, jusqu’à la moisson. Nous sommes appelés à une vigilance continuelle, à un combat acharné contre les puissances du mal et des ténèbres, et contre le péché qui nous habite, qui habite cette société.

Il ne faut pas attendre en se disant : j’ai de l’espérance, je suis optimiste, parce que je suis croyant. Non, la foi nous appelle à un engagement, à un combat. C’est pourquoi cela que moi, j’ai dit à Victor Orban que je suis à sa disposition s’il a besoin de moi, car je me sens interpellé par cette crise de l’Europe.

Pour moi l’Europe est essentielle. Actuellement il n’y a que peu de pays qui s’accrochent aux valeurs européennes comme le font les pays du groupe de Visegrad dont fait partie la Hongrie.

A mon avis, tout commence par un « Non » jeté à la face de la fatalité. Il n’y a pas de fatalité. Je ne crois pas à la fatalité. Je crois qu’un seul homme peut changer la face de la terre, et que cet homme, c’est vous, c’est moi. Comment ? par un engagement spirituel d’abord, ensuite par un engagement sociétal et politique. Les deux ensemble, inséparablement. L’aspect spirituel ne nous exempte pas de l’engagement social et politique. Et puis, parler, parler, parler ! On a actuellement un instrument extraordinaire qui s’appelle internet, avec un clic on peut atteindre 30.000, 50.000 personnes. Il y a bien des gens qui le font. Je pense à un homme comme Julian Assange qui a créé WikiLeaks. Un individu avec son Wikileaks et sa technologie de l’informatique est en train de faire trembler Trump, et l’Europe, et tout le monde, parce qu’il a toute une documentation avec laquelle il peut faire tomber des chefs d’état. Un homme ! Cet homme, c’est David contre Goliath, c’est Gandhi contre l’empire britannique, c’est Nelson Mandela contre l’apartheid, c’est mère Theresa. Moi je crois qu’un seul homme peut faire basculer la planète toute entière. Il suffit qu’il soit convaincu et qu’il soit possédé par l’Esprit, l’Esprit de Dieu.

On manque de prophètes aujourd’hui, on manque de prophètes ! Et un prophète, c’est par définition un fou, quelqu’un qui est en marge, un marginal. Un type contre la société, contre tout le monde. C’est la violence selon l’évangile, non pas dans le sens physique ou militaire, mais une violence spirituelle. Actuellement, on nous empêche de parler au nom du politiquement correct, la gauche libérale par le spectre de l’islamophobie vise à « vous la boucler ». Moi je suis un homme qui ne peut pas me taire, et personne ne me fera taire. Si, comme Jean-Baptiste, on me coupe la tête, cela signifiera que ce je disais était vrai ! »

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