Un 40e pèlerinage de Chrétienté tournée vers le Sacré-Coeur de Jésus : victorieux au-delà des tempêtes
« De mémoire de pèlerin jamais de telles conditions climatiques n’avaient dues être affrontées : tempêtes de grêle, violentes bourrasques, pluies diluviennes, etc. Avec pour conséquences des lieux de passage inondés et des bivouacs détrempés, voire submergés par les eaux. Face à ces difficultés le pèlerinage de Tradition, Chartres-Paris, a été annulé, suite à un arrêté préfectoral. Contrainte mais non vaincue une partie des pèlerins s’est retrouvée le lendemain pour une messe pontificale à Saint Nicolas du Chardonnet, alors que certains rejoignaient la colonne dans l’autre sens. De son côté le pèlerinage de Chrétienté, dont les bivouacs avaient été moins touchés par les intempéries, poursuivait sa marche vers Chartres après que les équipes de logistique eurent passé la nuit de samedi à dimanche à identifier et repérer les nouveaux itinéraires.
Exploit remarquable, petit miracle, à mettre au crédit des responsables des 1 200 bénévoles qui assurent l’organisation et l’encadrement de ce pèlerinage. Dans un sens comme dans l’autre une jeunesse ardente et joyeuse a fait face à l’adversité dans la joie et la bonne humeur, ayant sans doute au cœur la célèbre maxime : « Les choses valent ce qu’elles coûtent ». Le père Danziec, chroniqueur religieux à Valeurs Actuelles et pèlerin vers Chartres exprimait le sentiment général des pèlerins rescapés dans un tweet remarqué « Grande compassion pour les organisateurs et union de prière avec ces pèlerins si courageux. Leurs sacrifices comptent ».
Un succès remarquable
A l’occasion de ce 40e pèlerinage de Pentecôte les pèlerins de Chrétienté furent charitablement accueillis dans les deux cathédrales, Mgr Aumônier, évêque émérite de Versailles, célébrant et prêchant à Paris et Mgr Christory, évêque de Chartres, présidant au trône et prêchant dans sa cathédrale. Ce dernier invita les pèlerins à refuser le consumérisme et à rester fidèles à leur vocation, ce qu’ils comptent bien faire. Mgr Rougé a, quant à lui, accueilli les pèlerins de Chrétienté à l’entrée dans son diocèse et Mgr Christory a rencontré les pèlerins de Tradition le samedi matin. Pour mémoire, lors du premier pèlerinage, en 1983 les deux cathédrales avaient été interdites aux pèlerins pour la célébration de la messe.
Quasiment un an après la publication du Motu Proprio Traditionis Custodes visant à restreindre de manière drastique la célébration de la messe traditionnelle les faits sont là : cette mesure n’a en aucune façon freiné la croissance du pèlerinage de Chrétienté qui rassemblait cette année 15 000 marcheurs, et environ 5000 non marcheurs (anges gardiens), répartis en 300 chapitres et accompagnés par 300 clercs (prêtres, séminaristes, religieux). L’encadrement ecclésiastique et laïc du pèlerinage de Chrétienté, en particulier le président Jean de Tauriers et l’aumônier général l’abbé Alexis Garnier, n’a cessé de rappeler durant ces trois jours que le diptyque Tradition et Église était indissociable et que l’usage par des « laïcs ordinaires » de la liturgie romaine traditionnelle de l’Église, dite un temps « extraordinaire » constituait un bien commun de l’Église et à ce titre un droit non négociable pour tous. Avec humour, le chanoine Benoît Merly, de l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre, a rappelé lors de sa vigoureuse prédication du dimanche de Pentecôte le caractère éminemment synodal de ce pèlerinage, synode désignant en grec « une marche commune ».
Un contexte toujours difficile
Au-delà des sujets « classiques » sur les difficultés climatiques, l’état des pieds et la durée de la prochaine halte les conversations des pèlerins revenaient régulièrement sur la suspension des ordinations dans le diocèse de Toulon et l’interdiction du port de la soutane, pour les séminaristes de Toulouse. Alors que nous en sommes, pour certains, à la troisième génération de pèlerins, les anciens qui avaient 25 ans en 1983 ont des enfants de 35 ans qui pélerinent avec leurs enfants de 10 ans qui sont louveteaux ou louvettes, le combat pour la sauvegarde de la Tradition dans l’Église reste une nécessité. Peu à peu commencent à être rendus publics les rapports de certains synodes diocésains dans lesquels, de manière récurrente, des dames patronnesses au cheveux blancs et des vieillards chenus font le constat, douloureux, qu’ils n’ont pas transmis la foi à leurs enfants mais qu’ils se sentent néanmoins investis pour déterminer l’avenir de l’Église. Là-contre, les plus jeunes, comme l’a montré le rapport du synode du Morbihan, aspirent à une Église qui donne des réponses, et ne se contente pas de poser des questions, autour du triptyque : cohérence, exigence, transcendance.
Dans une Église en crise, alors que les quelques lumières un temps entrevues semblent s’éteindre les unes après les autres, ou du moins largement vaciller, les pèlerins de Pentecôte par leurs prières, leurs pénitences, leurs souffrances, leurs croix portées ensemble hâtent le triomphe inéluctable du Christ. Un jour, connu de Dieu seul, la Sainte Église sera restaurée dans sa splendeur et les nations se soumettront enfin au joug suave et léger du Christ. Honneur aux pèlerins de Pentecôte, qui unissent dans une indissoluble alliance la Tradition et la Chrétienté ! »
Jean-Pierre Maugendre
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