Le grand désir que Notre-Seigneur a que son Sacré Coeur soit honoré

vendredi 3 juin 2016
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Fête du Sacré-Cœur de Jésus
Le grand désir que Notre-Seigneur a que son Sacré Coeur
soit honoré afin de renouveler dans les âmes les effets de sa Rédemption



« C’était le 27 décembre 1673, fête de saint Jean l’Évangéliste. Soeur Marguerite-Marie, ayant un peu plus de loisir qu’à l’ordinaire, priait devant le saint Sacrement. Avec une force indicible, elle se sent toute investie de la divine présence. Mais, écoutons-la raconter elle-même ce qui suit. La scène est d’une grandeur sans égale.

« Je m’oubliai de moi-même et du lieu où j’étais et je m’abandonnai à ce divin Esprit, livrant mon [cœur] à la force de son amour. Il me fit reposer fort longtemps sur sa divine poitrine, où il me découvrit les merveilles de son amour et les secrets inexplicables de son sacré Coeur, qu’il m’avait toujours tenus cachés jusqu’alors, qu’il me l’ouvrit pour la première fois, mais d’une manière si effective et sensible, qu’il ne me laissa aucun lieu d’en douter, pour les effets que cette grâce produi[sit] en moi, qui crains pourtant toujours de me tromper en tout ce que je dis se passer en moi. Et voici comme il me semble la chose s’être passée « Il me dit : — Mon divin Coeur est si passionné d’amour pour les hommes, et pour toi en particulier, que, ne pouvant plus contenir en lui-même les flammes de son ardente charité, il faut qu’il les répande par ton moyen, et qu’il se manifeste à eux, pour les enrichir de ses précieux trésors que je te découvre, et qui contiennent les grâces sanctifiantes et salutaires nécessaires pour les retirer de l’abîme de perdition ; et je t’ai choisie comme un abîme d’indignité et d’ignorance pour l’accomplissement de ce grand dessein, afin que tout soit fait par moi. »

« Après, il me demanda mon coeur, lequel je le suppliai de prendre, ce qu’il fit, et le mit dans le sien adorable, dans lequel il me le fit voir comme un petit atome, qui se consommait dans cette ardente fournaise, d’où le retirant comme une flamme ardente en forme de coeur, il [le] remit dans le lieu où il l’avait pris, en me disant : — Voilà, ma bien-aimée, un précieux gage de mon amour, qui renferme dans ton côté une petite étincelle de ses plais vives flammes, pour te servir de coeur et te consommer jusqu’au dernier moment, et dont l’ardeur ne s’éteindra, ni ne pourra trouver de rafraîchissement que quelque peu dans la saignée, dont je marquerai tellement le sang de ma croix, qu’elle t’apportera plus d’humiliation et de souffrance que de soulagement. (69) C’est pourquoi je veux que tu la demandes simplement, tant pour pratiquer ce qui vous est ordonné que pour te donner la consolation de répandre ton sang sur la croix des humiliations. Et pour marque que la grande grâce que je te viens de faire n’est point une imagination, et qu’elle est le fondement de toutes celles que j’ai encore à te faire, quoique j’aie refermé la plaie de ton côté, la douleur t’en restera pour toujours ; et si, jusqu’à présent, tu n’as pris que le nom de mon esclave, je te donne celui de la disciple bien-aimée de mon sacré Coeur. »

« Après une faveur si grande et qui dura une si longue espace (1) de temps, pendant lequel je ne savais si j’étais au ciel ou en terre, je demeurai plusieurs jours comme toute embrasée et enivrée, et tellement hors de moi que je ne pouvais en revenir pour dire une parole qu’avec violence, et m’en fallait faire une si grande pour me récréer et pour manger que je me trouvais au bout de mes forces pour surmonter ma peine : ce qui me causait une extrême humiliation. Et je ne pouvais dormir, car cette plaie, dont la douleur m’est si précieuse, me cause de si vives ardeurs qu’elle me consomme et me fait brûler toute vive. Et je me sentais une si grande plénitude de Dieu, que je ne pouvais m’exprimer à ma supérieure comme je l’aurais souhaitée (2). »

Le Coeur de Jésus n’avait pas dit son dernier mot à Soeur Marguerite-Marie. Elle va le voir encore, et ce sera tel qu’elle l’aura vu et qu’elle le dépeindra, que les âmes aimeront, dans la suite, à contempler le Sacré Coeur.

L’amour immense que Notre Seigneur a eu pour les hommes avait été la source de toutes ses souffrances

« Ce Coeur divin me fut représenté », dit-elle, « comme dans un trône tout de feu et de flammes, rayonnant de tous côtés, plus brillant que le soleil et transparent comme un cristal. La plaie qu’il reçut sur la Croix y paraissait visiblement. Il y avait une couronne d’épines autour de ce divin Coeur et une croix au-dessus. Mon divin Maître me fit entendre que ces instruments de sa Passion signifiaient que l’amour immense qu’il a eu pour les hommes avait été la source de toutes ses souffrances ; que, dès le premier instant de son Incarnation, tous ces tourments lui avaient été présents, et que ce fut dès ce premier moment que la croix fut, pour ainsi dire, plantée dans son Coeur ; qu’il accepta, dès lors, toutes les douleurs et humiliations que sa sainte Humanité devait souffrir pendant le cours de sa vie mortelle, et même les outragés auxquels son amour pour les hommes l’exposait jusqu’à la fin des siècles, dans le saint Sacrement. Il me fit connaître ensuite que le grand désir qu’il avait d’être parfaitement aimé des hommes lui avait fait former le dessein de leur manifester son Coeur, et de leur donner, dans ces derniers siècles, ce dernier effort de son amour, en leur proposant un objet et un moyen si propre pour les engager à l’aimer, et à l’aimer solidement, leur ouvrant tous les trésors d’amour, de miséricorde, de grâce, de sanctification et de salut qu’il contient, afin que tous ceux qui voudraient lui rendre et lui procurer tout l’honneur et l’amour qui leur serait possible, fussent enrichis avec profusion des divins trésors dont il est la source féconde et inaltérable.

« J’ai une soif ardente d’être honoré des hommes dans le saint Sacrement »

« Il m’a encore assuré qu’il prenait un singulier plaisir d’être honoré sous la figure de ce Coeur . de chair, dont il voulait que l’image fût exposée en public, afin, ajouta-t-il, de toucher le coeur insensible des hommes, me promettant qu’il répandrait avec abondance sur le coeur de tous ceux qui l’honoreront tous les trésors de grâces dont il est rempli et que partout où cette image (72) serait exposée, pour y être singulièrement honorée, elle y attirerait toutes sortes de bénédictions. « Mais, voici cependant ce qui [me] causa une espèce de supplice, qui me fut plus sensible que toutes les autres peines dont j’ai parlé : c’est lorsque cet aimable Coeur me fut présenté, avec ces paroles : — J’ai une soif ardente d’être honoré des hommes dans le saint Sacrement, et je ne trouve presque personne qui s’efforce, selon mon désir, de me désaltérer, usant envers moi de quelque retour (1). »

C’en était trop pour une âme aussi aimante. La pensée que le souverain Amour n’était pas aimé lui devint comme un glaive qui transperçait incessamment son coeur.
Les premiers vendredis du mois, elle était conviée à d’ineffables délices. « Ce sacré Coeur m’était « représenté comme un soleil brillant d’une éclatante lumière, dont les rayons tout ardents donnaient à plomb sur mon coeur, qui se sentait d’abord embrasé d’un feu si ardent qu’il me semblait m’aller réduire en cendres, et c’était particulièrement en ce temps-là que ce divin Maître m’enseignait ce qu’il voulait de moi, et me découvrait les secrets de cet aimable Coeur.

Et une fois, entre les autres, que le saint Sacrement était exposé, après m’être sentie retirée toute au-dedans de moi-même, par un recueillement extraordinaire de tous mes sens et puissances, Jésus-Christ, mon doux Maître, se présenta à moi, tout éclatant de gloire, avec ses cinq plaies, brillantes comme cinq soleils, et de cette sacrée Humanité, sortaient des flammes de toute part, mais surtout de son adorable poitrine, qui ressemblait une fournaise, et, s’étant ouverte, me découvrit son tout aimant et tout aimable Coeur, qui était la vive source de ces flammes. Ce fut alors qu’il me découvrit les merveilles inexplicables de son pur [amour] et jusqu’à quel excès il l’avait porté d’aimer les hommes, dont il ne recevait que des ingratitudes et méconnaissances. »

« Ce qui m’est beaucoup plus sensible, me dit-il, que tout ce que j’ai souffert en ma Passion ; d’autant que s’ils [me] rendaient quelque retour [d’]amour, j’estimerais peu tout ce que j’ai fait pour eux, et voudrais, s’il se pouvait, en faire encore davantage. Mais ils n’ont que des froideurs et du rebut pour tous mes empressements à leur faire du bien. Mais, du moins, donne-moi ce plaisir de suppléer à leurs ingratitudes autant que tu en pourras être capable. — Et lui remontrant mon impuissance, il me répondit : —Tiens, voilà de quoi suppléer à tout ce qui te manque. »

« Et en même temps ce divin Coeur s’étant ouvert, il en sortit une flamme si ardente que je pensai en être consommée ; car j’en fus toute pénétrée et ne pouvais plus la soutenir, lorsque je lui demandai d’avoir pitié de ma faiblesse. — Je serai ta force, me dit-il, ne crains rien, mais sois attentive à ma voix et à ce que je te demande pour te disposer à l’accomplissement [de] mes desseins. Premièrement ; tu me recevras dans le saint Sacrement, autant que l’obéissance te le voudra permettre, quelque mortification et humiliation, qui t’en doivent arriver, lesquelles tu dois recevoir comme (76) des gages de mon amour. Tu communieras, de plus, tous les premiers vendredis de chaque mois. Et toutes les nuits du jeudi au vendredi je te ferai participer à cette mortelle tristesse que j’ai bien voulu sentir au jardin des Olives, et laquelle tristesse te réduira, sans que tu la puisses comprendre, à une espèce d’agonie, plus rude à supporter. que la mort. Et pour m’accompagner dans cette humble prière que je présentai alors à mon Père parmi toutes mes angoisses, tu te lèveras entre onze heures et minuit, pour te prosterner pendant une heure avec moi, la face contre terre, tant pour apaiser la divine colère, en demandant miséricorde pour les pécheurs, que pour adoucir en quelque façon l’amertume que je sentais de l’abandon de mes apôtres, qui m’obligea à leur reprocher qu’ils n’avaient pu veiller une heure avec moi, et pendant cette heure, tu feras ce que je t’enseignerai »

En 1675, le jeudi de la Fête-Dieu tombait le 13 juin. L’octave de la fête s’étendait donc jusqu’au 20 juin inclusivement. Nous sommes à cette époque mémorable.

« Étant une fois devant le saint Sacrement, un jour de son octave, » écrit la Sainte (1), je reçus de mon Dieu des grâces excessives, de son amour, et me sentis touchée du désir de quelque retour et de lui rendre amour pour amour. Et il me dit : —Tu ne m’en peux rendre un plus grand qu’en faisant ce que je t’ai déjà tant de fois demandé. — Alors, me découvrant son divin Cœur : — Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes, qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour ; et pour reconnaissance, je ne reçois dé la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris qu’ils ont pour moi dans ce sacrement d’amour. Mais ce qui m’est encore le plus sensible, est que ce sont des coeurs qui me sont consacrés qui en usent ainsi. C’est pour cela que je te demande que le premier vendredi d’après l’octave du saint Sacrement soit dédié à une fête particulière pour honorer mon Coeur, en communiant ce jour-là, et en lui faisant réparation d’honneur, par une amende honorable, pour réparer les indignités qu’il a reçues pendant le temps qu’il a été exposé sur les autels. Je te promets aussi que mon Coeur se dilatera, pour répandre avec abondance les influences de son divin amour sur ceux qui lui rendront cet honneur, et qui procureront qu’il lui soit rendu. — Et répondant à cela que je ne savais comme pouvoir accomplir ce qu’il désirait de moi depuis tant de temps, il me dit de m’adresser à son serviteur, qu’il m’avait envoyé pour l’accomplissement de ce dessein.

Et l’ayant fait, il m’ordonna de mettre par écrit ce que je lui avais [dit] touchant le sacré Coeur de Jésus-Christ ; et plusieurs autres choses qui le regardaient pour la gloire de Dieu (1). »

« Mais, mon Seigneur », lui dit-elle, « à qui vous adressez-vous ? à une si chétive créature et pauvre pécheur, que son indignité serait même capable d’empêcher l’accomplissement de votre dessein. Vous avez tant d’âmes généreuses pour exécuter vos desseins. — Eh ! pauvre innocent que tu es, ne sais-tu pas que je me sers des sujets les plus faibles pour confondre les forts ; que c’est ordinairement les plus petits et les pauvres d’esprit sur lesquels je vois ma puissance avec plus d’éclat, afin qu’ils ne s’attribuent rien à eux-mêmes ? — Donnez-moi donc, je lui dis, le moyen de faire ce que vous me commandez. — Pour lors, il m’ajouta : — Adresse-toi à mon, serviteur N. [le Père de la Colombière] et lui dis de ma part de faire son possible pour établir cette dévotion et donner ce plaisir à mon divin Coeur. Qu’il ne se décourage point pour les difficultés qu’il y rencontrera, car il n’en manquera pas ; mais il doit savoir que celui-là est tout-puissant qui se défie entièrement de soi-même pour se confier uniquement à moi. »

Lorsque l’on eut fait l’ouverture du jubilé (1), Notre-Seigneur lui fit voir dans une sévérité de juge que sa justice était moins irritée contre les infidèles que contre « son peuple choisi, » qui s’était révolté contre lui. Saisie d’angoisse en face de cette vérité, l’humble Soeur ne se lassait pas de prier pour les pécheurs. Son ardeur est encore stimulée par cette consolante parole, tombée des lèvres de son Dieu : « Une âme juste peut obtenir le pardon pour mille criminelles. » Mais il lui dit aussi : — Pleure et soupire sans cesse mon sang, répandu inutilement sur tant d’âmes qui en font un si grand abus dans ces indulgences, qui se contentent de couper les mauvaises herbes qui sont crues dans leurs coeurs, sans jamais en vouloir ôter la racine. Mais, malheur à ces âmes qui demeurent souillées et altérées au milieu de la source des eaux vives, puisqu’[elles] ne seront jamais purgées ni désaltérées ! — Mon Seigneur et mon Dieu », lui dit-elle, en regardant son Coeur sacré, il faut que votre miséricorde loge ici toutes ces âmes infidèles, afin qu’elles s’y justifient, pour vous glorifier éternellement. — Oui, je le ferai., si tu m’en veux promettre un parfait amendement. — Mais vous savez bien, mon Dieu, que cela n’est pas à mon pouvoir, si vous-même ne le faites, en rendant efficaces les mérites de votre sainte Passion. » —

Alors, il lui apprit ce qu’elle devait faire pendant ce jubilé : Offrir au Père éternel 1° les surabondantes satisfactions du sacrifice de son Fils sur la Croix, pour la conversion des pécheurs ; 2° les ardeurs de son Coeur sacré, pour compenser la tiédeur et lâcheté du peuple choisi ; 3° la soumission de son adorable volonté à son Père, afin que ses mérites obtiennent l’accomplissement de toutes les volontés divines.

A la Soeur des Escures, elle écrit ce mot profond : « Il .me semble que le grand désir que Notre-Seigneur a que son sacré Coeur soit honoré, par quelque hommage particulier, est afin de renouveler dans les âmes les effets de sa Rédemption, en faisant de ce sacré Coeur comme un second Médiateur envers Dieu pour les hommes. »

Les grâces de la Communion de neuf premiers vendredis des mois

« Un jour de vendredi, pendant la sainte communion, il dit ces paroles à son indigne esclave, si elle ne se trompe : — Je te promets, dans l’excessive miséricorde de mon Coeur, que son amour tout-puissant accordera, à tous ceux qui communieront neuf premiers vendredis des mois, de suite, la grâce de la pénitence finale, ne mourant point dans ma disgrâce et sans recevoir leurs sacrements, mon divin Coeur se rendant leur asile assuré au dernier moment »

Ce qu’elle a entendu, elle le répète. Peut-être objectera-t-on : elle n’a pas compris — cela ne peut avoir été dit. Changeons nos pensées, croyons que rien n’est impossible à Dieu, surtout quand il a résolu de manifester l’excessive miséricorde de son Coeur.

232Ce qui charmait Soeur Marguerite-Marie, c’était de voir cette dévote chapelle très fréquentée de toutes les Soeurs, et devenue le but de pieux pèlerinages de la part de la Communauté, surtout les premiers vendredis du mois, que l’on s’y rendait en procession, chantant les litanies du Sacré Cœur et renouvelant l’amende honorable avec la consécration.

La dévotion au Sacré Coeur lui est montrée comme un bel arbre, dont les fruits sont des fruits de vie et de salut éternel

Un jour, la dévotion au Sacré Coeur lui est montrée comme un bel arbre, que Dieu avait destiné, de toute éternité, pour prendre son germe et ses racines dans l’Institut de la Visitation. Les fruits de cet arbre sont des fruits de vie et de salut éternel.

Chaque âme peut en cueillir à son gré et selon son goût. Le divin Coeur veut que les Filles de la Visitation distribuent les fruits de cet arbre sacré avec abondance à tous ceux qui désireront d’en manger, sans crainte qu’ils leur manquent. « Mais, » continue-t-elle, dans la même lettre à la Mère de Saumaise, « il ne veut pas s’en arrêter là ; il a encore de plus grands desseins, qui ne peuvent être exécutés que par sa toute-puissance, qui peut tout ce qu’elle veut (1). »

Messages dont Notre-Seigneur la charge pour le roi de France

Alors, avec autant de candeur qu’elle en mettrait à rapporter la chose la plus facile du monde, elle redit les messages dont Notre-Seigneur la charge pour le roi de France : « Fais savoir au fils aîné de mon sacré Coeur — parlant de notre roi (2) —. » Et, elle expose nettement tous les désirs du Coeur de Jésus.

Il veut régner dans le palais du roi, mais surtout dans son coeur.

Il veut être peint sur ses étendards et gravé dans ses armes, pour les rendre victorieuses.

Il veut le voir lui élever un temple, où le tableau du Sacré Coeur serait exposé, afin d’y recevoir la consécration et les hommages du roi et de toute la cour.

Enfin, « il l’a choisi comme son fidèle ami, pour faire autoriser la messe en son honneur, par le Saint-Siège apostolique, et en obtenir tous les autres privilèges qui doivent accompagner cette dévotion de ce sacré Coeur (1). »

Puis elle déroule tout le plan de réussite, tel qu’il lui a été surnaturellement suggéré. Dieu a choisi le Révérend Père de la Chaise pour avertir le roi. La Mère de- Saumaise devra s’employer à faire agir l’éminent jésuite, mais la Soeur Alacoque restera cachée. « Je vous demande toujours le secret pour tout ce que je vous dis (2). »
La Mère de Saumaise, qui ne rejette aucune proposition venant de Soeur Marguerite-Marie, accepte encore celle-ci, et se sent inspirée de se servir de l’intermédiaire de la Mère Marie-Louise Croiset, supérieure du monastère de Chaillot, où venait de se réfugier l’infortunée reine d’Angleterre, Marie-Béatrix d’Este, cette ancienne duchesse d’York, dont le Père de la Colombière avait été prédicateur. A la faveur de telles entremises, ne finirait-on point par arriver jusqu’à Louis XIV ? Voilà ce qu’on se proposait. Qu’a-t-on obtenu ?

On a pu dire et penser bien des choses sur ce grand sujet. Là vérité est qu’aucun document ne demeure des négociations entreprises et qu’elles sont alors restées sans effet. Le roi n’eut-il pas connaissance de l’avertissement céleste ? ou, l’ayant connu, n’eut-il pas le courage de s’y conformer ?. »

« Bien que ce soit le secret de Dieu, les événements ultérieurs sembleraient plutôt permettre de croire à cette dernière hypothèse. S’il n’y avait eu, dans la famille royale, une tradition quelconque du message fait à Louis XIV, le voeu de Louis XVI aurait-il contenu si explicitement ces diverses clauses : — de prendre les mesures nécessaires pour établir une fête solennelle en l’honneur du sacré Coeur de Jésus, laquelle serait célébrée, à perpétuité, dans toute la France, le premier vendredi d’après l’octave du Saint-Sacrement ; — de consacrer au Sacré Coeur sa personne, sa famille et son royaume ; — d’ériger et de décorer à ses frais, dans une église à son choix, une chapelle ou un autel au Sacré Coeur ?

Il est encourageant de se rappeler ce qu’écrivait la Sainte : « Une chose qui me console fort, c’est que j’espère qu’en échange des amertumes que ce divin Coeur a souffertes dans les palais des grands, pendant les ignominies de sa Passion, cette dévotion l’y fera recevoir avec magnificence avec le temps (1). Et quand je lui présentais « mes petites requêtes sur toutes ces choses qui semblaient difficiles à obtenir, il me semblait entendre ces paroles : — Crois-tu que je le puisse faire ? Si tu le crois, tu verras la puissance de mon Coeur dans la magnificence de mon amour (2). »

Quoi qu’il en soit, à deux siècles de distance, et en attendant davantage, la France s’est souvenue de 1689 et du désir du Roi des rois. Elle s’est consacrée au Sacré Coeur, et le temple qui domine sa capitale, publie à la face du ciel et de la terre, qu’elle se proclame la nation pénitente et dévouée : Gallia paenitens et devota !

Depuis la grande guerre, elle aune encore à se proclamer la Nation RECONNAISSANTE : « Christo ejusque Sacratissimo Cordi, Gallia paenitens, devota et grata. »

En effet, la vraie France ne peut méconnaître qu’elle doit sa victoire au Coeur sacré de Jésus, qui donna tant de vaillance et d’héroïsme à nos soldats, pour faire triompher sa cause. Et c’est pourquoi, au lendemain de cette sanglante tragédie, la Consécration de la Basilique du Voeu national, sur la colline de Montmartre, revêtit un caractère de splendeur et de solennité qui dépassa tout ce qu’on pouvait espérer.

Le Pape — Sa Sainteté Benoît XV — y envoya un Légat — Son Éminence le Cardinal Vico. — Les fêtes furent magnifiques. Et notre Sainte y eut sa place d’honneur, car, tandis que des voix éloquentes y redirent ses vertus et la gloire de sa mission d’Apôtre du Sacré Coeur, des parcelles de ses ossements précieux furent déposées non seulement dans l’autel de sa chapelle propre, mais encore dans le maître-autel de la Basilique, avec celles du glorieux martyr saint Denys. Qu’eût-elle dit, l’humble Marguerite de Paray, si, en 1689, on avait soulevé devant elle le voile de l’avenir, et si on lui avait fait lire, à la date du 16 octobre 1919, (238) cette consolante page de notre histoire nationale ? »

Et maintenant, ô Sainte Marguerite-Marie, continuez votre mission. Soyez toujours pour le monde la messagère du Sacré Coeur ! Révélez-nous toujours davantage son amour ! Qu’il règne, qu’il règne, ce Coeur adorable et infiniment miséricordieux ! A Lui, louange et gloire dans les siècles des siècles ! »

Extraits de la VIE DE SAINTE MARGUERITE-MARIE ALACOQUE
DE L’ORDRE DE LA VISITATION SAINTE-MARIE
Publiée par Le Monastère de Paray-le-Monial
PARIS Ancienne Librairie POUSSIELGUE J. DE GIGORD, éditeur rue Cassette, 15
1923

1. Jusqu’à présent, on avait cru, mais sans preuve suffisante, qu’il s’agissait du jubilé publié par Innocent XI en 1681 et célébré dans le diocèse d’Autun du 10 au 24 mai 1682. Peut-être cette supposition reposait-elle simplement sur cette phrase du texte de la Sainte : « ce n’était pas tant à cause des infidèles que sa justice était irritée » etc., ce jubilé ayant surtout été accordé en vue de lutter, par les armes de la prière et de la pénitence, contre les audaces des Turcs. Mais 1° : Depuis longtemps déjà, les Musulmans affligeaient l’Église, et la Bulle de Clément X Ad apostolicae vocis orticulum, en date du 16 avril 1674, annonçant le jubilé de l’Année sainte 1675, fait mention des « Barbares qui menacent par terre et par mer l’illustre royaume de Pologne et d’autres provinces chrétiennes. — Vertite arma in immanes Barbares inclyto Poloniœ regno, aliisque Christianis provinciis, terra marisque imminentes.. : » 2° En compulsant très exactement un des plus anciens manuscrits de Paray, on est amené à conclure que les grâces dont parle Soeur Marguerite-Marie et qu’elle reçut au temps du jubilé, sont bien comprises dans ses Ecrits faits par ordre de la Mère de Saumaise, puisque, terminant le récit du passage qui nous occupe, elle ajoute ces lignes : « Quoiqu’avec une répugnance mortelle, je ne laisse d’écrire, par obéissance les grâces que mon Dieu m’a faites la troisième et quatrième année de religion. » Cela nous reporte justement aux années 1675-1676. Or, selon l’usage, le jubilé de l’Année sainte, qu’on célébra à Rome en 1675, fut étendu au monde chrétien l’année suivante : 3° Il est à remarquer que ce texte porte : « Lorsque l’on eut fait l’ouverture du Jubilé et non d’un Jubilé, ce qui semble faire plutôt allusion au jubilé ordinaire de l’Année sainte.
Ces diverses raisons nous décident à placer au cours des années 1675-1676 les enseignements reçus durant le jubilé, jusqu’à preuve positive qu’il puisse être ici question d’une autre époque.

Sites sources à consulter

abbaye Saint Benoît Vie de sainte Marguerite Marie

abbaye Saint Benoît Marguerite Marie

Jésus Christ en France Messages du Sacré Coeur de Jésus à la France

Pèlerinage de France Coeur de Jésus source de Miséricorde

À Paray-le-Monial, le Sacré-Cœur vient ranimer la flamme de notre amour refroidi

par Cotignac 500

Le Christ « passionné d’amour pour les hommes » constate avec douleur que « l’amour n’est pas aimé » et il se confie à Marguerite-Marie : « Voici ce cœur qui a tant aimé les hommes et qui n’en reçoit que des ingratitudes. » La demande de réparation publique par la fête solennelle du Sacré-Cœur sera exaucée au XIXe siècle, mais Jésus continue d’appeler tous les hommes à entrer en son intimité profonde pour devenir eux aussi les témoins et les apôtres de son amour.

Dans la première apparition du Sacré-Cœur à Paray-le-Monial (Saône-et-Loire), en juin 1675, Jésus vient révéler à Marguerite-Marie Alacoque (1647-1690), religieuse visitandine, que son cœur est passionné d’amour pour tous les hommes et qu’il l’est aussi pour elle en particulier. Elle en sera très frappée et confessera : « Je découvrais pour la première fois les merveilles de son amour qu’il m’avait tenue cachées. » Marguerite-Marie n’était pas une enfant, comme sont souvent les bénéficiaires des apparitions de la Vierge Marie : elle était une religieuse qui avait déjà une grande et belle connaissance et expérience de la foi, mais cette révélation lui apporte un supplément décisif et nouveau. Le message du Sacré-Cœur est une initiative du bien aimé qui veut se révéler comme tel. Il est certainement spécialement destiné aux chrétiens déjà engagés, pour les inviter à découvrir Jésus d’une manière nouvelle, à s’ouvrir à quelque chose de nouveau, de plus profond, de fondamental.

En reposant longuement sur le Cœur de Jésus, comme saint Jean à la Cène, Marguerite-Marie comprend qu’elle n’est pas seulement servante, mais disciple bien aimée du Seigneur. Elle prend conscience qu’elle n’avait pas encore tout compris et qu’elle est invitée par l’amour du Christ à transformer la relation qu’elle avait avec le Seigneur, parce qu’elle réalise qu’il l’aime passionnément et qu’il veut faire d’elle, comme de chacun de nous, la disciple bien aimée de son Sacré-Cœur. Jésus choisit Marguerite-Marie et il lui dit : « Je t’ai choisie comme un abîme d’indignité et d’ignorance. » Il y a pour elle comme pour nous une infinie distance avec le Christ, mais cela n’empêche rien, car il est tout amour.

Dans la deuxième grande apparition, Marguerite-Marie veut répondre à cette initiative du Christ : « J’aimerai Jésus et je veux lui rendre amour pour amour. » Elle veut entrer pleinement dans cette intimité, alors Jésus lui ouvre son Cœur et lui dit sa plainte et sa douleur, car « l’amour n’est pas aimé ». Il lui révèle comment il a été jusqu’au bout, comment il a donné sa vie, son corps, et la grandeur de sa douleur devant les refus et les indifférences des hommes. Il invite Marguerite-Marie et chacun de nous à suppléer à l’ingratitude des hommes. Et toi, le veux-tu ? J’ai fait un cadeau à tous les hommes pour les combler du Ciel, je leur ai tout donné, mais ce cadeau n’est pas accueilli. C’est un message centré sur l’Eucharistie. Marguerite-Marie dit oui : « Moi je veux bien accueillir ton amour. » C’est la fresque qui est dans la chapelle du couvent, connue sous le nom de chapelle des apparitions : le Christ en Croix avec ses plaies rayonnantes se donne à Marguerite-Marie, qui est au pied de la Croix, à la place de Jean.

Dans ce deuxième temps, Jésus lui fait trois demandes : 1°/ recevoir l’Eucharistie autant qu’elle le peut, 2°/ la dévotion du 1er vendredi du mois qui n’est pas seulement un rite à faire, mais surtout un feu, un cœur à cœur, une joie de passer du temps avec Jésus, et 3°/ l’Heure sainte, ce temps de prière de 23h à minuit le jeudi soir, au pied de son lit ou n’importe où, pour accompagner Jésus dans son agonie au jardin des Oliviers.

Lors de la troisième et dernière grande apparition, Jésus demande l’institution de la fête du Sacré-Cœur : « Voici ce cœur qui a tant aimé les hommes. » Comme il n’en reçoit que des ingratitudes, le Seigneur demande une réparation publique, une fête pour honorer son Cœur, pour montrer à tous les hommes qu’il est « passionné d’amour pour les hommes » comme il l’est pour Marguerite-Marie, qui doit à son tour répandre les flammes de son amour. Comme Jean aide ses frères à reconnaître le Seigneur lors de son apparition au bord du Lac de Tibériade, au chapitre 21 de l’Évangile de Jean, les disciples bien aimés du Sacré-Cœur doivent répandre et annoncer l’amour de Dieu.

Cette fête du Sacré-Cœur sera instituée à la fin du XIXe siècle par Léon XIII, après qu’il ait déjà consacré le monde au Sacré-Cœur de Jésus. Pie XI en instituera la fête du Christ Roi au début du XXe siècle comme un rappel de cette consécration. Auparavant, cette dévotion s’était doucement répandue, à partir du couvent des Sœurs de la Visitation d’abord, puis dans quelques villes comme Marseille, et quelques pays comme la Pologne, en 1765, mais il ne s’agit pas d’une innovation sans racines, puisque saint Jean Eudes avait déjà dans le passé dédié des messes au Sacré-Cœur en se fondant sur la source de l’Évangile, sur l’expérience du cœur de saint Jean et sur l’enseignement de saint Paul qui dès les premiers temps proclamait : « Qui nous séparera de l’amour du Christ ? »

De sainte Marguerite-Marie à sainte Faustine, nous découvrons le déploiement de ce message du Sacré-Cœur de Jésus : du Cœur ouvert de Jésus jaillissent des fleuves d’eaux vives, sources de la miséricorde. Combien de communautés trouvent leur fondement dans le Cœur de Jésus ? Entrons nous aussi dans cette amitié avec le Christ et soyons avec lui témoins de son amour passionné pour tous les hommes.

Père Benoit Guedas,
recteur de Paray-le-Monial

Vie de sainte Marguerite-Marie Alacoque

par Cotignac 500

Sainte Marguerite-Marie Alacoque (1647-1690) n’a pas inventé la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, très ancienne dans l’histoire chrétienne. Mais les révélations surnaturelles de Paray au XVIIe siècle constituent une étape décisive dans l’essor de ce culte.

Marguerite Alacoque est le cinquième enfant d’une famille bourguignonne propriétaire de quelques biens, où personne ne souffre de la misère. Elle mène une vie de prière dès l’enfance. Peu avant son neuvième anniversaire, elle prononce son vœu de virginité : « Ô, mon Dieu, je vous consacre ma pureté et vous fais vœu de perpétuelle chasteté. »

De 1660 à 1664, Marguerite souffre de paralysies la contraignant à garder la chambre. Un jour, elle supplie la Vierge d’intercéder pour sa guérison et lui fait la promesse de devenir religieuse. Elle recouvre aussitôt la santé. Pour remercier la Mère de Dieu, elle ajoute « Marie » à son prénom de baptême avec l’autorisation de Mgr Jean de Maupéou (+ 1677), évêque de Chalon-sur-Saône.

À quand remontent ses premières révélations ? Marguerite-Marie a une première vision du Seigneur après la mort de son père. À cette époque, elle le voit en croix ou sous l’aspect de l’Ecce Homo. Mais à partir de 1665, la jeune fille oublie un peu son projet de vie. Elle va au bal ; son oraison s’attiédit. Pourtant, une nuit, tandis qu’elle rentre tard, elle aperçoit le Christ en train d’être flagellé ; ce jour-là, il lui fait prendre conscience de son infidélité.

Marguerite-Marie revient à la prière et à l’ascèse. À quelle porte vais-je frapper, s’interroge-t-elle ? Parvenue au couvent des Visitandines de Paray, elle entend une voix : « C’est ici que je te veux. » En novembre 1672, elle y prononce ses vœux perpétuels. Peu à peu, ses sœurs s’interrogent : Marguerite-Marie allègue visions et locutions célestes ; ne serait-elle pas une affabulatrice ? Une visionnaire ? Une sorcière ?

À la Saint-Jean de 1673, elle tombe en extase et participe au repas du « disciple bien-aimé », la tête posée sur la poitrine de Jésus. Le 27 décembre suivant, Jésus apparaît. Il lui dit : « Mon divin Cœur est si passionné d’amour pour les hommes et pour toi en particulier, que ne pouvant plus contenir en lui-même les flammes de son ardente charité, il faut qu’il les répande par ton moyen et qu’il se manifeste à eux pour les enrichir de ses précieux trésors que je te découvre. »

En juin 1675, c’est la « grande apparition » : la future sainte voit le Christ lui montrant son Cœur en prononçant ces mots : « Voici ce Cœur qui a tant aimé les hommes, jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart qu’ingratitude. »

Jésus demande alors à la sainte la fête du Sacré-Cœur : « Je te demande que le premier vendredi après l’octave du Saint-Sacrement soit dédié à une fête particulière pour honorer mon Cœur. » C’est la « grande promesse » faite à la religieuse. « Mon divin Cœur est passionné d’amour pour les hommes, et pour toi en particulier », lui confie le Seigneur peu après. Marguerite-Marie sait alors qu’elle a reçu mission de faire connaître davantage le Sacré-Cœur. Le Christ la surnomme la « disciple bien-aimée du Cœur Sacré ».

Dieu lui demande la communion des premiers vendredis du mois ainsi que la pratique de « l’heure sainte » : le premier jeudi de chaque mois, de 23 heures à minuit, étendue sur le sol, face à la croix, le visage contre le sol, afin de partager la tristesse du Christ avant sa Passion.

Nous connaissons au moins deux autres visions de la sainte : un jour, tandis qu’elle va communier entre les mains de son directeur spirituel, le jésuite Claude La Colombière, futur répétiteur des fils de Colbert, supérieur du couvent de la Visitation de Paray et chapelain de l’épouse du roi Jacques II d’Angleterre, elle voit « trois cœurs » : un « grand » (celui de Jésus), uni à deux cœurs plus petits, ceux de Marguerite-Marie et de Claude. Le 2 juillet 1688, elle voit le Christ entouré de flammes, symbolisant le feu de son amour. La Vierge tourne son visage vers Marguerite-Marie et présente le Cœur de son Fils à saint François de Sales et à Claude La Colombière, ce « vrai et parfait ami », canonisé par Jean-Paul II en 1992. Cette vision est représentée sous l’aspect d’une fresque dans l’abside de l’église de Paray.

Une précieuse documentation sur ces faits est contenue dans les œuvres posthumes du Père La Colombière (1684). Le théologien y évoque pour la première fois les révélations faites à Marguerite-Marie qui, à cette date, est devenue maîtresse des novices.

La religieuse aurait reçu deux messages pour Louis XIV, les 17 juin et 28 août 1689, demandant au Roi-Soleil de consacrer la France au Sacré-Cœur et de coudre son image sur les drapeaux. En vain : le souverain ne répondit pas.

Les faits de Paray marquent un tournant dans l’histoire de la dévotion du Sacré-Cœur. Lorsque Marguerite-Marie est élevée sur les autels en 1920, le pape insère les « douze promesses » du Christ révélées en 1673 dans la bulle de canonisation.

Les pèlerins affluent au sanctuaire bourguignon. Dès 1689, la fête du Sacré-Cœur est célébrée à Dijon. Le 15 octobre 1714 débute l’enquête diocésaine pour la béatification de Marguerite-Marie. En 1721, Antoine-François de Montcley, évêque d’Autun, adapte cette fête dans tout son diocèse. Parallèlement, la sœur Anne-Madeline Rémusat et Mgr Henri François-Xavier de Belsunce, évêque de Marseille, placent le Sacré-Cœur au sommet de la spiritualité en demandant sa protection pendant l’épidémie de peste de 1720. Dans les années 1760, Rome reçoit des centaines de demandes pour que la fête du Sacré-Cœur soit étendue à l’Église entière. En 1765, le pape Clément XIII l’instaure en Pologne puis dans chaque diocèse français.

Le Sacré-Cœur émeut jusqu’à la cour de Versailles. Le Dauphin de France, fils de Louis XV, fait installer un autel dédié au Sacré-Cœur dans la chapelle du château.

Après la tourmente révolutionnaire, Pie IX étend ce culte à l’Église catholique (23 août 1856). En 1899, Léon XIII consacre l’humanité entière au Sacré-Cœur. Enfin, en janvier 1929, le Saint-Siège mentionne pour la première fois le lien étroit entre Paray et la dévotion au Sacré-Cœur (nouvel office liturgique).

En réalité, ce culte rendu au Cœur de Jésus existe bien avant le XVIIe siècle. Il tire son origine de l’épisode évangélique au cours duquel saint Jean repose sa tête sur le Cœur de Jésus lors de la Cène (Jean XIII, 23) ; ainsi, c’est lui qui élabore l’Évangile le plus spirituel. Jésus lui-même proclamait : « Je suis doux et humble de cœur » (Matthieu XI, 29). Après la crucifixion, le Cœur du Christ est percé par la lance du soldat et il en sort du sang et de l’eau (Jean XIX, 32-34) : même après sa mort, le Christ continue de se donner aux hommes, jusqu’à la dernière goutte de sang. Au cours du temps, saints et mystiques confessent leurs révélations reçues à ce sujet : sainte Catherine de Sienne, sainte Gertrude d’Hefta, Ludolphe le Chartreux, saint François de Sales…

En octobre 1672, saint Jean Eudes fait célébrer dans les couvents de sa congrégation une « messe du Sacré-Cœur », anticipant les faits de Paray au cours desquels le Ciel s’ouvre en faveur du monde. Son action spirituelle est poursuivie au XIXe siècle par une religieuse d’origine allemande, sœur Marie du Divin Cœur (+ 1899), de la congrégation du Bon-Pasteur, au Portugal.

Les douze promesses de Jésus transmises à sainte Marguerite-Marie à propos des âmes qui auront une dévotion pour le Sacré-Cœur :

1. Je leur donnerai toutes les grâces nécessaires dans leur état.
2. Je mettrai la paix dans leur famille.
3. Je les consolerai dans toutes leurs peines.
4. Je serai leur refuge assuré pendant la vie et surtout à la mort.
5. Je répandrai d’abondantes bénédictions sur toutes leurs entreprises.
6. Les pécheurs trouveront dans mon Cœur la source et l’océan infini de la miséricorde.
7. Les âmes tièdes deviendront ferventes.
8. Les âmes ferventes s’élèveront à une grande perfection.
9. Je bénirai même les maisons où l’image de mon Cœur sera exposée et honorée.
10. Je donnerai aux prêtres le talent de toucher les cœurs les plus endurcis.
11. Les personnes qui propageront cette dévotion auront leur nom écrit dans mon Cœur, et il n’en sera jamais effacé.
12. Je te promets, dans l’excès de la miséricorde de mon Cœur, que mon amour tout puissant accordera à tous ceux qui communieront les premiers vendredis, neuf fois de suite, la grâce de la pénitence finale, qu’ils ne mourront point dans ma disgrâce, ni sans recevoir les sacrements, et que mon Cœur se rendra leur asile assuré à cette heure dernière.

Sources documentaires :

- Père Guédas Benoit, Le réveil de la miséricorde, Emmanuel, 2015.
- Collectif, Le Message du Sacré-Cœur de Jésus, Source de Miséricorde, 2014.
- Benoist Jacques, « Marguerite-Marie Alacoque (sainte) », dans Patrick Sbalchiero (sous la dir. de), Dictionnaire des miracles et de l’extraordinaire chrétiens, Paris, Fayard, p. 494-496.
- Glotin Édouard, La Bible du Cœur de Jésus, Paris, presses de la Renaissance, 2007.
- Ladame Jean, Les Faits mystiques de Paray, Résiac, 1991.
- Id., Marguerite-Marie, la sainte de Paray, Résiac, 1994.
- Le Brun Jacques, « Une lecture historique des écrits de Marguerite-Marie Alacoque », dans Nouvelles de l’Institut Catholique de Paris, Les Visions mystiques, 1977, p. 38-53.