Vendre ou faire démolir des églises, c’est insulter l’avenir, c’est mépriser nos anciens qui ont consenti bien des sacrifices pour les construire
Que certains responsables catholiques décident de vendre ou de faire démolir des églises, que des maires aujourd’hui en France refusent d’entretenir leur patrimoine religieux catholique puis fassent détruire ces mêmes églises, est un scandale et une honte. C’est mépriser nos anciens qui ont consenti souvent bien des sacrifices pour les construire, c’est mépriser tout un pan de notre histoire et des histoires locales, c’est insulter les morts qui les ont bâtis, l’immense majorité des populations locales qui y ont fait leur communion, y ont prié, y sont passés lors de leurs obsèques. Ces édifices consacrés doivent être préservés et entretenus. Ils sont notre mémoire, notre fierté et aussi notre Espérance.
C’est en effet, surtout de la part des responsables catholiques qui consentent à de telles décisions, insulter l’avenir, n’avoir aucune Espérance solide, cette vertu théologale si essentielle, la "petite soeur Espérance" qu’évoquait Charles Péguy : car qui peut affirmer que les générations à venir ne retrouveront pas la foi chrétienne ? Qui peut dire si la foi chrétienne ne va pas à l’avenir resurgir avec vigueur sur cette terre de France ? C’est pourquoi nos responsables, religieux et civils, n’ont moralement pas le droit de prendre des décisions définitives portant sur la destruction ou la vente d’églises.
En tant que lorrain, je suis indigné par la décision prise par le diocèse de Nancy de vendre une de ses églises, Saint-Jules, dans la commune de Longwy, même si l’on peut comprendre les motivations économiques qui ont présidé à cette décision dommageable. Mais aujourd’hui l’urgence n’est-elle pas plutôt de chercher à réévangéliser ? de réévangéliser Longwy et ses alentours ? Aujourd’hui, c’est de bons et saints prêtres que la Lorraine et la France ont besoin.
Guy Barrey
Article rédigé par Constance Prazel, le 10 septembre 2018
« Fait cruel amené à se multiplier toujours plus dans notre belle France, tant il est vrai que le renouveau de certaines paroisses dynamiques ne doit pas masquer la déchristianisation dure qui attend le pays profond : le diocèse de Nancy se retrouve à vendre une de ses églises, Saint-Jules, dans la commune de Longwy.
Nous connaissons bien les motifs allégués : trop peu d’argent, trop peu de fidèles.
Voyons comment l’ex-vicaire général du diocèse, le père Robert Marchal, voit les choses : « On aurait fait des chapelles bien moins chères et bien moins belles, aujourd’hui on pourrait soit les supprimer, soit les entretenir. On paye le passé ».
On pourrait s’étrangler à lire pareil propos.
On paye le passé ? Mais avec des considérations comme celles-ci, c’est surtout l’avenir que nous allons payer. Et très cher. Un avenir privé d’une foi qui irriguait en profondeur nos territoires, où le "blanc manteau d’églises" cher à Raoul Glaber aura cédé la place à une cohorte de "lofts à aménager", comme le suggère l’annonce immobilière du diocèse.
Cette déclaration trouve la disparition dramatique des références de la culture classique dans les mentalités : on a voulu oublier que le beau est l’expression du bien et du vrai.
"Des églises bien trop chères, et bien trop belles." Construisez des hangars, ça coûte moins cher, et c’est plus facile à détruire vu que ça ne vaut rien. Quand la culture du démontable et du biodégradable atteint l’Eglise bi-millénaire... Pas de traces. Ne vous inquiétez pas, M. le vicaire général, avec cette logique, nous ne devrions pas tarder à disparaître du paysage. Nous imaginons qu’il faut vendre Notre-Dame-de-Paris, beaucoup trop cher et beaucoup trop beau ? Ne parlons même pas de Saint-Pierre-de-Rome.
Le problème, c’est que si d’autres avant lui n’avaient pas cherché la beauté des édifices religieux, ad majorem Dei gloriam, faut-il le rappeler, les parents de M. l’ex-vicaire général ne lui auraient peut-être jamais transmis la foi, il n’aurait peut-être lui-même jamais été prêtre, tant il est vrai que le beau touche les coeurs et mène à Dieu.
Mais cette église n’attire plus personne, nous dit-on, c’est pour cela qu’on la vend. Mais si les murs sont "trop beaux", la fréquentation de l’église n’a-t-elle pas souffert d’une liturgie, d’un quotidien qui, lui, ne l’était pas assez ?
La complaisance d’une certaine Eglise contemporaine - non pas pour le dépouillement, qui est une vertu évangélique, ne confondons pas tout et allons demander aux architectes des monastères cisterciens ce qu’ils en pensent - mais pour une certaine forme de laideur (dans les bâtiments, dans le mobilier liturgique, dans les décorations éphémères des enfants du caté, pour ne pas parler des chants) s’accompagne bien souvent par une chute d’attractivité qui n’est pas entièrement due au hasard.
Rappelons-nous que toutes les grandes périodes de renouveau de la foi ont été accompagnées d’une confiance renouvelée dans la beauté des formes, et d’un ardent désir de construire pour durer. Nous sommes des êtres incarnés, ne sous-estimons pas l’importance des choses sensibles dans le chemin qui nous mène à Dieu ! »
Constance Prazel
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