Benoît XVI reprend la parole. Et demande à l’Église de s’exprimer avec « le cœur et l’esprit »

samedi 7 août 2021
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Benoît XVI reprend la parole. Et demande à l’Église de s’exprimer avec « le cœur et l’esprit »



« Entretien par Herder Korrespondenz du pape émérite Benoît XVI, qui souligne à nouveau la nécessité pour l’Église de se dé-mondaniser, bien qu’il revienne sur la manière dont il a utilisé ce terme.
Andrea Gagliarducci
ACI Stampa
26 juillet 2021
Traduction de “Benoît et moi”

C’est une Église qui doit parler « avec le cœur et l’Esprit » et qui doit « se démondaniser », car « tant que les fonctions parleront dans les textes officiels de l’Église, mais pas le cœur et l’Esprit, le monde continuera à s’éloigner de la foi ». Benoît XVI reprend la parole, et il le fait en répondant par écrit à une série de questions envoyées par le magazine Herder Korrespondenz.

En arrière-plan, le parcours synodal de l’Église en Allemagne, avec ses propositions qui ont créé non seulement un débat, mais aussi une invitation du pape François à « rester unis à l’Église ». Mais on retrouve également en arrière-plan les différents problèmes que Benoît XVI avait abordés lorsqu’il était Pape, et qui sont apparus avec force lors de son dernier voyage en Allemagne en 2011 : la nécessaire démondanisation de l’Église, la nécessité de ne pas laisser parler les structures, mais de laisser parler la foi d’abord, la question de l’identité chrétienne qui se perd à cause d’un esprit pragmatique qui pense devoir s’adapter au monde ».

Dans les mots livrés au Herder Korrespondenz, dans un article où il reparcourt avec la mémoire l’époque où il était aumônier dans une paroisse de Munich, le Pape émérite souligne que l’on attend « un témoignage de foi vrai et personnel de la part des opérateurs de l’Eglise ». Il critique le fait que « dans les institutions de l’Église – hôpitaux, écoles, Caritas – de nombreuses personnes sont impliquées dans des positions décisives, qui ne soutiennent pas la mission de l’Église et obscurcissent ainsi souvent le témoignage de cette institution » ; il note que « les textes officiels de l’Église en Allemagne sont en grande partie écrits par des personnes « pour qui la foi est seulement officielle ».

Dans son discours aux catholiques engagés dans la société prononcé à Fribourg le 25 septembre 2011, Benoît XVI avait souligné que l’Église » pour remplir sa mission, devra aussi prendre continuellement ses distances avec son environnement, elle devra, pour ainsi dire, se détacher du monde ». Et il a rappelé que « les sécularisations, en réalité – qu’il s’agisse de l’expropriation des biens de l’Église ou de l’annulation des privilèges ou d’autres choses semblables – ont signifié chaque fois une profonde libération de l’Église des formes de mondanité : elle se dépouille, pour ainsi dire, de ses richesses terrestres et revient embrasser pleinement sa pauvreté terrestre ».

Le mot clé de ce discours est le concept d’ Entweltlichung. Benoît XVI a souligné que le choix du mot « qui dérive du vocabulaire développé par Heidegger » n’était peut-être pas tout à fait approprié, car – a-t-il expliqué – « le mot dé-mondanisation indique la partie négative du mouvement qui m’intéresse, c’est-à-dire sortir du discours et des contraintes pratiques d’autrefois [pour entrer] dans la liberté de foi » [il faudrait avoir la version originale en allemand, ndt] alors qu’il n’exprime pas suffisamment la partie positive de ce mouvement ».

Le pape émérite a également rappelé que l’Église ne sépare pas le bon grain de l’ivraie, ni le bon poisson du mauvais, et que, par conséquent, « il ne s’agit pas de séparer le bien du mal, mais plutôt de séparer les croyants et les non-croyants ».
Là encore, Benoît XVI note que « la doctrine doit se développer à l’intérieur et à l’extérieur de la foi, et non pas se tenir à côté d’elle ». »

Site source :

Benoît et moi