Le Christ-Roi, notre seul et véritable salut
En ce temps de confinement-confiscation d’une grande part de nos libertés, en ce temps où le pouvoir politique en place en France voudrait nous réduire à n’être que des consommateurs, en nous refusant tout accès à ce qui touche à l’esprit, en maintenant fermées les librairies, et surtout en mettant en cause le droit de participer à la sainte Messe catholique, relevons la tête et mettons-nous à genoux devant le Christ, notre vrai Libérateur, le Christ, vrai Roi de France.
Confrontés à cette dictature sanitaire sans précédent depuis la sinistre révolution dite française, face à cette situation conduisant à une société sous surveillance de plus en plus étroite, une société d’esclaves soumis à des maîtres invisibles et hostiles, tournons-nous résolument vers le Christ, qui nous ouvre à la vraie liberté des enfants de Dieu, tournons-nous vers le Christ, qui nous a dit : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. » (Matthieu, 11, 28-30).
Et, en écho, le Saint-Père Benoît XVI nous disait en 2011 ces paroles prophétiques : « C’est dur, mais le Seigneur est là. Qu’aucune adversité ne vous paralyse. N’ayez pas peur du monde, ni de l’avenir, ni de votre faiblesse. Le Seigneur vous a donné de vivre en ce moment de l’histoire, pour que, grâce à votre foi, son Nom retentisse sur toute la terre » . (Pape Benoît XVI,20 août 2011 à Madrid )
Songeons-y, en cette fête du Christ-Roi, jour aussi de manifestations dans toute la France pour que nous retrouvions la très légitime liberté d’aller librement à la messe, pour que la liberté de culte ne soit pas un vain mot, une liberté vidée de son contenu le plus substantiel : la sainte Messe avec Jésus-Hostie, Jésus réellement présent dans la sainte Hostie consacrée.
Alors, oui, vive le Christ-Roi, vive le Christ, Roi de nos cœurs, vive le Christ venant vivifier les âmes et les sociétés humaines, aujourd’hui en perdition. Vive le Christ, régnant dans les cœurs de tous ceux qui le veulent, vive le Christ, irriguant aussi de son message salvateur notre société humaine.
Guy Barrey
par Fr. Jean-Thomas de Beauregard, op - Publié le 21/11/20
« Roi de naissance, roi par sa victoire sur la mort et le péché, le Christ règne d’autant plus là où il est aimé.
En 1925, Pie XI institue la solennité du Christ, roi de l’univers. Au sortir du carnage de la Première Guerre mondiale, il paraît urgent d’invoquer le Christ roi de paix. De plus, en 1917 la Russie est devenue communiste, donnant au monde un modèle de régime athée, et il faut rappeler qu’aucune société ne peut se bâtir sur le refus de Dieu. Enfin, l’essor des Missions commence à être contesté au motif que chaque peuple est fondé à conserver sa propre tradition religieuse, et il faut donc témoigner que la seigneurie du Christ n’a pas de frontières : tout homme a vocation à intégrer le Corps du Christ qu’est l’Église. Mais presque un siècle plus tard, célébrer la fête du Christ-Roi de l’univers a-t-il toujours du sens ?
Un roi qui se cache
Oui, d’abord parce que tout l’Évangile proclame que Jésus est roi. Mais cette royauté de Jésus n’est pas évidente. À l’instar d’Isaïe qui se plaignait : « En vérité, tu es un dieu qui se cache, Dieu d’Israël, sauveur » (Is 45, 15), nous pourrions déplorer : « Vraiment, Jésus-Christ est un roi qui se cache ! » Où se cache-t-il ? Où est la cachette du Roi de gloire ? Jésus se cache dans les pauvres. Comme dans le roman de Mark Twain, Le Prince et le Pauvre, où le fils d’Henry VIII d’Angleterre échange sa place avec un mendiant de son âge, Jésus se veut un roi méconnaissable au milieu de ses sujets, pauvre parmi les pauvres. Au jour du Jugement, on demandera : « Mais où étais-tu, pour que je puisse te servir ? » (Mt 25, 31-46). Et Jésus répondra : « J’étais là, pauvre parmi les pauvres. » Jésus peut être rencontré et servi en Karim, marginal au grand cœur de la cité des Lauriers dans les quartiers Nord de Marseille. Jésus peut être rencontré et servi en Sylvie, trisomique et malade d’Alzheimer, dans son foyer de L’Arche. « Les pauvres sont nos maîtres », enseignait saint Vincent de Paul, et s’ils le sont vraiment, c’est parce qu’en eux se révèle Jésus, Roi de gloire caché sous des dehors d’humilité.
Dans l’Évangile, la royauté de Jésus est cachée dès le départ. Le contraste est saisissant entre le roi imposteur dans son palais, Hérode, et le vrai roi dans son étable, Jésus. Mais les mages ne s’y trompent pas et viennent adorer l’enfant de la crèche, suivis par les bergers. Des mages et des bergers, comme pour indiquer que ce roi tient à la fois du prêtre et du pasteur. Le petit roi de la crèche règne d’ores et déjà sur les savants comme sur les humbles, sur les païens comme sur les juifs. Puis au cours de son ministère public, la royauté de Jésus demeure cachée. Une seule fois Jésus accepte d’être traité comme un roi : lors de son arrivée à Jérusalem où il se laisse proclamer roi d’Israël. Mais en dépit des rameaux portés par la foule, cette entrée triomphale n’est pas celle d’un roi de la terre, puisqu’il vient dans le dénuement, monté sur un humble ânon.
La gloire sur le trône de la croix
C’est le procès de Jésus et sa mort sur la Croix qui révèlent sa royauté au monde. À travers le dialogue avec Pilate, à travers la dérision des soldats qui revêtent Jésus d’un manteau de pourpre et d’une couronne d’épines, à travers l’écriteau placé au sommet de la Croix portant : « Jésus de Nazareth, roi des Juifs », la vérité éclate : Jésus est bien le roi de gloire, qui accomplit son règne par son sacrifice sur la Croix, sa mort puis sa résurrection. Comme de juste, le seul à comprendre cette nature particulière de la royauté du Christ est un pauvre, le bon larron, qui demande à Jésus de « se souvenir de lui quand il viendra dans son royaume ». La Croix est le trône du Christ, depuis lequel il commence à juger le monde, en séparant les brebis des boucs.
Une objection se présente. Nous célébrons le Christ, Roi de l’univers. Or toute la Trinité règne sur l’univers, du fait de la Création et de la Providence : dans l’indivisible unité de son essence, Dieu est cause de tous les êtres, qu’il crée et conserve dans l’être à chaque instant. Il les gouverne tous en les ordonnant à leur fin qui est lui-même. Dès lors, si toute la Trinité règne, en quoi le Christ est-il roi à titre spécial ?
Victorieux par amour
Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, est roi par droit de naissance : depuis sa conception, sa nature humaine est assumée par la personne divine du Verbe, qui possède la royauté de Dieu dans l’ordre de la Création et de la Providence. Mais à ce droit de naissance s’ajoute pour le Christ un droit de conquête qui est aussi un droit du sang : par sa mort et sa résurrection, Jésus acquiert une royauté supplémentaire dans l’ordre de la Rédemption. Par sa vie terrestre, Jésus a mérité d’être roi de toutes les créatures sauvées, reprenant par droit de conquête et droit du sang ce qu’il possédait déjà par droit de nature. En donnant sa vie par amour, Jésus a repris ce que le Diable, Prince de ce monde, avait usurpé.
C’est d’ailleurs parce que Jésus-Christ est aimé qu’il suscite des dévouements qu’aucun pouvoir politique ne peut revendiquer.
De même que Jésus a remporté la victoire sur Satan au prix de l’impuissance apparente qui lui fit accepter la mort, l’homme doit, à force d’humilité, se soumettre entièrement au règne de la grâce. Le Christ veut être obéi, servi, et aimé, sans aucun rival dans le cœur de ses fidèles. Certes, rien ne s’impose au Christ de l’extérieur, aucune loi n’entrave son pouvoir en dehors de la loi d’amour et sagesse qu’il s’est lui-même donnée. Au contraire, c’est lui le législateur par excellence, qui accomplit la Loi ancienne et donne la Loi nouvelle des Béatitudes, qui ne passera jamais. Mais le règne du Christ devient effectif à mesure que le consentement des hommes à cette Loi nouvelle se fait plus entier. Au fond, le règne du Christ n’est réalisé en perfection que là où il est aimé. C’est d’ailleurs parce que Jésus-Christ est aimé qu’il suscite des dévouements qu’aucun pouvoir politique ne peut revendiquer.
Déjà là, mais pas encore
Le règne du Christ au sens d’une vie sociale et politique inspirée en profondeur par l’Évangile n’a pas beaucoup avancé depuis 1925 : guerres, terrorisme, laïcité agressive, athéisme pratique, relativisme intellectuel et moral. Dès lors, la sanctification du temporel par l’Église est une nécessité, par l’engagement politique multiforme des chrétiens (mandats électoraux, médias, syndicats, université, associations). Le concile Vatican II rappelle : « Ils [les laïcs] doivent, à travers les travaux même temporels, s’aider en vue d’une vie plus sainte, afin que le monde s’imprègne de l’Esprit du Christ et dans la justice, la charité et la paix atteigne plus efficacement sa fin. Dans l’accomplissement universel de ce devoir, les laïcs ont la première place » (LG 2, 36). Mais en dépit de nos efforts, le Christ n’est jamais autant roi qu’il le devrait. Il y a 2000 ans, Jésus annonçait que son Royaume était « déjà parmi nous » tout en laissant entendre qu’il ne trouverait son plein épanouissement que dans la gloire. C’est la dialectique du déjà là et du pas encore qui caractérise toute la vie chrétienne : tout est toujours déjà donné, mais il y a un déploiement progressif de ce don de grâce dans l’histoire de chaque personne et du monde entier. Depuis son Incarnation jusqu’à son retour glorieux à la fin des temps, il y a un fossé entre la royauté du Christ de droit et sa royauté de fait.
Dans le cœur de chacun
Ce qui vaut au niveau collectif — l’Église, la nation, telle institution — vaut aussi au niveau personnel. La royauté sociale du Christ (dans les structures politiques, économiques et sociales) ne doit pas faire oublier la royauté du Christ dans le cœur de chaque chrétien. Il serait beau d’avoir des institutions chrétiennes, mais encore faut-il avoir des chrétiens à mettre dedans. C’est que nos cœurs sont partagés entre le règne du Christ et le règne du moi, voire le règne du Diable. Dans ses Exercices spirituels, saint Ignace de Loyola invite le retraitant à un choix fondamental entre deux étendards : celui du Christ, celui du Diable. Mais nos vies se déroulent le plus souvent sous les deux étendards, l’un porté fièrement — la foi au Christ —, l’autre camouflé soigneusement – le culte de notre nombril, voire du Malin. Notre cœur est une zone de combat, plus grise que blanche ou noire.
Le Christ n’est pas à la tête d’une armée de clones qui combattent tous de la même manière : il est à la tête d’une armée de saints, avec leurs personnalités propres, leurs intuitions, leurs aventures
Pour que nous soyons des causes efficaces au service de sa royauté, le Christ nous donne sa grâce : à nous de l’accueillir par une succession de consentements à ses sollicitations. En servant le Christ, nous régnons avec lui, et plus nous lui sommes soumis, plus nous régnons. Mais cette obéissance et ce consentement de chaque instant ne sont pas une pure passivité. Au contraire, il nous faut être inventifs dans notre charité, trouver des nouveaux moyens d’évangélisation, nous adapter aux circonstances nouvelles. Chacun doit mettre ses qualités personnelles, son énergie et tout ce qu’il est au service de ce règne. Le Christ n’est pas à la tête d’une armée de clones qui combattent tous de la même manière : il est à la tête d’une armée de saints, avec leurs personnalités propres, leurs intuitions, leurs aventures. À nous de vivre cette aventure de la sainteté pour que le Christ règne ! »
Fr. Jean-Thomas de Beauregard, op - Publié le 21/11/20
Source :