Notre-Dame : les racines chrétiennes de la France se rappellent à nous

mardi 16 avril 2019
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Notre-Dame : les racines chrétiennes de la France se rappellent à nous



« Elle n’est pas la plus ancienne, la plus grande, la plus belle, non plus. Mais elle est Notre-Dame. En France, quand on dit Notre-Dame, c’est à celle de Paris que l’on pense. Sinon, il faut préciser. Elle a été épargnée par les révolutions, les guerres. Et en quelques minutes, des siècles de patience, de labeur, de génie, de dévotion ont été dévorés par les flammes… Négligence, méchanceté, bêtise ? On n’en sait rien, à cette heure, mais c’est une banalité de dire que ce drame nous ramène, évidemment, à la précarité de notre condition humaine. Humbles comme puissants de ce monde. La preuve : le Président, qui était au cœur de toute l’actualité, s’efface devant la grande dame.

Mais aussi, ce drame, tout d’un coup, nous ramène à nos racines. À nos racines chrétiennes. Aux racines chrétiennes de la France. On aura beau déverser des tonnes de discours à propos de notre République laïque, comme on déverse des tonnes de béton autour d’un arbre, si l’arbre est puissant, les racines vont pousser, se frayer un chemin, fissurer le béton. Paradoxalement, cet incendie, qui a réduit en poussière la forêt multiséculaire de la charpente, rappelle de façon éclatante les racines chrétiennes de la nation française. La République, bout à bout, c’est à peine cent cinquante-sept années : même pas deux vies humaines. Notre-Dame, elle, est âgée de 850 ans : plus de trente générations.

D’ailleurs, vous l’aurez peut-être constaté, contrairement aux discours habituels que l’on entend en boucle lors du moindre drame, ces sortes de sermons laïques à trous, le mot « république » n’est heureusement pas employé. Ce serait incongru. C’est en ces moments-là que l’on voit que la République, au fond, n’est que le syndic de la France, rien de plus. Surtout pas une religion ! Un mot, en revanche, revient : « âme ». Âme de Paris, âme de la France. Anne Hidalgo : « Notre-Dame est un lieu où l’âme de Paris résonne. » Stéphane Bern : « C’est notre âme, c’est notre histoire qui brûle. » Valérie Pécresse : « Notre-Dame de Paris, c’est l’âme de la France. »

L’archevêque de Paris, Mgr Aupetit, leur répond : « On a détruit Notre-Dame, mais on n’a pas détruit l’âme de la France, ça j’en suis sûr. »

Parfois, y compris dans ces colonnes, on désespère de la France. L’incendie de Notre-Dame va peut-être rappeler aux Français que la France a une âme. Une âme, c’est quand même autre chose que des valeurs. Par exemple, ces fameuses « valeurs de la République ». Ça ne s’enferme pas dans un coffre-fort, ça n’obéit pas à des technocrates, une âme. C’est vivant, une âme. Immortelle, dit-on.

« À celle qui est infiniment noble. /Parce qu’aussi elle est infiniment courtoise /… À celle qui est infiniment grande. /Parce qu’aussi elle est infiniment petite. /Infiniment humble…/À Celle qui est infiniment joyeuse. /Parce qu’aussi elle est infiniment douloureuse. »

Charles Péguy, in Le Porche du mystère de la deuxième vertu »

Georges Michel

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