La Tradition au service de l’Eglise, qui a les promesses de la vie éternelle
« Une décision venant, semble-t-il, de l’archevêché nous ayant fermé les portes de l’église Sainte Odile ce colloque a finalement eu lieu dans les bâtiments, prestigieux et accueillants, de la Maison de la chimie. Plus de 500 personnes se sont retrouvées en cette rentrée pour faire l’état des lieux du « réchauffement » de la guerre liturgique.
Le chanoine Denis a tout d’abord offert à un auditoire attentif une méditation sur « l’atmosphère spirituelle » de la liturgie de Saint Pie V : sens du sacré, transcendance, humilité, amour de ce qui est, à l’image de Dieu, immuable et plus grand que l’individu atomisé de nos société modernes.
Cyril Farret d’Astiès, interrogé par Victoire de Jaeghere, est ensuite revenu sur l’histoire de la messe « interdite » et sur la genèse historique et idéologique de la réforme liturgique. Il nous a aussi fait part de ses réflexions et de ses doutes sur la possibilité d’une célébration « recte rite » du missel de Paul VI, et le biritualisme. Un appel à « Ne rien lâcher « , parce que les faits prouvent que cela ne sert à rien et entraîne, à terme, des abandons certains.
Après ces réflexions de fond, des laïcs sont venus témoigner, à l’appel de Philippe Darantière, de l’application du motu proprio Traditionis Custodes dans leurs diocèses. Un fait s’impose : chaque évêque est libre d’appliquer, avec plus ou moins de détermination, ce motu proprio. Ainsi, les Bordelais continuent de jouir de toute leur liberté liturgique, tandis que les Grenoblois ont entamé un bras de fer avec leur évêque et que la situation reste stable à Versailles ; dans les diocèses du Mans et de Nantes l’heure est à l’observation, entre des associations de laïcs militants et des évêques plus ou moins vindicatifs. Une conclusion s’impose : c’est en montrant leur détermination que les fidèles peuvent obtenir des concessions de la part d’évêques généralement peu soucieux d’alimenter une grogne de plus, à l’heure où leurs diocèses traversent déjà tant de difficultés. Pendant les pauses, le nombreux public était invité à visiter les stands des associations organisatrices tandis que la librairie religieuse était littéralement prise d’assaut.
L’après-midi, malgré l’heure de la sieste, difficile de s’endormir durant le discours argumenté et vigoureux de Jean-Pierre Maugendre rappelant quelques caractéristiques de l’aventure traditionaliste : une fidélité, une résistance, une œuvre d’Église.
Les débats ont ensuite porté sur le sujet, délicat s’il en est, de l’obéissance. Le juriste Cyrille Dounot répondait aux questions de Jeanne Smits : Quand doit-on obéir ? Quand y-a-t-il vraiment ordre légitime ? Quelles libertés laisse le droit canon aux évêques dans l’application du motu proprio ? Quels recours sont possibles pour les fidèles ? Des réponses éclairantes pour se souvenir que l’obéissance ne peut jamais être un absolu et que dans le droit canon la première loi reste le salut des âmes.
Pour achever cette journée, il fallait bien ouvrir quelques perspectives d’avenir pour le monde traditionnel. C’est ce qu’a tenté de faire une dernière table ronde, animée par Laurent Dandrieu, rassemblant l’abbé Barthe, l’abbé Celier, de la Fraternité Saint Pie X, et le professeur Luc Perrin. Le monde traditionnel apparaît aujourd’hui tridimensionnel. Existent d’abord les œuvres liées à la FSSPX déjà bien installées et non concernées, aujourd’hui, par les sanctions romaines ; ensuite, les communautés ex-Ecclesia Dei, dans une situation difficile mais qui représentent un poids aujourd’hui non négligeable dans l’Église de France, en particulier en terme de vocations ; enfin les prêtres diocésains de rit traditionnel sont les plus exposés, et méritent certainement de manière prioritaire notre soutien spirituel et matériel.
Un bilan réaliste qui nous convie, comme a conclu Jean de Tauriers, non au désespoir mais à une détermination pleine d’Espérance, puisque la Tradition est au service de l’Eglise, qui a les promesses de la vie éternelle. Une belle journée d’amitié et de réflexion chrétienne, qui, si Dieu veut, sera renouvelée chaque année, pour raffermir les raisons de notre combat pour la liturgie romaine traditionnelle, quand la lassitude ou le doute nous guettent.
Cet événement fut aussi l’occasion de la publication d’un nouveau livre de Mgr Schneider : « La messe catholique. Remettre Dieu au centre de la liturgie ». »
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