Canonisation des victimes arméniennes du génocide perpétré par les Turcs ottomans

vendredi 24 avril 2015
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Génocide arménien : l’Église arménienne canonise 1,5 million de victimes

Vendredi 24 avril 2015, des millions de personnes à travers le monde, dont plusieurs chefs d’État et de gouvernement, rendent hommage aux victimes de ces massacres.

L’Église arménienne a canonisé jeudi 23 avril 2015 les 1,5 million de victimes du génocide arménien, perpétré par les Turcs ottomans, à la veille des commémorations officielles du centenaire des massacres.

« Les âmes des victimes du génocide vont enfin trouver le repos éternel », s’était félicité avant la cérémonie Vardoukhi Chanakian, 68 ans, un employé des services sociaux d’Erevan, la capitale arménienne. L’office de canonisation a été célébré par le chef de l’Église arménienne, le Catholicos Karékine II, à Etchmiadzine, à une vingtaine de kilomètres d’Erevan, dans un sanctuaire datant du IVe siècle considéré comme la cathédrale chrétienne la plus ancienne au monde.

Il s’agit de la canonisation la plus importante numériquement parlant jamais décidée par une Église chrétienne. L’Église apostolique arménienne avait appelé tous les Arméniens à « participer pieusement à cet événement historique ». En canonisant ces victimes, « l’Église ne fait que reconnaître les faits, c’est-à-dire le génocide », a déclaré Karékine II. « Pour nous, Arméniens, c’est une obligation morale et un droit de nous souvenir de 1,5 million des nôtres qui ont été tués et des centaines de milliers de personnes qui ont subi des privations inhumaines », a souligné pour sa part le président arménien Serge Sarkissian.

Vendredi 24 avril 2015, des millions de personnes à travers le monde, dont plusieurs chefs d’État et de gouvernement, rendent hommage aux victimes de ces massacres qui ont débuté il y a 100 ans. « Cette canonisation réunit tous les Arméniens de la planète », a déclaré à l’AFP Khouri Avetikian, une bibliothécaire d’origine arménienne, venue spécialement du Liban pour assister à l’office.

Les Arméniens estiment que 1,5 million de personnes ont été tuées de manière systématique entre 1915 et 1917, lors des dernières années de l’Empire ottoman, et une vingtaine de pays, parmi lesquels la France et la Russie, ont reconnu qu’il s’agissait là d’un génocide. La Turquie récuse ce terme et évoque pour sa part une guerre civile en Anatolie, doublée d’une famine, dans laquelle 300 000 à 500 000 Arméniens et autant de Turcs ont trouvé la mort.

Des centaines de milliers de personnes sont attendues vendredi à Erevan pour une cérémonie commémorative au Mémorial des victimes du génocide arménien.

Parmi les invités, les présidents français François Hollande et russe Vladimir Poutine, deux représentants de Nations à l’époque alliées à l’Arménie. Des cérémonies commémoratives organisées par de nombreuses diasporas arméniennes auront également lieu à Paris et Beyrouth mais aussi à Los Angeles et Stockholm.

À deux jours de la date anniversaire, le Parlement autrichien a observé mercredi 22 avril une minute de silence en mémoire du génocide arménien, une première dans ce pays allié à l’époque à l’Empire ottoman.

Des voix se sont élevées également en Allemagne, le grand allié de la Turquie de l’époque, pour reconnaître la coresponsabilité de l’Allemagne dans ce premier génocide du XXe siècle. Le président de la République d’Allemagne, Joachim Gauck, vient ainsi de déclarer, le 23 avril 2015 : « Nous devons également, nous Allemands, faire notre travail de mémoire », a-t-il déclaré, évoquant « une coresponsabilité, et même, potentiellement, une complicité (de l’Allemagne) dans le génocide des Arméniens », lors d’une cérémonie religieuse à Berlin, à la veille des commémorations officielles du centenaire.

Cette grande commémoration et la canonisation des 1,5 millions de victimes interviennent après la reconnaissance solennelle par le Vatican et les déclarations du pape François, qui a fait état, pour la première fois du « génocide » des Arméniens. Elles interviennent aussi après que le Parlement européen ait explicitement et solennellement demandé à Ankara de reconnaître la réalité du génocide.

La France, qui n’a pas pu ou pas su prévenir et empêcher ce génocide en 1915, en a reconnu quant à elle la réalité il y a 14 ans, par la loi n° 2001-70 du 29 janvier2001 relative à la reconnaissance du génocide arménien, publiée au J.O. du 30 janvier 2001.

Sources

le point genocide armenien

Agence France Presse


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