La Croix du Christ et non l’assimilation-dissolution au monde

lundi 25 novembre 2019
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Nous écouterons nos évêques sur les sujets mondains quand ils nous auront prêché la Croix et non l’assimilation-dissolution au monde




« Dans le numéro n°1699 du 23 novembre 2019 de L’Homme Nouveau, Philippe Maxence revient sur l’assemblée plénière de la Conférence des évêques de France, et notamment sur le très long discours de Mgr de Moulins-Beaufort :

[…] il y a longtemps que nous sommes habitués aux propos lénifiants des responsables de la Conférence des évêques de France, quels qu’ils soient. L’archevêque de Reims a donc beau jeu de discourir sur le fait que le rôle des évêques n’est pas « de préserver des structures » et d’assimiler à celles-ci l’Église elle- même… Il a beau jeu encore de se réjouir de la synodalité en œuvre et d’inviter « à édifier l’Église comme unité dans la diversité » alors même que des pans entiers de celle-ci sont laissés aux marges. Et il a toujours beau jeu de nous appeler à « la conversion écologique » et de dénoncer les conditions de vie dans les pays industrialisés. Malheureusement, une fois encore, une fois de plus, ce type de discours, qui peut contenir des choses justes en elles-mêmes, se tait sur ce qui relève de la mission des évêques. Peu de mots auraient pourtant suffi pour dire l’essentiel : « convertissez-vous, reconnaissez vos péchés et faites pénitence ». De péchés, il n’en est quasiment pas question, sauf du « péché écologique ». De conversion, un peu plus, bien que nous ne sachions pas à quoi exactement, si ce n’est, encore une fois, à l’écologie. Quant à la pénitence, elle brille par sa dramatique absence.

Disons-le tout net : nous écouterons nos évêques sur les sujets mondains quand ils nous auront prêché la Croix et non l’assimilation-dissolution au monde. Non pas que nous contestions qu’ils interviennent dans les questions sociales et politiques, mais à condition qu’ils le fassent en vue du Salut et de l’extension du règne, y compris social, du Christ.

Sur la question de l’immigration, l’exemple, sur ce plan, est flagrant, au point que l’on se demande s’il s’agit encore de naïveté ou d’aveuglement politique. Évoquant la question du voile islamique, qui a connu ces derniers temps de nouveaux rebon- dissements, le président de la CEF se contente de s’interroger sur ce qu’en pensent les femmes musulmanes. Sous prétexte de réalisme, il prend acte comme d’une donnée irréversible de l’afflux constant de « migrants » et déclare tranquillement : « les bouleversements de nos sociétés seront grands, nous pouvons choisir de les rendre positifs ». Heureux optimisme scandant une marche en avant qui s’auto-convainc elle-même que demain les choses iront mieux. Si le président des évêques de France salue la générosité de ceux qui aident les « migrants », pas un mot, en revanche, n’est adressé à ceux de nos concitoyens qui souffrent directement des conséquences de l’immigration. À la CEF, qui aime tant faire appel à des « experts », a-t-on lu par exemple les travaux du géographe Christophe Guilluy sur la France périphérique ? Et sur l’islam, pourquoi n’a-t-on toujours pas fait appel aux travaux d’islamologues comme Marie-Thérèse et Dominique Urvoy ou à ceux d’Annie Laurent ? Il y a des oublis qui sont, hélas, coupables.

Que l’on ne s’y trompe pas, cependant ! Nous ne faisons pas de l’opposition aux évêques une vertu, ni même un sceau de catholicité. Nous exprimons une souffrance, laquelle dure, pour les plus anciens d’entre nous, depuis plus de cinquante ans. À nos évêques, qui sont, contrairement à nous, les piliers de l’Église, nous osons ne demander qu’une chose : qu’ils soient les successeurs des Apôtres, mais qu’ils le soient pleinement. Pas à la mesure du monde, mais à celle de la Croix. »

Philippe Maxence

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