Nous courrons vers une rupture anthropologique majeure, un défi civilisationnel qui ne concerne pas seulement la vie quotidienne des gens mais l’avenir de l’humanité

samedi 8 août 2020
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Nous courrons vers une rupture anthropologique majeure, un défi civilisationnel qui ne concerne pas seulement la vie quotidienne des gens mais l’avenir de l’humanité



« Nous courrons vers une rupture anthropologique majeure, un défi civilisationnel qui ne concerne pas seulement la vie quotidienne des gens mais l’avenir de l’humanité.

Évêque de Bayonne, Mgr Marc Aillet est interrogé dans Valeurs Actuelles. Extraits :

L’Église s’est toujours opposée à la PMA bien avant que le gouvernement veuille l’ouvrir aux couples lesbiens. Quand on parle d’avancées et de progrès, on ne dit pas que le taux de réussite de la PMA est extrêmement faible. La réussite ne dépasse pas 14%. Non seulement, c’est un parcours du combattant pour les couples qui recourent à la PMA, mais en fin de parcours ce sont aussi des destructions d’embryons. Toute PMA induit une destruction et le tri d’embryons. A la conclusion de toute opération, il y a des « réductions embryonnaires », autrement dit des avortements. C’est scandaleux. Scientifiquement, l’être prend vie dès la première cellule fécondée. Il n’y a pas de seuil entre la fécondation et la mort qui puisse indiquer le commencement d’une vie humaine. Aussi, la PMA qui sera ouverte aux couples lesbiens sera remboursé à 100% par la sécurité sociale sans qu’il y ait une cause d’infertilité médicalement diagnostiquée. Alors que certaines maladies ne sont pas, peu ou plus remboursées, les traitements de la maladie d’Alzheimer par exemple. Les Français doivent savoir que le budget de la sécurité sociale pour lequel ils cotisent pourra être utilisé dans le cadre de la PMA pour toutes. Les Français cotiseront pour une opération qui fabriquera des enfants intentionnellement et légalement privés de père. Les autres sujets ne sont pas à omettre. Par l’ouverture sur la recherche sur les embryons transgéniques et chimériques, la frontière entre l’homme et l’animal est abolie. Mais il ne faut pas aussi oublier la généralisation du diagnostic pré-implantatoire des aneuploïdies (DPI-A) pour traquer les embryons porteurs d’anomalies chromosomiques. C’est ni plus ni moins un eugénisme d’État qui est mis en place. De plus, la manipulation des embryons va être a nouveau libéralisée. L’embryon devient une souris de laboratoire.

Comment analysez-vous le mobilisation contre ce projet de la loi ? Est-ce peine perdue ? En tant qu’homme d’Église, n’êtes-vous pas tout simplement relégué à la prière et au jeûne ?

L’Église de France s’est assez bien mobilisée. Pourtant, je pense que l’on aurait dû avoir une voix unie pour avoir une voix forte. Cela était prévu mais on a beaucoup tardé à le faire parce que les sujets qui préoccupaient les Français étaient très éloignés de la loi bioéthique : réforme des retraites, Covid-19, confinement, réouverture des lieux de cultes, etc. Mais, les évêques de manière personnelle et par les réseaux sociaux ont été fermes. Il est important d’avoir un message pour réveiller les consciences. Même si nous avons perdu une bataille, la guerre est toujours à gagner. Je ne crois plus au dialogue courtois avec les parlementaires, les scientifiques ou le gouvernement comme nous avons pu le croire avant. De fait, le dialogue n’est pas à double-sens. En face, les personnes ne s’intéressent absolument pas aux arguments de raison que nous avançons. L’idée en faveur de la vie depuis la conception naturelle est imparable. Les gens avec qui nous discutons ont des oreilles mais n’entendent ou alors ne veulent pas entendre. Ce n’est donc plus l’heure du dialogue. Il faut avoir une parole d’autorité, une parole ferme qui parle à la conscience des hommes et des femmes de bonne volonté. Ce n’est pas cela qui fera basculer les parlementaires même si les citoyens convaincus vont essayer de joindre les parlementaires de notre diocèse pour les mettre en face leur responsabilité. Nous courrons vers une rupture anthropologique majeure, un défi civilisationnel qui ne concerne pas seulement la vie quotidienne des gens mais l’avenir de l’humanité. Ceci dit, je crois beaucoup à la prière et au jeûne. Je pense que la conversion de tous est nécessaire parce que la destruction de l’humanité accoure et qui à la fin se retournera contre tous. Je finis par dire comme le prophète Jonas, seul prophète que Dieu envoie vers des païens : encore 40 jours et Ninive sera détruite. C’est un symbole mais cela veut dire que le mission de l’Église est prophétique. Il ne faut pas avoir peur de ne pas être audible car ce n’est pas un problème. Le danger serait de parler selon les critères de l’audimat. Si cette parole est celle de la Vérité, elle touchera les coeurs de ceux qui sont prêts à l’entendre.

[…]
La législation de la gestation pour autrui (GPA) est certaine. Nous courrons tout droit vers la manipulation de l’être humain et plus seulement celle de l’embryon. Jour après jour, la société s’engouffre dans la dictature. On l’a bien vu dans le traitement préventif du fameux coronavirus. Il y a une manipulation des esprits grâce à une gestion par la peur. Même si je ne minimise pas les effets de cette épidémie, je me dis que les 30 000 morts en six mois ne méritaient pas autant de privations de libertés individuelles. On est en droit de se poser des questions. Pour l’Église, le premier principe n’est pas la santé des corps mais le salut des âmes. Cela nous appelle encore plus à l’annonce de l’Évangile, à la conversion et à se souvenir que notre fin dernière n’est pas sur Terre mais dans les cieux. Le pire à craindre demeure la perte totale des repères, que l’on soit dans un tel individualisme que toutes les relations humaines soient faussées et que le mépris pour les plus vulnérables et pour ceux qui n’entrent pas dans le meilleur des mondes se propage dans toute la société. »

Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron

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Riposte catholique