Les révisions que la France doit opérer pour opposer un front de fermeté au mépris de certains musulmans et aux agressions des djihadistes

jeudi 3 décembre 2015
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DES LEÇONS À TIRER ET DESVISIONS À OPÉRER



« Toutes ces prises de position suggèrent les révisions que la France doit opérer pour opposer un front de fermeté au mépris de certains musulmans et aux agressions des djihadistes. Voici un petit vademecum avec quelques pistes de réflexion et d’action éclairées par ce que nous disent les chrétiens d’Orient.

1°/ Une approche lucide et réaliste

Les élites françaises (dirigeants politiques, élus locaux, intellectuels, journalistes, ecclésiastiques) doivent porter un regard lucide et correct sur l’Islam dans toutes ses dimensions (religieuse, anthropologique, sociale, politique), et entretenir avec les musulmans un rapport de vérité. Car il n’est pas indifférent d’être citoyen selon que l’on est musulman ou non, compte tenu de la manière dont l’Islam envisage l’organisation de l’État et de la société, ainsi que le statut de la personne et ses relations avec les non-musulmans.

– Il ne faut pas faire semblant de croire que l’Islam est une religion comme les autres et qu’il n’est qu’une religion. Il n’appartient pas aux non-musulmans de dire quel est le véritable Islam, ce qui implique d’éviter des déclarations telles que : « L’Islam est une religion de paix, d’amour et de tolérance », « Daech pratique un Islam dévoyé », etc.

– Il faut éviter le déni de certaines réalités gênantes dans l’Islam alors que l’actualité les met en évidence. Ce mensonge conduit les populations européennes non musulmanes à la méfiance et à la peur, voire à l’agressivité envers les musulmans, ce qui risque d’engendrer un cercle vicieux de violences. Quant aux accusations d’« islamophobie », elles sont un piège dans lequel il faut éviter de tomber, sous peine de se priver de la liberté de critiquer les aspects dérangeants, voire inacceptables de l’Islam, comme l’absence de liberté religieuse ou le traitement de la femme.

– Il faut éviter toute attitude pacifiste ou fausse dans les rapports de la France (et de l’Europe) avec les États musulmans. Par exemple, nier que l’on a des ennemis ou refuser de les nommer ; pratiquer une diplomatie à géométrie variable : on combat certains régimes sous prétexte de servir la démocratie (cf. la Libye et la Syrie) en même temps que l’on conclut des alliances avec des régimes indéfendables (cf. les États de la péninsule Arabique) ou que l’on cède au chantage d’autres pays comme la Turquie. Le mensonge est facteur de guerre et non de paix. Le monde musulman, qui traverse une crise très grave, a besoin de se sentir respecté par l’Occident pour guérir du ressentiment qui l’anime.

2°/ Des dispositions à adopter

La France doit prendre acte des effets négatifs de l’idéologie du multiculturalisme et y renoncer tout en s’efforçant d’interrompre le processus en cours de confessionnalisation des musulmans établis sur son sol.

– Il faut concevoir l’accueil et le traitement des musulmans, qu’ils soient immigrés ou nationaux, en tant que personnes et non comme membres d’une communauté aux traditions et mœurs incompatibles avec celles qui fondent la civilisation française. Ceci pour favoriser leur assimilation dans le droit fil de la tradition française, qui concerne précisément les personnes individuelles et non les communautés.

– Il ne faut pas céder aux revendications communautaristes au nom de la tolérance ou du respect des cultures. Cela relève d’une générosité mal éclairée. En se multipliant dans tous les secteurs de la vie, l’acceptation de ces revendications par les pouvoirs publics entraîne forcément une rupture du lien social et nuit à la cohésion nationale.

– Il faut exiger des citoyens musulmans l’engagement à respecter pour eux-mêmes et pour autrui le droit et les valeurs français, tels que la liberté religieuse (y compris de conscience, donc le droit de changer de religion) ou l’égalité en dignité de l’homme et de la femme. Mais pour cela, il est essentiel de refonder une société vertueuse, digne d’être enviée et imitée, par exemple par une politique favorable à la famille.

– La France doit reformuler le contenu de la laïcité. La neutralité de l’État en matière religieuse ne signifie pas la neutralité de la société dans ce domaine. La laïcité ne doit pas être une idéologie hostile aux religions.
La saine laïcité signifie libérer la croyance du poids de la politique et enrichir la politique par les apports de la croyance, en maintenant la nécessaire distance, la claire distinction et l’indispensable collaboration entre les deux » (Benoît XVI, exhortation apostolique Ecclesia in Medio Oriente, 12 septembre 2012).

– Il est nécessaire d’assumer l’histoire de la France avec fierté et de remettre à l’honneur l’héritage culturel et spirituel de la patrie, notamment au sein de l’enseignement public, au lieu d’entretenir le dénigrement systématique. Les dirigeants doivent assumer les racines chrétiennes de la civilisation française qui ont contribué à son rayonnement dans le monde.

– La France doit réviser sa politique étrangère, en particulier envers le Proche-Orient, pour tenir compte des réalités locales, sans chercher à imposer à d’autres pays ses propres critères d’organisation sociale et politique ; elle doit renoncer à certaines alliances financièrement avantageuses mais immorales, cesser de manipuler le monde arabe pour ses propres intérêts sans chercher à résoudre honnêtement la question palestinienne.

– Enfin, il faut considérer le combat contre Daech dans sa dimension spirituelle comme condition essentielle à la victoire temporelle. »

C’est la figure de l’amour qui domine dans la vie chrétienne, celle du frère, du fils, de celui qui dialogue, de celui qui compatit. Mais nous ne pouvons plus oublier celle du guerrier. Guerrier dont les armes sont d’abord spirituelles, mais guerrier quand même […]. Si nous ne retrouvons pas cette virilité guerrière, celle qui faisait chanter à saint Bernard la louange de la nouvelle milice, nous aurons perdu contre l’islamisme aussi bien spirituellement que matériellement » (Fabrice Hadjadj, Famille chrétienne, n° 1975, 21-27 novembre 2015).

Annie Laurent
Déléguée générale de Clarifier

alaurent@associationclarifier.fr

Site source :

association clarifier les chrétiens d’Orient face aux attentats de Paris