Quelle leçon tirer un an après l’assassinat du Père Hamel ? Deux voies se présentent à celui qui reconnait qu’il n’y a qu’un seul Dieu. Ou il se tourne vers Dieu, ou il se tourne vers une image recomposée, mais qui n’est pas Dieu
par Cyril Brun
« Alors que nous commémorons ces jours-ci le premier anniversaire de l’assassinat du Père Hamel et que certains discours politiques amalgament un peu rapidement faits, causes et conséquences, il n’est pas inutile de rappeler que c’est bien au nom de sa divinité que le terroriste (appelons les choses par leur nom) a égorgé, sur l’autel, le prêtre qui agissait en lieu et place du Christ, Dieu et fils de Dieu.
Il semble que l’affirmation de l’unicité de Dieu soit équivoque et laisse prise à de nombreuses interprétations. Mais avant tout autre chose pouvons-nous affirmer, en dehors de la révélation divine et de l’apport de la foi que Dieu est unique ? Aristote l’a fait il y a déjà fort longtemps. Son fameux premier moteur immobile est unique parce qu’il existe un être, non limité et infini. Deux infinis ne pouvant se trouver côte à côte, si Dieu est, il est forcément unique. L’objet ici n’étant pas de démontrer l’existence de Dieu, ni son unicité, je n’entrerai pas dans les arcanes de cette question. L’intérêt de cette unicité démontrée par le Philosophe est de poser un Dieu sans contraire, sans rival, si l’on veut et sans vis-à-vis. Dieu est et par ce fait même, il englobe la plénitude de l’être. S’il est unique, il n’a pas plusieurs visages qui correspondraient aux différentes religions.
De cette vérité fondamentale, se réclament tous les monothéismes, c’est-à-dire, toutes les religions qui croient en l’existence d’un seul Dieu. Toutes ces religions, qui ne sont pas si nombreuses que cela, reconnaissent donc non pas un même Dieu, mais le fait qu’il n’y ait qu’un seul Dieu, ce qui est évidemment fort différent. Croire qu’il n’y a qu’un seul Dieu, ne nous dit pas tout ce qu’est Dieu. Et à partir de cette vérité première et fondamentale, les religions monothéistes diffèrent quant à ce qu’elles comprennent être Dieu.
Toutefois, si Dieu est unique, il ne peut y avoir plusieurs dieux différents. Ce qui signifie que parmi ceux qui croient en l’unicité de Dieu certains se tournent vers Dieu et d’autres vers des images recomposées et erronées de Dieu. Autrement dit ce n’est pas parce que nous croyons que Dieu est unique que nous croyons en Dieu. Nous ne croyons qu’en un aspect de sa divinité. Pour pouvoir parler de Dieu à bon escient, c’est-à-dire mettre les bonnes « définitions » sous le mot Dieu, encore faut-il véritablement parler de Lui.
De sorte que deux voies se présentent à celui qui reconnait qu’il n’y a qu’un seul Dieu. Ou il se tourne vers Dieu, ou il se tourne vers une image recomposée, mais qui n’est pas Dieu. Au mieux c’est une idole, au pire c’est Satan. Une idole est, de façon métonymique, un dieu. Car Dieu est celui vers qui nous allons, celui qui guide et commande notre vie par adhésion, attrait, amour. En ce sens étroit, certains font de mille choses secondaires leur dieu. En ce sens, une vision erronée de Dieu tourne des âmes et des cœurs, vers un faux dieu, une idole.
En définitive, il n’y a guère que deux choix, Dieu ou le néant. On ne peut donc dire que partager la foi en un Dieu unique signifie avoir le même Dieu. Partager la foi en l’unicité de Dieu est avoir un point commun avec les autres religions monothéistes, mais en aucune façon, il ne s’agit du même Dieu, puisque d’un côté l’adhésion à Dieu suppose d’être effectivement tourné vers Dieu, de l’autre l’adhésion à une image erronée de Dieu, conduit à regarder dans une autre direction que celle où Dieu se trouve effectivement.
A partir du moment où Dieu est unique, il n’y a pas ici ou là des bouts de Dieu. Ceux qui professent Dieu dans sa vérité croient en Dieu, ceux qui prêtent à Dieu d’autres attributs que les siens, ne parlent pas de Dieu, mais de leurs idoles. C’est exactement le processus du peuple hébreux et du veau d’or. Et ce petit « écart » n’a guère plût à Yahvé.
Ainsi donc, l’Islam affirme que Dieu est unique, mais ce que les Musulmans vénèrent n’est pas Dieu, mais une idole, un faux dieu, quelque chose qu’ils croient être « comme un dieu ». N’est-ce pas sans nous rappeler la tentation d’Eve : Vous serez comme des dieux ? Car qui se cache derrière l’illusion ? Qui tente de tromper sur l’image divine ? Qui propose à Jésus de déplacer son amour pour Dieu vers des réalités idolâtrées, et plus explicitement vers lui-même ? Satan prince du mensonge est derrière cette confusion. Fidèle à son habitude, il part du vrai, pour détourner vers le faux. Il part de l’unicité de Dieu, pour proposer ses idoles à la vénération.
Dieu est unique signifie qu’il n’y a pas plusieurs dieux, mais aussi qu’Il n’a pas plusieurs visages. Croire au Dieu unique n’est pas simplement croire Dieu unique, c’est adhérer à Dieu lui-même. Adhérer, même en toute bonne foi, à une autre image, fut-elle unique, c’est adorer des idoles, inertes, nous rappelle le prophète Elie. En définitive, celui qui donne une illusion de vie à ces idoles, est celui qui manie l’illusion à la perfection, Satan. C’est du reste l’ultime avertissement du Christ par la bouche du Père Hamel, alors qu’il allait être égorgé.
De sorte que nous pouvons poser l’alternative suivante entre Dieu et Satan. Non pas un monde bipolaire où Satan serait le pendant mauvais de Dieu. Satan n’est pas Dieu, ni même un dieu. Il est une créature qui veut détourner l’Homme de Dieu et pour se faire se met, via l’idolâtrie, entre eux et Dieu.
La confusion relativiste actuelle, favorisée par l’amalgame, porte atteinte à l’intégrité même de la vérité divine, voile Dieu et fait passer devant Lui nombre d’idoles. Celui que vénèrent les musulmans n’est pas Dieu, mais une idole quoiqu’il en soit de la sincérité des fidèles. De même, le visage du Christ que suivent les Protestants est une défiguration de la vérité même du Fils de Dieu.
On me trouvera extrémiste, mais regardons les choses de plus près. Pourquoi serais-je catholique si je croyais que le Christ est autre que ce que l’Eglise enseigne ?
Comment montrer le Christ, chemin vérité et vie, si je laissais croire qu’un visage déformé de Jésus est le chemin, la vérité, la vie ? Dénoncer une erreur n’est pas stigmatiser une personne. Cette conviction affective est un véritable frein au dévoilement du visage réel du Christ. On ne peut montrer le chemin vers Dieu qu’en étant tourné vers Dieu lui-même. Défendre l’intégrité de la Révélation divine, c’est présenter le chemin véritable en même temps le but ultime qui motive d’emprunter la route ardue : Dieu.
Telle est la véritable charité qui ne peut reposer que sur la vérité. Mentir à nos frères, à nos contemporains, sous prétexte de les respecter dans leur différence est fondamentalement contraire à la charité. Il ne s’agit pas d’asséner des vérités à coups de massues, mais il ne faudrait pas non plus diluer la vérité dans un acide relativiste et par nature corrosif pour la vérité, comme pour la charité. »
Cyril Brun
25 juillet 2017
Site source à consulter :
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« Aleteia : Comment avez-vous obtenu la charge du procès de béatification du père Hamel ?
Père Paul Vigouroux : J’ai tout simplement reçu cette désignation de l’archevêque de Rouen, Monseigneur Lebrun. J’ai accepté de devenir postulateur de la cause, et dois donc constituer un dossier rassemblant les preuves et le récit des différents témoignages liés à ce procès.
Comment se déroule le procès ? Quel en est le déroulement-type ?
La procédure de béatification, dont la durée est indéfinie puisque propre à chaque cas, rassemble l’audition de tous les témoins en vue de la constitution d’un dossier de béatification, qui sera ensuite envoyé à Rome et étudié là-bas.
Connaissiez-vous le père Hamel personnellement ?
Pas du tout. Je l’avais croisé à plusieurs reprises à Rouen, mais je ne le connaissais pas particulièrement bien. Et tant mieux pour le procès : ça me permet de rester neutre et de remplir ma tâche de manière objective.
Dès son homélie du 14 septembre 2016, au cours d’une messe en hommage au père Hamel, le pape François parle de lui comme d’un « martyr ». Le 11 juillet 2017 est également parue une lettre encyclique sous la forme d’un motu proprio, intitulé Maiorem hac dilectionem (« Il n’est pas de plus grand amour »), dans laquelle le Saint-Père ouvre une nouvelle voie vers la béatification à ceux qui ont fait l’ « offrande libre et volontaire » de leur vie par une « héroïque acceptation, à cause de l’amour, d’une mort certaine et à brève échéance ». Dans quelle mesure peut-on parler de « martyre » pour le père Hamel ?
Les propos du pape François ne sont pas une redéfinition du martyre. Ils ont pour but d’y ajouter une nouvelle possibilité, de donner de nouveaux critères de béatification.
Tout d’abord, le martyr ne peut pas rechercher le martyre. Il accepte sa mort cause de sa foi, mais ne la recherche pas. Le martyre, qui consiste en un témoignage suprême de sa foi puisqu’on donne sa vie pour elle, est donc une source de béatification certaine.
Pour le moment, le père Hamel est « présumé martyr », et la procédure de béatification vise justement à justifier ce terme ou non en ce qui concerne sa vie et la façon dont il est décédé.
Le procès est donc ouvert au vu de la réputation de martyr du père Hamel, afin de vérifier s’il est bel et bien mort en homme de foi au moment de l’attaque des terroristes, mais il s’agit aussi d’analyser la manière dont il a témoigné des vertus chrétiennes au cours de sa vie, tant en ce qui concerne les vertus théologales [foi, espérance et charité] que les vertus cardinales [prudence, tempérance, force, et justice]. »
Propos recueillis par Maëlys Létondot.
Source :
aleteia le Père Hamel est il un martyr
Après avoir assisté à la messe consacrée au père Jacques Hamel célébrée par Monseigneur Lebrun, à l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray, à 9h, M. Macron a pris la parole à 10h45, lors de l’inauguration de la stèle républicaine commémorative citant la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, installée il y a un mois. Un court discours où le président de la République a tenu à rendre hommage à l’Église catholique et à sa réaction face à ce drame.
« L’exemple d’apaisement que vous avez offert à la France mérite notre gratitude » a déclaré Macron avant de remercier les fidèles « d’avoir trouvé dans leurs prières la soif du pardon ». Le président de la République a alors constaté qu’« en assassinant le père Hamel au pied de son autel, les terroristes ont cru semer au sein des catholiques de France la soif de représailles. Ils ont échoué. » Le chef de l’État a même été plus loin, en faisant des parallèles entre le christianisme et la République, qui, selon lui, « repose sur l’amour et le respect de l’humanité ». Il a également tenu à souligner que la République « n’est pas le règne du relativisme » mais « c’est aussi tout ce qui nous rend humain : l’amour, l’espérance, le don de soi, l’attachement aux siens et à ses racines, le goût de l’autre. »
M. Macron n’a pas tendu la main qu’au catholicisme, mais à toutes les religions, en défendant une vision ouverte de la laïcité. Il a ainsi expliqué : « La République n’a pas à combattre une religion ni à vouloir se substituer à elle. Elle œuvre chaque jour à ce que chacun puisse croire ou pas. Mais chaque religion, dont les responsables sont ici présents, a à mener sa part de combat pour que jamais la haine, le repli, la réduction de ce que nous sommes ne puisse triompher. C’est un combat long et il se mène chaque jour. Ici, vous l’avez emporté. »
Le père Hamel, « devenu visage de ce qui en nous refuse la mort », a évidemment tenu la place centrale dans ce discours. Le chef de l’État a été jusqu’à expliquer que « le martyr du père Hamel n’aura pas eu lieu pour rien. »
Source : Aleteia
« Au fil de l’année, j’ai vu une succession d’ombres et de lumières » a expliqué Monseigneur Dominique Lebrun devant la « stèle républicaine pour la paix et la fraternité, à la mémoire du père Jacques Hamel ». L’archevêque du diocèse de Rouen a en effet profité de l’hommage rendu au défunt prêtre après sa messe célébrée dans l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray, à 9 heures, pour interpeler les chrétiens sur la nécessité de ne pas tenir « la lumière pour acquise », ni de « penser être la lumière » ou de « juger et condamner les autres aux ténèbres », mais de pratiquer « la fraternité, sans exclusion ».
Pour Mgr Lebrun, l’œuvre inaugurée avec le président Macron et signée par Marie-Laure Bourgeois et Vincent Bécheau, couple d’artistes basés en Dordogne, « porte des figures qui semblent être un peu dans l’ombre. Elles semblent chercher la lumière ». Car, « La vie personnelle comme la vie commune est jalonnée par ces passages, de l’ombre à la lumière ». Évoquant Jérusalem, New York, Djakarta, Kinshasa, Alger, Rio de Janeiro, la Libye ou Rouen, par-delà le cas de Saint-Étienne-du-Rouvray, il a souligné qu’il n’existait aucune « ville sans ombres ni… lumières ». L’archevêque a alors encouragé les fidèles à passer « de l’ombre à la lumière, de l’ombre à la mort, à la lumière de la vie », comme le père Hamel.
Ombre et lumière
Car ombre et lumière se succèdent tout au long de l’existence : « L’ombre de la disparition et de la tristesse, la lumière d’une présence jamais aussi forte ; l’ombre des regrets et des inquiétudes, la lumière de l’affection qui fait vivre ; l’ombre du souvenir tenace de la violence, la lumière des amitiés consolantes ; l’ombre des soupçons et accusations, la lumière du pardon recherché ; l’ombre d’interrogations demeurant sans réponse, la lumière de la foi ». Mais, pour le prélat, « des attentats, hier, la profanation de tombe ou de lieux de culte, aujourd’hui encore, même accomplie par des adolescents, sont une ombre » pour notre société « qui ne sait plus où elle va après la mort, et se croit libre de faire tout ce que chaque individu souhaiterait » et qui « met de côté des ressources spirituelles en chargeant la loi d’établir la morale alors que celle-ci, la loi, ne peut qu’être qu’une aide et que la morale, elle vient du profond de notre humanité ».
À l’opposé de cette ombre, l’archevêque perçoit de la lumière avec « l’aide au développement, le secours des migrants, l’appui aux États du Moyen-Orient qui redonne espoir aux chrétiens de pouvoir rester chez eux, comme dans la plaine de Ninive ». Mgr Lebrun a tenu à saluer « l’entrée dans Mossoul » ce mardi 25 juillet, « du Patriarche chaldéen accompagné de trois évêques et d’un prélat français. » Il a alors rappelé que « la fraternité n’est pas une option » pour les chrétiens, qui portent une « responsabilité immense » dans la commune. De ce point de vue, l’archevêque estime que le père Hamel est un exemple. Il a conclu en relevant que celui-ci « semble regarder » l’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, inscrite sur la stèle, qui stipule : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ». Une des raisons pour lesquelles « la communauté catholique est aujourd’hui fière de l’exemple donné par le père Jacques Hamel, frère, oncle, citoyen et chrétien, prêtre catholique ».
Source : Aleteia