Sainte Jeanne d’Arc, vierge, patronne secondaire de la France
« Sainte Jeanne d’Arc nous apprend que lorsque le pays est marqué par la division et par le découragement et la résignation, la foi qui puise à la Sagesse divine offre au chrétien la capacité de trouver les moyens extraordinaires d’intelligence et de force, pour offrir des raisons d’une nouvelle espérance pour la société... (Homélie pour la fête de Sainte Jeanne d’Arc 2012, Mgr Luigi Ventura) »
Sainte Jeanne d’Arc
Vierge (✝ 1431)
Dimanche 8 mai 2016
En France : Solennité de sainte Jeanne d’Arc, vierge, patronne secondaire de la France
SANCTÆ JOANNÆ DE ARC, Virginis
PATRONÆ SECUNDARIÆ GALLIÆ
« Notre sainte nationale, patronne secondaire de la France eut une vie extraordinaire, unique dans l’histoire. Sa fête liturgique est le 30 mai puisque c’est le jour de l’an de grâce 1431 qu’elle fut brûlée sur le bûcher à Rouen.
Les livres liturgiques de 1962 font la solennité de sainte Jeanne avec la messe Cantémus Dómino en ce 2e dimanche de mai. Mais il faut la chercher au propre de France et tous les missels ne l’ont pas, y compris beaucoup de paroissiens romains, les fameux « 800 ». Aucun ordo liturgique que nous avions sélectionné sur ce site ne la mentionne. Seul le site Introibo pourra vous donner les textes de la messe, au 30 mai, au Propre de France.
Quelques explications d’ordre historique…
Il fallut attendre le début du XXe siècle pour que l’Église décrétât l’héroïcité des vertus de la Pucelle d’Orléans. C’était en 1904, quand saint Pie X invita solennellement la France à son culte et qu’il la béatifia en 1909. Et c’est son successeur, Benoît XV qui la canonisa en 1920. Mais les problèmes politiques intérieurs de la France à l’époque notamment avec l’Action Française contribuèrent à ce qu’elle ne fût point déclarée martyre mais seulement vierge.
De façon étonnante, c’est la Chambre des députés qui décréta à la même date, la fête de Jeanne d’Arc la fête du patriotisme, fixée au 2e dimanche de mai. La loi n’a jamais été abolie et le décret est toujours en vigueur, même si personne n’en tient plus compte. »
Site source à consulter :
(una voce solennité de Sainte Jeanne d’Arc
Fille d’humbles paysans de Lorraine, ("on m’appelait Jeannette") elle entendit des voix mystérieuses alors qu’elle n’avait que 13 ans. Saint Michel, Sainte Catherine et Sainte Marguerite, pendant trois ans lui demandèrent de libérer la France et de faire sacrer le roi à Reims. A Chinon, premier prodige, le roi donne une armée à cette bergère de 16 ans, ignorante des lois de la guerre.
En huit jours, au début du mois de mai, elle délivre Orléans assiégée depuis sept mois. En juillet, Charles VII est sacré roi à Reims. Après les réussites difficiles, vint le temps des épreuves. Le roi abandonne Jeanne, un an après Orléans, elle est faite prisonnière à Compiègne, livrée aux Anglais, passe un an en prison, courageuse, héroïque dans sa pureté devant les tentatives des soldats. Sous prétexte qu’elle s’habille en homme, elle est condamnée comme hérétique. Seule lui reste la foi et l’encouragement de ses voix. Elle meurt brûlée vive à 19 ans, à Rouen le 30 mai 1431.
Jeanne d’Arc est fêtée par la République Française le deuxième dimanche de mai, fête nationale de Jeanne d’Arc et du patriotisme (loi du 10 juillet 1920) ; la date de Sainte Jeanne d’Arc fixée par le martyrologe de l’Église catholique est le 30 mai date anniversaire de sa naissance au ciel (c’est à dire de sa mort).
Tout au long de l’année 2012, des manifestations étaient prévues en France pour commémorer le sixième centenaire de la naissance de sainte Jeanne d’Arc. (portail de l’Église catholique en France)
A lire aussi :
Benoît XVI : sainte Jeanne est une des figures caractéristiques de ces ’femmes fortes’ qui ’à la fin du Moyen Age, portèrent sans peur la grande lumière de l’Évangile dans les évènements complexes de l’Histoire’ ... Sainte Jeanne d’Arc nous apprend que lorsque le pays est marqué par la division et par le découragement et la résignation, la foi qui puise à la Sagesse divine offre au chrétien la capacité de trouver les moyens extraordinaires d’intelligence et de force, pour offrir des raisons d’une nouvelle espérance pour la société... (Homélie pour la fête de Sainte Jeanne d’Arc 2012, Mgr Luigi Ventura)
Centre spirituel de Domrémy - Un peu d’histoire : 27 janvier 1894 Jeanne est déclarée "vénérable" par Rome, 18 avril 1909 béatification de Jeanne d’Arc à Saint-Pierre de Rome, 30 mai 1920 canonisation de Jeanne d’Arc.
"Sainte Jeanne d’Arc fut canonisée en 1920, quatre siècles après sa mort et à la fin d’une longue polémique entre ceux qui, comme l’historien Michelet, célébraient en elle la fille du peuple de France et ceux qui, avec les Évêques d’Orléans, en commençant par Mgr Dupanloup, voyaient surtout en elle une vraie fille de l’Église. Les temps du procès, de béatification et de canonisation furent des temps de luttes anticléricales : expulsion des religieux et loi de Séparation de l’Église et de l’Etat, en 1905."
La sainteté comme suprême forme de sagesse (Homélie de Mgr Lluis Martinez-Sistach)
Jeanne d’Arc, brûlée en 1431, ne sera béatifiée qu’en 1909 puis canonisée, c’est-à-dire inscrite sur la liste des saints de l’Église, en 1920. Les églises du diocèse de Poitiers possédant une représentation de Jeanne d’Arc sont très nombreuses. (diocèse de Poitiers- quelques saints du Poitou et d’ailleurs)
en 1922, Pie XI reconnaît officiellement la Vierge Marie en son Assomption comme patronne de la France et Jeanne d’Arc comme patronne secondaire ; (en latin) Acta Apostolicae Sedis, Commentarium Officiale, pages 185 et 708, lettre apostolique Galliam, Ecclesiae filiam.
À Rouen, en 1431, sainte Jeanne d’Arc, vierge, appelée la pucelle d’Orléans, qui combattit avec force pour sa patrie, mais, livrée au pouvoir des ennemis et condamnée à mort par un tribunal ecclésiastique inique, malgré la simplicité de sa foi et son attachement à l’Église, elle mourut sur le bûcher à l’âge de dix-neuf ans.
Martyrologe romain »
"Messire Dieu, premier servi" "Dieu fait ma route" (Jeanne)
Lors de son jugement : "Ne te chaille pas de ton martyre. Prends tout en gré, Dieu t’aidera ; tu t’en iras par grande victoire au Paradis" (Ses voix)
l’appel de l’Abbé SCHAEFFER pour le 8 mai
Ces deux actes de la vertu de force seront au cœur de l’Hommage national à Sainte Jeanne d’Arc. Pour un catholique français, ce rendez-vous du 8 mai n’est pas facultatif.
Le mythe laïque d’une saine laïcité est présenté partout comme la condition du « vivre ensemble » rendu nécessaire par le triomphe de l’individualisme et du personnalisme. Face à ce défi lancé à la nature sociale de l’homme, nous allons mettre notre combat pour une société chrétienne par ses institutions et ses lois sous la protection de la bergère de Domrémy. En elle, nous trouvons cette magnanimité des humbles choisis par Dieu pour continuer à nous communiquer une force inépuisable en face d’un mal difficile à vaincre.
Jeanne nous apparaît comme une sainte guerrière, vêtue de la cuirasse, l’épée au côté, l’étendard dans la main, prête au combat. Nous suivons une jeune fille, habillée en guerrier et conduisant des hommes démoralisés à une bataille victorieuse. « Je suis chef de guerre » écrit-elle aux Anglais en leur ordonnant de quitter le royaume. Les Anglais, elle les aime, mais chez eux. Elle détestait la guerre mais elle pensait, elle parlait, elle agissait en guerrière. Cependant, elle est « toute prête à faire la paix » si le roi d’Angleterre rend les clefs des bonnes villes de France qu’il a prise.
La paix demande la reconnaissance de la légitimité du roi et de son autorité par le sacre. Obéissance et fidélité seront la marque de sa mission. Dieu l’appelle et il continue d’appeler pour une France, phare de la civilisation chrétienne. Dans la France envahie, humiliée, brisée, rompue au XVe comme au XXI siècle, Dieu répète à chacun de nous les paroles adressées par saint Michel à Jeanne : « Va ! Va ! Hardiment ».
Ses soldats, elle les veut chrétiens, elle réforme les mœurs de la guerre, chasse les dames de mauvaise vie, interdit les jeux, les jurons. Le péché mortel fait perdre les batailles. Elle veut des soldats qui partent au combat s’étant confessé et ayant communié. Faute de quoi, ils devront trouver un autre chef.
Là où la foi est rejetée, l’avenir du pays est sacrifié. Or la foi n’est pas seulement une affaire privée entre Dieu et l’homme, elle est une nécessité sociale, l’homme n’est pas un individu isolé.
L’épopée de Jeanne prouve l’absence de fatalité en politique, chaque fois que le Providence du Dieu rencontre des hommes désireux d’accomplir sa volonté. C’est la condition du courage et de la persévérance dans notre sanctification personnelle et dans le combat politique.
Jeanne est choisie en premier pour le salut de la France ; Jeanne est victorieuse sur les champs de bataille et dans l’accomplissement de son action politique, Jeanne est victime, c’est le sceau de son amour pour Dieu et pour le pays.
Lorsque Dieu la désigne comme « Fille de France », la puissance de l’ennemi annonçait la fin de la monarchie française. Il y a bien des obstacles à surmonter, la peur habitant un dauphin doutant de sa légitimité, entouré d’une cour défaitiste. Jeanne va écarter progressivement les obstacles paralysant les volontés. Elle ne connaît pas cette crainte qui nous fait si souvent battre en retraite devant l’adversaire. Soutenir le choc de ces difficultés en réprimant la crainte mais aussi attaquer, Ste Jeanne nous le montre pour assurer l’avenir de la nation assiégée.
Trop souvent, nous n’arrivons pas à chasser de nos âmes un sentiment d’impuissance, nous avons du mal à nous tenir immobile au milieu des dangers. Il peut être plus pénible de rester longtemps ferme dans le danger alors que nous nous sentons prêt à attaquer. L’acte principal de la vertu de force est de résister, mais la force ne consiste pas seulement à la défensive. Elle donne une puissance pour supporter l’épreuve à cause d’un bien supérieur, le bien commun de la cité et le bien commun universel qui est Dieu.
Nous endurons le mal non par passivité mais en sachant que secondairement mais nécessairement la force implique l’attaque. Résister puis se rendre victorieux au mal pour parvenir au bien. Nous avons devant nous un libéralisme où la vertu de force est exclue et un libéralisme religieux qui tolère toutes ces atteintes aux lois divines. La fonction première de la société politique et de l’Eglise est de renoncer à toutes les formes du mal.
Nous sommes repliés sur nous-même, enfoncés dans notre égoïsme, axés sur notre bien particulier, ignorant du bien commun au cœur du désordre. Un réflexe de légitime défense devient une tentation de faire passer notre bien particulier au-dessus du bien commun. Il en découle faiblesse et lâcheté. Or le choix des martyres entre l’abjuration de la foi et la mort est d’actualité. Diffusons le témoignage de Joseph Fadelle : « Le prix à payer » et nous comprendrons mieux combien dans l’état d’affaiblissement général où nous vivons la vertu de force nous est nécessaire.
Nous laissons les médias et la publicité envahir nos vies et en conséquence nous déclarons notre impuissance face au mal. Les attaques contre la nation française ont poussé Dieu à intervenir par Sainte Jeanne d’Arc. Elles n’ont pas cessé, notre sainte disait : « Plus il y aura de sang français ensemble, en vérité, mieux il vaudra ». Paroles éloignées d’une dissolution informe dans l’Europe ou le mondialisme.
La mission de Jeanne d’Arc met un terme à la subversion et à la violence détruisant le royaume. Elle rétablit l’ordre de la société politique à travers la victoire militaire chassant les Anglais et par un rétablissement spirituel de l’ordre politique dans la cérémonie du sacre.
Demandons à Jeanne la fidélité au devoir d’état, elle nous habitue à ne pas céder au découragement. Le service de la patrie appartient aux exigences du devoir d’état. Nous sommes catholiques, nous appartenons à la nation française. Le devoir d’état a un lien concret avec le bien commun. Il s’agit de travailler ensemble, de nous épauler dans la résistance, de nous préparer au jour assigné pour la délivrance.
Le bien propre de Jeanne d’Arc était de rester avec ses parents, de garder ses troupeaux à l’ombre de son clocher. Mais, il y a « grand pitié au royaume de France » lui disent ses voix. Le bien commun s’impose à elle, jusqu’au sacrifice de sa vie.
« Sustinere et aggredi ». Résister et attaquer. Pas d’illusionnisme, d’utopie, de rêves malsains, de constructions imaginatives. Le temps presse, le temps n’est plus de délibérer mais d’agir. La mission de Jeanne est bien précise, le sacre à Reims du Roi, lieutenant du « Roi des Cieux qui est Roi de France ». C’est la chevauchée couronnée de succès devant Orléans. Là-même où les chefs militaires ont échoué, elle va de victoire en victoire. Elle assiste humblement au sacre de Reims. Son armure cache l’actiondivine. Dieu combat pour elle, mais avec elle. Jeanne a donné sa vie, elle ne craint pas les flèches mais le péché. Elle a pitié des âmes, c’est la raison de son combat, de notre combat. « Si Dieu est pour nous, à quoi bon les gens d’armes ? » à cette question insidieuse d’un docteur, notre héroïne répond : « En nom Dieu… les gens d’armes combattent et Dieu donnera la victoire » Mais pour Jeanne, du sacre triomphal elle passe à l’humidité des cachots, sa mission s’achève dans un calice d’amertume. Les hommes vont faire d’elle une sorcière et une hérétique. Elle connaît l’abandon des siens, les pressions du tribunal de haine présidé par un évêque, renégat de sa patrie. L’issue, c’est le bûcher de Rouen, Jeanne est au milieu des flammes, serrant dans ses mains un petit crucifix de bois et prononçant le nom de Jésus. Ses ennemis se croient victorieux mais un secrétaire du roi d’Angleterre ne peut s’empêcher de dire : « Nous sommes perdus, nous avons fait mourir une sainte ».
Il reste au palmarès de Jeanne :
• la victoire de la France, délivrée de ses ennemis
• la victoire de la Foi : les accusateurs d’hier la traitant de schismatique et de mécréante vont bientôt se séparer de l’Eglise
• la victoire de Jeanne, l’Eglise dans son procès de canonisation, l’atteste. En son temps, Jeanne a sauvé l’identité française et catholique. Nous l’aimons et nous voulons mettre nos pas dans les siens. L’amour de Dieu et l’amour de la patrie sont inséparables.
Notre hommage national à Sainte Jeanne d’Arc ne doit pas être un feu de paille allumé le huit mai. Il nous est demandé de nous engager et de marcher dans le combat de la foi et dans le combat politique. L’enjeu est celui d’une société fondée sur le bien commun temporel conduisant, par l’Eglise, à la béatitude du ciel. »
Abbé Bruno Schaeffer
Chrétiens libres Jeanne d Arc résister et attaquer
« Jeannette, comme on l’appelait au village de Domremy, est née le 6 janvier 1412 dans le foyer d’Isabelle Romée et Jacques d’Arc, au cœur d’une France dévastée par la guerre de Cent Ans. Depuis Azincourt et le traité de Troyes (1420), il y a en effet « grande pitié au Royaume de France » qui subit une double monarchie au profit de l’Angleterre. La date de la naissance de Jeanne reste approximative. Elle-même ne la connaissait pas exactement : lors de son procès elle déclarera avoir 18 ou 19 ans mais être née lors d’une nuit d’Épiphanie. Elle est l’aînée et voit la naissance de trois frères et d’une sœur.
Son père, Jacques, est laboureur ce qui laisse penser que sa famille est « aisée » pour l’époque. Elle possède aussi quelques bêtes. Sa mère, Isabelle, vient du village voisin de Vouthon dans la Meuse. Son patronyme, Romée, donne à penser que des membres de sa famille ont fait pèlerinage vers Rome à une certaine époque.
Jeannette vit dans la petite maison familiale près de l’église du village, celle où elle a été baptisée dès sa naissance. Elle passe beaucoup de temps dans l’édifice religieux où elle aime entendre sonner les cloches qui lui indiquent les heures lorsqu’elle n’est pas à la maison. Dès sa plus tendre enfance, elle apprend de la bouche de sa maman les prières et affirmera plus tard qu’elle tient de sa mère tout ce qu’elle sait sur la religion.
Très pieuse, elle aime assister aux offices et se rendre en pèlerinage à la chapelle de Bermont dans le village voisin de Greux où elle prie Notre Dame de Bermont en compagnie de ses amies ou de toute personne qui veut bien l’accompagner. Tout naturellement, elle fait sa première communion en l’église de son baptême, se confessera de bonne grâce et communiera selon son gré.
Jeannette partage la vie quotidienne de la famille. Elle passe le plus clair de son temps avec sa maman qui, outre les prières, lui apprend ce qu’elle doit savoir pour tenir un ménage lorsqu’elle en aura l’âge : préparer les repas, laver le linge, coudre, filer, etc… Mais quand il le faut, elle va à la pâture communale garder le bétail pour remplacer ses frères occupés à d’autres tâches. Elle a une vie normale de jeune fille de campagne.
Jeannette a aussi un grand cœur. Elle n’hésite pas à partager son quignon de pain avec le mendiant ou à laisser sa couche au vagabond, préférant dormir dans la paille devant l’âtre. L’histoire la surnomme « la bergère de Domremy », mais Jeannette était d’abord une bergère des cœurs.
En 1425, Jeanne a 13 ans lorsqu’elle entend « ses voix » pour la première fois. Il est midi, elle se trouve dans le jardin familial, tout près de l’église. Surprise, étonnée, elle garde pour elle ce qui lui arrive et continue à vivre normalement, mais ce qu’elle entend régulièrement fait son chemin en elle. Ses voix reviennent en effet à plusieurs reprises, et pas seulement dans ce jardin : elle les entend aussi lorsqu’elle va au Bois-Chenu danser et chanter avec les jeunes gens du village sous « l’arbre de mai » ou lorsqu’elle garde le bétail.
En 1428, cela fait maintenant trois ans que Jeannette entend saint Michel, sainte Marguerite et sainte Catherine lui dire que la France, au plus mal, a besoin d’elle pour la sauver. Trois ans qu’elle se demande comment, elle, petite paysanne, va réussir. Un beau matin, suivant ses conseils, elle part sans ne rien dire à personne, sachant que son père se serait formellement opposé à son départ. Elle se rend à quelques lieues de là, au village de Burey-le-Petit, sur la route de Vaucouleurs (Meuse). Un de ses cousins y habite. Elle compte sur lui pour l’emmener à la rencontre du Sire Robert de Baudricourt, capitaine de Vaucouleurs, comme ses voix l’y invitent depuis quelques semaines. Ce dernier doit lui fournir un cheval et des hommes mais quand il voit arriver Jeanne, Baudricourt la prend pour une folle et la renvoie dans son village.
L’année suivante, Jeanne n’y tient plus. Il faut à tout prix qu’elle parte et lève une armée pour « bouter les Anglais hors de France ». Elle prétexte une naissance prochaine chez une de ses cousines pour partir de la maison familiale et se rapprocher de Vaucouleurs. De nouveau, elle va à la rencontre de Baudricourt qui, cette fois, l’entend, la croit et lui donne finalement un cheval et des hommes pour l’accompagner. Nous sommes en février et l’épopée de Jeanne d’Arc commence.
En mars 1429, elle arrive à Chinon et rencontre le « gentil dauphin » Charles. Elle ne l’a jamais vu et il se cache dans la foule des courtisans, après avoir placé un autre sur le trône, mais Jeanne ne se laisse pas prendre et elle vient s’agenouiller aux pieds de Charles, qui en est très surpris. Elle lui fait part du dessein annoncé par ses voix. Charles la croit et il lui confie le rôle de « chef des armées ». Mais Jeanne n’est ni guerrière ni soldat. Son épée marquée de cinq croix, que ses voix lui ont fait trouver en creusant derrière l’autel de l’église Sainte Catherine de Fierbois et que la tradition attribue à Charles Martel, reste le plus souvent au fourreau : elle préfère brandir sa bannière, brodée aux noms de Jésus et Marie, pour galvaniser les troupes plutôt que d’attaquer elle-même les adversaires.
Le 8 mai de la même année, Jeanne délivre Orléans du joug des Anglais. Ses voix l’aident et la conseillent en cette bataille décisive qui est finalement gagnée rapidement, contre toute attente. Dès lors, délaissant Paris et les objectifs militaires naturels, Jeanne ne pense plus qu’au sacre du roi, car c’est « le plaisir de Dieu ».
Charles VII sera couronné à Reims dès le 17 juillet. Jeanne réussit ainsi la première et la plus fondamentale partie de sa mission, car cette onction du Ciel change tout, même s’il faudra encore de longues années pour clore la guerre de Cent Ans. Le jour du couronnement, elle revoit enfin son père, invité à la cérémonie. Cela fait maintenant cinq mois qu’elle a quitté le domicile familial, mais ses parents très émus lui ont bien-sûr pardonné d’être partie sans ne rien dire.
À Compiègne, Jeanne est faite prisonnière par les Bourguignons le 23 mai 1430 qui la vendent ensuite aux Anglais. De février à mai de l’année suivante, c’est la période de son procès à Rouen devant un tribunal ecclésiastique de 40 membres présidé par Pierre Cauchon, évêque de Beauvais. Jeanne est malmenée par ses accusateurs, et on lui reproche de porter des habits d’homme. Accusée finalement d’être relapse, hérétique, apostat et subissant 70 chefs d’accusation, Jeanne est condamnée au bûcher. Durant sa détention, elle ne peut ni assister à la messe, ni communier mais le matin de son exécution, elle y est enfin autorisée : elle se confesse, assiste à la messe et communie une dernière fois.
Sur la place du vieux marché de Rouen, le matin du 30 mai 1431, est dressé son bûcher.Jeanne vit ici ses derniers instants en clamant le nom de « Jésus » à plusieurs reprises.
Durant ces 27 mois où elle a sillonné une grande partie de la France, Jeanne a toujours été un exemple lumineux de foi et de vie chrétienne. Accompagnée par un religieux, elle assiste aussi souvent qu’elle le peut à la messe, se confesse et communie. Elle entraîne ses hommes à en faire autant et à vivre en chrétiens, comme des soldats de Dieu.
En 1456, Jeanne est réhabilitée suite au procès lancé par sa mère. En 1869, la cause est introduite par Mgr Dupanloud, évêque d’Orléans. En 1894, la jeune femme est déclarée Vénérable le 27 janvier. Le 18 avril 1909, après 12 ans de procédure, Jeanne est déclarée Bienheureuse. Onze ans plus tard, en 1920, elle accède à la sainteté, près de 500 ans après sa mort. Sa fête est fixée à la date de son martyre, le 30 mai. En 1922, enfin, la France décide de faire solennellement de Jeanne d’Arc, « la sainte de la Patrie », sa patronne secondaire. »
Abbé Michel LambertRecteur de la basilique de Domremy (texte adapté et publié à titre posthume)
Source :