La vocation de la Nation française
14 février 1841 : le discours de Lacordaire sur la vocation
de la nation française
14 février 1841 : le discours de Lacordaire sur la vocation
de la nation française
« Ce discours fut prononcé pour l’inauguration de l’ordre des frères prêcheurs en France.
« C’est Dieu qui a fait les peuples et leur a partagé la terre, et c’est aussi lui qui a fondé au milieu d’eux une société universelle et indivisible ; c’est lui qui a fait la France, et qui a fondé l’Eglise. De telle sorte que nous appartenons tous à deux cités, que nous sommes soumis à deux puissances et que nous avons deux patries : la cité éternelle et la cité terrestre, la puissance spirituelle la puissance temporelle, la patrie du sang et la patrie de la foi.
Et ces deux patries quoique distinctes ne sont pas ennemies l’une de l’autre ; bien loin de là elles fraternisent comme l’âme et le corps sont unis ; et de même que l’âme aime le corps bien que le corps se révolte souvent contre elle, de même la patrie de l’éternité aime la patrie du temps et prend soin de sa conservation, bien que celle-ci ne corresponde pas constamment à son amour. Mais il peut arriver que la cité humaine se dévoue à la cité divine, qu’un peuple s’honore d’une alliance particulière avec l’Eglise : alors l’amour de l’Eglise et l’amour de la patrie semblent n’avoir plus qu’un même objet ; le premier élève et sanctifie le second, et il se forme de tous deux une sorte de patriotisme surnaturel… »
[…] Non loin des bords du Rhin, un chef barbare livrait bataille à d’autres barbares : ses troupes plient ; il se souvient dans le péril que sa femme adore un Dieu dont elle lui a vanté la puissance. Il invoque ce Dieu, et, la victoire ayant suivi sa prière, il court se prosterner devant le ministre du Dieu de Clotilde : « Doux Sicambre, lui dit saint Remy, adore ce que tu as brûlé, et brûle ce que tu as adoré ».
Ce Dieu, Messieurs, c’était le Christ ; ce roi, cette reine, cet évêque, cette victoire, c’était la nation franque, et la nation franque était la première nation catholique donnée par Dieu à Son Église. Ce n’est pas moi qui décerne cette louange magnifique à ma patrie ; c’est la papauté, à qui il a plu, par justice, d’appeler nos rois les fils aînés de l’Église. De même que Dieu a dit à Son Fils de toute éternité : Tu es Mon premier né, la papauté a dit à la France : Tu es ma fille aînée. Elle a fait plus, s’il est possible ; afin d’exprimer plus énergiquement ce qu’elle pensait de nous, elle a créé un barbarisme sublime : elle a nommé la France le Royaume christianissime, - Christianissimum regnum. Ainsi, primogéniture dans la foi, excellence dans la foi, tels sont nos titres, telle était notre vocation. […]
L’Église a couru trois périls suprêmes : l’arianisme, le mahométisme, le protestantisme ; Arius, Mahomet, Luther, les trois grands hommes de l’erreur, si toutefois un homme peut être appelé grand lorsqu’il se trompe contre Dieu. […]
Nous pouvons donc le dire, confondant par un orgueil légitime les fils avec les pères, nous avons accepté le contrat proposé par le Fils de Dieu au libre arbitre des nations : nous avons connu, aimé, servi la vérité. Nous avons combattu pour elle les combats du sang et de l’esprit. Nous avons vaincu Arius, Mahomet, Luther, et fondé temporellement la papauté. L’arianisme défait, le mahométisme défait, le protestantisme défait, un trône assuré au pontificat, voilà les quatre couronnes de la France, couronnes qui ne se flétriront pas dans l’éternité. […]
Comme tous les peuples, la France avait été appelée : la France, nous l’avons vu, la première entre toutes les nations et au-dessus de toutes les autres, répondit à sa vocation. Mais il ne suffit pas de répondre à sa vocation, il faut persévérer. La France a-t-elle persévéré ? A cette question, Messieurs, j’ai à faire une triste, une cruelle réponse ; je la ferai. Je dirai le mal, comme j’ai dit le bien ; je blâmerai, comme j’ai loué, toujours sans exagération, mais toujours avec énergie ».
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L’hymne royal français jusqu’en 1792
L’hymne royal français jusqu’en 1792 a été le « Domine, salvum fac regem, Grand Dieu sauve le Roi » écrit en 1686 par la duchesse de Brinon, supérieure des Demoiselles de Saint-Cyr sur une musique de Jean-Baptiste Lully. En voici les paroles :
Grand Dieu sauve le Roi !
Longs jours à notre Roi !
Vive le Roi
À lui la victoire
Bonheur et gloire
Qu’il ait un règne heureux
Et l’appui des Cieux
Que Dieu sauve le Roi
Que Dieu venge le Roi
Vive le Roi !
Que toujours Glorieux
Louis Victorieux
Voye ses ennemis
Toujours soumis
Que Dieu sauve le Roi !
Que Dieu venge le Roi !
Vive le Roi
En 1785, Antoine Charpentier fit une adaptation de "Grand Dieu sauve le Roy" pour Louis XVI : « Dieu sauve le Roi », sur la même musique, et dont les paroles sont :
« De notre jeune Roi prends pitié Dieu puissant,
Dieu bienfaisant !
Contre les oppresseurs que ton bras foudroyant
Signale son pouvoir ; c’est l’effroi du méchant.
C’est le fils de Louis, c’est le sang de Henri,
Ce sang chéri
Que ces titres sacrés t’intéressent pour lui,
Dieu juste, des bons Rois tu dois être l’appui.
Il est infortuné ce jeune et faible Roi,
Tu sais pourquoi
Il est fils de ces Rois, protecteurs de ta loi,
Protège un tel enfant, venge-le, venge-toi.
Grand Dieu, du haut des Cieux , écoute tes sujets,
Les vrais Français,
Dans leurs justes douleurs, exauce leurs souhaits
Sauve le Roi, la France et leur donne la paix. »
Ces deux hymnes ont été ensuite adaptés et repris par les Anglais pour devenir le "God save the queen /king » ;par la Russie ("God save the tsar") et l’Allemagne ("Gott erhalte Franz den Kaiser", "Dieu sauve l’Empereur Franz", adapté par Haydn en 1797, hymne tant de l’empereur du saint Empire romain germanique, dans la version originale "Gott, schütze Unser Kaiser !", que du Roi de Prusse, ou de l’Empereur d’Autriche-Hongrie, pays où il est chanté dans toutes les écoles jusqu’en 1918..
Source : le salon beige