Fête de tous les saints
« La dédicace que fit, l’an 607, le pape Boniface IV de l’église du Panthéon de Rome que l’empereur Phocas lui donna, a donné lieu à l’établissement de cette fête de tous les saints. En effet, il dédia cet ancien temple d’idoles à l’invocation de la sainte Vierge et de tous les martyrs (Dedicatio Sancta Maria ad martyres) ; c’est ce qui lui a fait donner le nom de Notre-Dame des Martyrs, ou de la Rotonde, parce que cet édifice est en forme d’un demi-globe. Boniface suivit en cela les intentions de saint Grégoire le Grand, son prédécesseur. Il y fit transporter des corps de nombreux martyrs des catacombes.
Mais les premières traces d’une célébration générale sont attestées à Antioche et se rapportent au dimanche après la Pentecôte. Cette coutume est citée dans la 74e homélie de saint Jean Chrysostome de 407.
Puis, entre 731 et 741, le pape Grégoire III consacra une chapelle dans l’église de Saint-Pierre à l’honneur de tous les saints, des martyrs, des confesseurs et de tous les justes en choisissant le 1er novembre comme date anniversaire ; il augmenta ainsi la solennité de la fête : depuis ce temps-là elle a toujours été célébrée à Rome.
Grégoire IV étant venu en France l’an 837, sous le règne de Louis le Débonnaire, cette fête s’y introduisit et y fut bientôt généralement adoptée ; mais le P. Ménard a prouvé qu’elle avait déjà lieu auparavant dans plusieurs églises, quoiqu’il n’y eût encore aucun décret porté à ce sujet ; Notes sur le Sacram de Saint Grég., p. 152 ; Thomassin, Traité des Fêtes, etc. Les Grecs la célèbrent le dimanche après la Pentecôte.
L’objet de cette solennité est non seulement d’honorer les saints comme les amis de Dieu, mais de lui rendre grâces des bienfaits qu’il a daigné leur accorder, et du bonheur éternel dont il les récompense, de nous exciter à imiter leurs vertus, d’obtenir leur intercession auprès de Dieu. (1)
Le culte des saints débute au IIe siècle avec saint Polycarpe, que connut saint Irénée de Lyon, élève de saint Polycarpe, Père et docteur de l’Eglise.
Dans son livre "Les saints au Moyen Age, la sainteté d’hier est-elle pour aujourd’hui ?" (Plon, Mesnil-sur-l’Estrée 1984), l’historienne médiéviste Régine Pernoud indique qu’avec S. Polycarpe (+ martyr en 167 ap. J-C.) débute le culte des saints :
« Si dans un louable désir de pureté nous nous retrouvons à la primitive Église, que voyons-nous ?
« Au IIe s. déjà les corps des martyrs, ceux qui ont affirmé leur foi au prix même de leur vie, sont l’objet d’une vénération particulière…
« Non pas, comme l’écrit tel auteur, que l’on considérât désormais Polycarpe comme une sorte de "divinité inférieure" ni son corps comme un "talisman précieux" mais parce que lui et ses semblables avaient réalisé dans toute sa plénitude la remarque évangélique : "Pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime", et que leur martyre avait fait de chacun d’eux, à jamais, un autre Christ.
« Ainsi un S. Cyprien recommande-t-il au clergé et aux fidèles de noter avec précision la date de la mort des martyrs, lui qui devait certain jour être conduit et enterré au cimetière de Carthage par ce même clergé qu’il avait ainsi instruit.
« C’est assez dire que le culte des reliques est lié intrinsèquement à la vie même de l’Église, à son développement, à la propagation de l’Évangile, et cela toujours et partout. » (2) »
Sources :
(1) Nicolas Bergier (1718-1790), Encyclopédie théologique, publ. par M. l’abbé Migne, Ateliers catholiques au Petit-Montrouge, tome IV, Paris 1850-1851, p. 804-805 ; (2) Régine Pernoud, Les saints au Moyen Age, la sainteté d’hier est-elle pour aujourd’hui ? Plon, Mesnil-sur-l’Estrée 1984 p. 239-240.
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