Philippe de Villiers : « J’appelle les Français à s’insurger intellectuellement, moralement, spirituellement ! »
C’est le visionnage d’un film racontant un exercice de simulation de pandémie mondiale réalisé le 18 octobre 2019 qui a décidé le fondateur du Puy du Fou à reprendre la plume. Dans son nouvel ouvrage Le Jour d’après, Philippe de Villiers explique le « monde d’après » la pandémie. Car, selon lui, « il y avait des gens qui savaient » ce qui allait se passer.
Le jour d’après, Ce que je ne savais pas…et vous non plus aux éditions Albin Michel est un livre qui parle de ce monde après pandémie. Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre ?
Ce qui m’a poussé à écrire ce livre est un film que j’ai découvert sur YouTube. Il racontait un exercice de simulation de big pharma, big data et big finance qui a eu lieu à New York le 18 octobre 2019 avec des puissances privées. Le forum de Davos était représenté ainsi que la fondation Bill Gates, et organisé par l’université John Hopkins. Cet exercice de simulation portait sur une pandémie de coronavirus à partir d’une affaire de port du Brésil. J’ai été intrigué parce que cet exercice de simulation datait du 18 octobre 2019. Or à l’époque, on ne parlait pas du coronavirus.
À ce moment, je me suis dit que des gens savaient. Je n’ai pas dit qu’ils avaient inventé le virus, car je ne suis pas complotiste et je n’ai pas d’idée sur la question du virus. Ce n’est pas mon sujet.
J’ai déduit de ce film que des gens savaient ou se doutaient. J’ai eu entre les mains un livre de monsieur Klaus Schwab, président du forum de Davos qui s’appelle Covid-19 la réinitialisation du monde. Le great reset veut dire mettre le monde sur pause et repartir sur autre chose.
Il y a une phrase clé dans ce livre : « Il faut que la pandémie soit une fenêtre d’opportunité ». Pourquoi faire ? Eh bien, pour changer de société et pour la numériser.
Le 3 juin 2020, une vidéo-conférence de presse mondiale développe la fenêtre d’opportunité. Cette dernière est la digitalisation du monde et le virus climatique. L’idée de tous ces géants du « capitalisme de surveillance » comme ils s’appellent eux-mêmes est d’imposer le contrôle total par le numérique. Plus précisément de capter notre fort intime avec les algorithmes.
J’ai décidé d’écrire ce livre parce que je me suis dit qu’on y allait tout droit. Le jour d’après nous fait entrer dans un monde où au nom du tout sanitaire, on sacrifie la jeunesse et la transmission. Au nom du tout numérique, on sacrifie la société de voisinage, les métiers de la main et du cœur. Au nom du transhumanisme, on dénature l’espèce humaine.
La leçon que je tire dans la conclusion de mon livre, c’est que des gens savaient ce qu’ils faisaient. Ils voulaient un monde sans frontières. Ils savaient qu’un monde sans cloisons est un monde hautement pathogène. Ils le savaient et ils ont pris le risque.
Les uns, par calcul idéologique pour remplacer les murs par des ponts comme dirait le Pape François. C’est-à-dire un monde d’un seul tenant, la fraternité cosmique.
Et les autres, par un calcul économique pour ouvrir un marché planétaire de masse. Le calcul et l’idéologie se sont épaulés. Ils savaient que ce monde-là allait faire circuler le virus. Il y a 200 000 virus par an. Pour eux, c’était d’un grand profit parce que c’était l’occasion d’entrer dans ce monde numérique qui est en train de nous détruire.
Ils ont fait ce monde sans frontières, la fameuse mondialisation heureuse parce que cela permettait aux géants du numérique de prospérer et à nos gouvernants, d’exercer un contrôle total, une société disciplinaire.
Lorsqu’ Emmanuel Macron n’était encore que ministre, nous l’avions vu parader sur un char au Puy du Fou. On vous a vu vous afficher ensemble et développer ce qui paraissait de l’extérieur, comme étant une amitié assez solide. Aujourd’hui, Emmanuel Macron est pour vous l’ennemi incarné. Que s’est-il passé ? Comment ce roi du « en même temps » a pu vous convaincre qu’il pouvait incarner une certaine idée de la France ?
Les choses sont très simples. Emmanuel Macron a souhaité me rencontrer en venant au Puy du Fou. Il m’a dit « je comprends très bien ce que vous me dites. Je suis moi aussi un homme des racines. » Dès le début, il était clair, qu’entre lui et moi, avec Brigitte comme grand témoin, que nous n’avions pas du tout les mêmes idées. Amitié, oui, mais dans la vérité. À un moment donné, la vérité est trop cruelle. Je me suis très vite aperçu qu’il tenait un double discours. Lorsqu’il dit dans un grand journal du matin « je veux une société française pénible » et qu’en même temps sur une télévision américaine il dit qu’il faut déconstruire l’Histoire de la France, je me suis dit que cela ne collait pas. Ce personnage est double. J’ai longtemps serré le frein parce que je voulais, malgré tout, que cela fonctionne. Je me disais qu’il allait peut-être écouter ce que moi et d’autres avions à lui dire.
À un moment donné, ce n’était plus possible. Comme l’échéance arrive et qu’il nous a bâillonnés, enfermés et masqués, il s’est lui-même déconfiné. Le confinement l’a déconfiné à mes yeux. Par conséquent, j’ai jugé que le moment était venu de dire sur la place publique tout ce que je pensais.
Ce que vous avez découvert sur le forum de Davos remonte-t-il à longtemps ?
Lorsque je me suis intéressé au forum de Davos, j’ai découvert qu’en 2016, Emmanuel Macron avait été couronné Young Global Leader. Par la même occasion, j’ai aussi découvert qu’en 2018 c’était Marlène Schiappa, autre figure symbolique du macronisme. Et plus récemment, le mécanicien, Gabriel Attal le porte-parole qui fait de l’écriture automatique. Ils ont été Young Global Leader. Ce sont des gens du hors-sol.
Lors de notre première rencontre, j’ai dit à Emmanuel Macron que le nouveau président serait jugé par le peuple français non pas pour ce qu’il aura changé, mais pour ce qu’il aura sauvé, c’est-à-dire, les murs porteurs. Or, je constate aujourd’hui qu’Emmanuel Macron a laissé se déchirer à la faveur du Covid, les tissus conjonctifs de la France industrieuse et qu’il a laissé se dresser un mur invisible entre la société française et une contre-société agressive, vindicative qui veut nous détruire.
C’est ce que vous appelez les barbares et que les médias appellent les jeunes.
Les jeunes qui ont brûlé les policiers. Pourquoi contourne-t-on la sémantique ? Ce sont des barbares ! Le cœur du cœur du drame que nous vivons a commencé avec Giscard. C’est le regroupement familial. C’est Pompidou qui a joué avec le feu. Pompidou a passé un accord avec le patronat. On va faire venir une main d’œuvre d’appoint pour faire baisser les salaires en France. C’est François Ceyrac qui me l’a raconté, le président du CNPF de l’époque qui était d’ailleurs très retissant. Il disait que nous allions changer nos entreprises et la nation.
Ensuite, Giscard et Chirac ont imposé le regroupement familial. On passe d’une immigration de travail à une immigration de peuplement. Le cran d’après, on passe d’une immigration de peuplement aux accommodements raisonnables comme on dit au Canada. L’idée est d’installer un côte à côte. Le côte à côte se développe. 200 quartiers ne sont plus français et petit à petit il y a un face à face entre les assaillants et les assaillis. Nous sommes dans un processus de colonisation de peuplement, de conquête et des esprits.
Les assaillants nous disent que nous allons mettre un genou à terre et nous allons nous comporter comme les Bourgeois de Calais. Les Bourgeois de Calais mettent le genou à terre et tendent le trousseau de clés aux assaillants. Si vous regardez bien les choses, le seul barrage qu’on oppose à l’invasion, c’est la laïcité, les droits de l’homme, les valeurs de la République. Ce sont des codes.
Vous avez suivi les débats sur le séparatisme. Pour éviter d’être taxés d’islamophobie, certains politiques se sont mis à tirer sur toutes les religions. En même temps, une dizaine d’églises ont brûlé en un an. En faisant un lien avec toutes ces églises, qu’est-ce que cela révèle du rapport qu’entretient la République laïque avec la France ?
On bascule. La mosquée de Strasbourg s’installe et il y a des profanations dans les églises tous les jours, mais personne n’en parle.
Monsieur Darmanin se promène à Rennes lorsqu’il y a un zigzag sur un mur.
Nous étions une vieille société chrétienne, nous avons une civilisation et on balance tout. La France est une histoire partagée. Le président de la République propose de la déconstruire. Il explique que la décolonisation était un crime contre l’humanité. En réalité, nous n’osons plus rien évoquer de notre littérature, de nos paysages et de nos aides- mémoires. Notre histoire est honteuse. Notre art de vivre bascule dans le hallal. Partout en France, il y a des tenues du prophète du VIIe siècle. Qu’est-ce que cela veut dire ? On a accepté le voile, l’interdiction de changer de religion. On voit bien que l’islam s’installe.
L’Oumma est la communauté des croyants supérieure à toutes les nations. La charia, la loi de Dieu, la loi d’Allah supérieure à toutes les autres lois. Et le djihad, c’est-à-dire à la conquête ou pour le moins le prosélytisme.
On est en train de prostituer notre langue, de la déformer, de la tuméfier, de la désagréger pour détruire l’esprit français. Je dis insurrection parce que la tectonique des plaques bouge. Soit on retrouve les fiertés françaises, l’identité française et on impose sur notre sol, l’assimilation à notre civilisation. Ceux qui ne veulent pas adopter leur mère adoptive, dehors.
Soit, c’est la fin de l’aventure !
La France est-elle menacée de disparition ?
Si je vous parle aujourd’hui et que j’ai écrit ce livre, c’est parce que je ne peux pas rester chez moi. Dieu sait que j’ai des raisons d’être heureux, mais si je me repose sur mes lauriers, la France va crever. Je ne peux pas supporter que la France meure. Je sens qu’elle est en train de glisser dans l’abîme parce que nos élites ont failli. On ne prononce plus le mot France. On parle des valeurs de la République, de la laïcité et des droits de l’homme. Avez-vous déjà vu quelqu’un tomber amoureux d’un code de la route ? Derrière la laïcité, il y a un pays, nos ancêtres et des générations. Nous ne sommes que des emprunteurs de passage. Il est fou de ne pas donner à nos enfants et nos petits-enfants la petite luciole que nous avons reçue. Je me lève et j’appelle les Français à s’insurger intellectuellement, moralement et spirituellement. Où est la pensée française ?
De Gaulle disait « à chaque fois que la France s’est approchée de l’abîme, elle s’est accrochée à deux môles qui n’ont pas vacillé : le tronçon de l’épée et la pensée française ». Où est la pensée française ? La pensée française est cette idée vendéenne de la résistance et de la dissidence. Un Français est un dissident. Le premier Gaulois qui s’est adressé au premier druide était un dissident avec sa faucille. Avec un bouquet de gui, il faisait de la dissidence. C’est comme cela que nous ne sommes pas devenus des Gallos- Romains. Nous sommes des Gaulois. Et après, nous sommes devenus des Francs. Francs veut dire devenir libre. Moi, je suis un franc de Clovis. Je n’ai pas envie d’être dominé par tous les Wisigoths et les Burgondes.
Lorsque votre frère Pierre a sorti un livre, les gens se sont demandés s’il allait se présenter à l’élection présidentielle. On ne vous a pas entendu adresser votre sympathie à tel ou tel candidat qui se présenterait à l’élection présidentielle. La porte de 2022 est-elle fermée ou la maintenez-vous ouverte ?
Vous avez parlé de mon frère puis de moi. Nous les Villiers, nous sommes très unis et espiègles. Nous avons du recul et nous sommes au deuxième degré. Nous avons une formule entre nous. « Les Villiers c’est comme la SNCF, un Villiers peut en cacher un autre ! ».
Philippe de Villiers
Ancien préfet, créateur du parc d’attractions du Puy du Fou, ancien président du conseil général de la Vendée (1988 - 2010), fondateur du Mouvement pour la France
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