Catholiques, engageons-nous sans complexe
« L’abbé Pierre-Hervé Grosjean, prêtre du diocèse de Versailles, vient de publier aux éditions Artège un plaidoyer pour l’engagement des catholiques. A partir de l’Evangile selon saint Jean (chapitre 17)
"Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi, je n’appartiens pas au monde. [...] De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde."
L’abbé Grosjean rappelle que si le chrétien n’est pas du monde, il est bien dans le monde et qu’il a donc une mission à y mener, à contre-courant.
Il dénonce ainsi deux tentations : soit celle de la dilution dans le monde, avec la perte du message évangélique et les moult compromissions avec l’esprit du monde, et, au contraire, la tentation du repli sur soi, hors du monde en quelque sorte, dans un refus de s’engager au milieu des "tous pourris". L’abbé Grosjean incite ainsi les catholiques à s’engager sans complexes dans la vie publique, en politique, dans l’entreprise, l’enseignement, les médias, la culture...
Il est un autre écueil qu’il regrette, c’est celle de la division partisane des catholiques dans le combat pour le bien commun :
""Quels que soient les choix des uns et des autres, que les catholiques cessent de se diviser et passent moins de temps à s’invectiver mutuellement ! Dans la recherche de solutions aux défis économiques et politiques que notre pays affronte, il faut accepter qu’il y ait un certain pluralisme. Sur beaucoup de sujets, l’Eglise ne donne que des éléments de discernement, des points d’attention assez généraux. Pour le reste, elle fait confiance à l’intelligence de chacun pour juger et discerner. Elle ne condamnera aucun parti, mais seulement des idées ou des lois soutenus par tel ou tel parti. Elle ne donnera pas de consignes de vote pour ou contre un candidat, mais proposera des critères de discernement à partir desquels chacun pourra évaluer les programmes."
Par ailleurs, il rappelle l’autonomie du laïcat catholique en politique :
"Il faut que les laïcs gardent leur liberté d’initiative, sans tout attendre des évêques ou de leurs curés. Inventez, entreprenez, créez ! Je me réjouis de voir ce qui surgit dans l’Eglise en ce moment, toutes ces initiatives qui viennent parfois bousculer nos vieilles structures, nos habitudes et nos étiquettes. Forcément ça fait un peu râler, ça inquiète, "ça interpelle" comme on dit dans notre jargon. Mais tant mieux ! Nos évêques seront là ensuite pour discerner et accompagner, en jugeant l’arbre à ses fruits."
Et il reconnaît que les clercs, eux aussi, ne sont pas toujours à la hauteur :
"Nous avons trop souvent péché par excès de prudence ou par peur de cliver. Nous ne nous sommes pas toujours engagés à vos côtés dans les grandes batailles autant qu’il aurait fallu. Il est vrai que notre mission est aussi de faire la communion entre tous, d’où notre crainte de parfois diviser en prenant clairement position... Mais le Christ lui-même a été un signe de contradiction. Sa prédication a divisé, parfois très fortement. Il n’était pas un adepte du consensus-mou... et cela lui a valu de finir sur une croix." »
Source :
Michel Janva