Pourquoi Mgr Vigano se bat, seul contre tous
« Et comme un lion, même si malheureusement sa parole est étouffée (ou reprise seulement dans un microcosme qui vit pratiquement en autarcie). Il est ainsi devenu le chef de file d’un mouvement de résistance, aux dérives de l’Eglise mais aussi au « nouvel ordre mondial » et à sa dernière manœuvre, le « Great Reset« ; moqué et vilipendé par les bien-pensants, y compris catholiques, qui le décrivent comme un complotiste, un illuminé, quand ce n’est pas comme la marionnette d’un « puissant lobby conservateur » américain . Le site italien Chiesa e post Concilio a mis en ligne la postface que l’archevêque a écrit pour le livre monumental publié sous la responsabilité d’AM Valli : Nell’ora della prova » (*), dans laquelle il explique avec passion ce qui le motive.
Ce que j’ai essayé d’accomplir au service du Saint-Siège et des papes qui se sont succédé, avec la prudence requise par la délicate tâche de nonce apostolique et avec le zèle pastoral qui m’a animé dans les différentes missions réalisées, je l’accomplis avec non moins de conviction et d’ardeur encore aujourd’hui ; et je dirais même avec la conscience d’avoir retrouvé l’enthousiasme et le courage du munus qui m’a été conféré. Un enthousiasme qui puise en mon Seigneur sa source, son développement et son accomplissement.
On doit garder bien présent à l’esprit la différence entre le berger et le mercenaire – cujus non sunt oves propriae [les brebis ne sont pas à lui] (Jn 10, 12) – car c’est précisément dans la diversité de leurs comportements que se distinguent et se définissent celui qui prend soin du troupeau et celui qui, au contraire, fuit quand le loup arrive. Servir l’Eglise signifie avant tout comprendre que la vie du chrétien est une militia, et cela vaut d’autant plus pour ceux que la Providence a daigné appeler dans les rangs de l’ordre sacerdotal. J’imagine que cela résonne presque comme un blasphème pour les avocats du buonisme et du pacifisme amorphe. Pourtant, c’est Notre Seigneur lui-même qui nous a rappelé qu’il n’est pas venu apporter la paix, mais l’épée (Mt 10, 34). À l’Église de Laodicée, il adresse cet avertissement sévère : « Puisque tu es tiède, que tu n’es ni froid ni chaud, je vais te vomir de ma bouche » (Ap 3, 16). Et Saint Paul nous le répète : « Bonum certamen certavi » [j’ai combattu le bon combat] (2 Tm 4, 7). La vie chrétienne est une vie de combat : contre la chair, contre le monde, contre le diable. La chair, à cause du péché originel et de l’inclination au mal qui en découle ; le monde, qui est aujourd’hui désigné comme un « lieu théologique » alors qu’il est le royaume de l’Ennemi, le diable, dont le seul but est de pervertir autant d’âmes que possible, en les éloignant du salut éternel. Je me retrouve donc, quamvis indignissimus [quelque indigne que je sois], à répondre à ma vocation. Et malgré mon âge avancé, je ne peux pas échapper à l’appel de Dieu : je ne l’ai pas fait le jour où j’ai commencé ma vie sacerdotale ; je ne le ferai pas maintenant que, comme successeur des apôtres, je devrai bientôt répondre devant Dieu non seulement de moi-même, mais aussi du troupeau du Christ.
Si je peux me permettre une confidence, je crois que je n’ai jamais ressenti ma responsabilité d’évêque aussi forte, aussi exigeante et enthousiasmante, mais également aussi grave. Notre Seigneur, en effet, « a voulu une autorité personnelle dans son Église et l’a instituée personnellement. Au contraire, après le Concile, nous assistons à une gigantesque tentative de dépersonnalisation de l’autorité : aussi personnelle qu’elle soit de droit divin, nous la voyons se parlementariser, se collégialiser, on pourrait dire se soviétiser » (Père R.Th. Calmel o.p., Brève apologie de l’Eglise de toujours), se synodaliser – j’ajoute cela – avec des conséquences très graves sur la mission de l’Eglise et son rôle sur la scène mondiale.
Ce que j’ai essayé d’accomplir au service du Saint-Siège et des papes qui se sont succédé, avec la prudence requise par la délicate tâche de nonce apostolique et avec le zèle pastoral qui m’a animé dans les différentes missions réalisées, je l’accomplis avec non moins de conviction et d’ardeur encore aujourd’hui ; et je dirais même avec la conscience d’avoir retrouvé l’enthousiasme et le courage du munus qui m’a été conféré. Un enthousiasme qui puise en mon Seigneur sa source, son développement et son accomplissement : en ce Dieu, qui laetificat iuventutem meam [qui fut la joie de ma jeunesse].
Permettez-moi de citer un passage de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus :
Seigneur, Dieu des armées, qui nous a dit dans ton Évangile : « Je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée », arme-moi pour le combat. Je brûle du désir de me battre pour ta gloire ; mais, je t’en prie, renforce mon courage. Je peux alors m’exclamer avec le Saint Roi David : « Toi seul es mon bouclier, c’est Toi, Seigneur, qui me fais combattre », ô mon Jésus, je combattrai pour Ton Amour jusqu’au soir de ma vie. Puisque Tu n’as pas voulu profiter du repos sur terre, je veux suivre Ton exemple, et j’espère donc que la promesse qui est venue de Tes lèvres divines s’accomplira pour moi : « Si quelqu’un me suit, là où je suis, il sera là aussi, et mon Père l’honorera » (Jn 12, 26). Etre avec Toi, être en Toi, c’est mon seul désir ! La certitude que Tu me donnes de son accomplissement me fait supporter l’amertume de l’exil, dans l’attente du jour radieux de l’éternel face à face ».
J’espère que ces écrits pourront aider les lecteurs à comprendre que mon but ultime, ce qui meut et anime mon engagement en tant qu’évêque, est l’amour sans partage pour l’Église, Épouse de l’Agneau Immaculé, et la volonté implacable de me battre pour la défendre et la libérer de ses ennemis. Avec l’aide de Dieu, sous l’égide de la Reine des Victoires.
« Telle est notre foi dans l’Église : une et sainte, sans tache, sans ride, sans lenteur, sans vieillissement, sans à peu près, sans insuffisance ; sans complicité avec l’erreur ni accommodement au péché, sans naïveté ou folie face aux sophismes captieux ou aux organisations occultes d’une fausse église, d’une église apparente. L’Église dans laquelle nous croyons est toujours prête pour toutes les heures du temps du Salut ; invulnérable aux erreurs et aux péchés du monde, d’une miséricorde qui ne se lasse pas pour les âmes qui y ont recours. Son visage et son cœur conservent intacte l’image de la Vierge Marie, la Vierge Mère de Dieu, qui est son refuge, sa Mère et sa Reine » (Père R.Th. Calmel o.p.). »
+ Carlo Maria Viganò
via Chiesa e post Concilio
(ma traduction)
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(*) Présentation de l’éditeur
« Depuis l’été 2018, lorsqu’il a révélé au monde son mémoire sur le cas de l’ex-cardinal MacCarrick, l’archevêque Carlo Maria Viganò est devenu le chef de file d’un mouvement de résistance catholique pour la défense de la doctrine droite et de la foi dans le signe de la Tradition, contre l’apostasie désormais rampante. Titulaire du populaire blog Duc in altum, dans lequel apparaissent souvent les interventions de l’archevêque, Aldo Maria Valli rassemble dans ce volume de nombreuses contributions de l’ex-nonce aux USA : des textes qui, allant de l’analyse de la situation de l’Eglise aux thèmes de la spiritualité, constituent un cadre indispensable pour comprendre ce que signifie aujourd’hui être catholique. Un texte que l’archevêque a écrit par amour de la vérité et en renonçant à toutes les redevances découlant des ventes : « Écouter, ou réécouter, la voix de Monseigneur Viganò – écrit Valli – c’est comme escalader une montagne. C’est comme respirer profondément après avoir été trop longtemps exposé aux miasmes du mensonge, des demi-vérités, des mots nés de l’opportunisme politique et non de l’amour de la Vérité ».
Carlo Maria Viganò (Varese, 1941), consacré archevêque par Saint Jean-Paul II en 1992, a travaillé à la Secrétairerie d’État du Saint-Siège et a été Secrétaire général du Gouvernorat de l’État de la Cité du Vatican et Nonce apostolique aux États-Unis d’Amérique. »
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