Paix Liturgique : Dix raisons de choisir la messe traditionnelle

jeudi 29 octobre 2015
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Paix Liturgique : Dix raisons de choisir la messe traditionnelle



« Voici 10 raisons de choisir la messe traditionnelle, librement traduites de l’article du professeur Kwasniewski, publié le 9 juillet 2015 sur l’excellent site OnePeterFive ».

Peter Kwasniewski lors de Sacra LIturgia 2015 à New York.

1. Vous serez comme des saints.

Si l’on considère que la messe traditionnelle célébrée jusqu’en 1970 était pour l’essentiel celle de saint Grégoire le Grand (codifiée vers l’an 600), nous parlons de 1400 siècles de la vie de l’Église et donc de la plus grande partie de l’histoire de ses saints. Les prières, les hymnes, les lectures qui ont nourri leur foi sont celles qui nourrissent la vôtre. C’est la messe de saint Thomas d’Aquin qui composa le propre de la Fête du Christ-Roi ; c’est la messe à laquelle saint Louis assistait jusqu’à trois fois par jour ; c’est la messe qui plongeait saint Philippe Néri en de longues extases dont il fallait finir par le distraire ; c’est la messe que les prêtres disaient clandestinement en Angleterre et en Irlande au temps des persécutions ; c’est la messe que saint Damien de Molokaï célébrait dans la chapelle construite de ses mains lépreuses...

2. Ce qui est vrai pour nous l’est encore plus pour nos enfants.

La liturgie traditionnelle forme les esprits et les cœurs de nos enfants à la louange divine par l’exercice des vertus d’humilité, d’obéissance, et d’adoration silencieuse. Elle remplit leurs sens et leur imagination de signes et de symboles sacrés, de « cérémonies mystiques » comme les appelait le Concile de Trente. Les pédagogues savent que les enfants sont plus sensibles aux illustrations visuelles qu’aux longs discours. La solennité de la liturgie traditionnelle ouvrira les enfants catéchisés à la transcendance et fera naître chez nombre de garçons le désir du service de l’autel.

3. La messe universelle.

La liturgie traditionnelle n’établit pas simplement un lien d’unité temporelle entre notre génération et les précédentes mais aussi un lien d’unité spatiale entre tous les fidèles du globe terrestre. Avant la réforme liturgique, c’était un réconfort pour les voyageurs de découvrir qu’en dépit des cultures et des climats, la messe était toujours la même où qu’ils aillent, celle que célébrait leur curé dans leur paroisse. C’était aussi la plus évidente confirmation de l’authentique catholicité de leur catholicisme ! Quel contraste avec certaines paroisses d’aujourd’hui où la messe change d’un prêtre à l’autre et d’un dimanche à l’autre...

4. Vous savez ce qui vous attend.

Une cérémonie centrée sur le sacrifice de Notre Seigneur au Calvaire. Le silence avant, pendant et après. Seulement des garçons comme servants de messe. Uniquement des mains consacrées pour toucher le Corps du Christ. Pas de frasques vestimentaires ni musicales. En d’autres termes, la seule activité sur terre que l’homme, même s’il la bâcle, ne peut totalement détourner de son unique objet : la louange du vrai Dieu. Le Père Jonathan Robinson, de l’Oratoire de saint Philippe Néri, dans son livre The Mass and Modernity (Ignatius Press, 2005), rédigé avant qu’il ne se familiarise avec la liturgie traditionnelle, note que l’attraction principale et pérenne de ce qui était encore l’ancien rite tient à ce qu’il offre « une référence transcendante », fût-il mal célébré (1). Alors que rien, dans la nouvelle messe, ne garantit « la centralité du mystère pascal » (2).

5. C’est l’original.

Le rite romain traditionnel a une évidente orientation théo- et christocentrique que traduit aussi bien le positionnement ad Orientem du prêtre que les riches textes du missel qui mettent en avant le mystère trinitaire, la divinité de Notre Seigneur et son sacrifice sur la Croix. Comme l’a fort bien documenté le professeur Lauren Pristas (3), alors que les prières du nouveau missel manquent de clarté dans leur expression du dogme et de l’ascèse catholique, les prières de l’ancien missel sont sans ambiguïté ni équivoque. De plus en plus de catholiques se rendent compte à quel point la réforme liturgique a été précipitée et porte à la confusion du fait de ses options quasi illimitées et de sa discontinuité avec les quatorze précédents siècles de prière de l’Église.

6. Un sanctoral supérieur.

Lors des débats liturgiques, une grande part des échanges est, logiquement, concentrée sur la défense ou la critique des changements apportés à l’ordinaire de la messe. Mais il ne faut pas oublier que l’une des différences majeures introduite par le missel de 1970 est son calendrier. À commencer par le sanctoral. Le calendrier de 1962 est une merveilleuse introduction à l’histoire de l’Église, en particulier l’histoire de l’Église primitive, si souvent négligée aujourd’hui. Il est providentiellement disposé de telle manière que la succession de certaines festivités forme des ensembles qui illustrent une facette particulière de la sainteté. Pour leur part, les créateurs du calendrier réformé ont éliminé ou rétrogradé 200 saints, à commencer par saint Valentin. Saint Christophe, le patron des voyageurs, a disparu, au motif qu’il n’aurait jamais existé nonobstant les innombrables vies qu’il sauve au quotidien. Aux traditions orales de l’Église, ils ont trop systématiquement préféré la science historique moderne. Leur préférence scientifique fait penser à ces mots de Chesterton dans Orthodoxie : « Il est très facile de comprendre pourquoi une légende est traitée, et doit être traitée, avec plus de respect qu’un ouvrage historique. La légende est généralement l’œuvre de la majorité des membres d’un village, une majorité d’hommes sains d’esprit. Le livre est généralement écrit par le seul homme du village qui soit fou. »

7. Un temporal supérieur.

Le temporal aussi a été chamboulé. Le cycle liturgique est bien plus riche dans le calendrier de 1962. Chaque dimanche de l’année a son contenu propre, qui devient pour les fidèles comme un marqueur grâce auquel ils peuvent mesurer, d’année en année, leurs progrès ou replis spirituels. Le calendrier traditionnel observe d’antiques occurrences comme les Quatre-Temps ou les Rogations qui manifestent non seulement notre gratitude envers le Créateur mais aussi notre soumission de bon gré au cycle naturel des saisons et des récoltes. Le calendrier traditionnel n’a pas de « temps ordinaire » – expression ô combien malheureuse si l’on considère que plus rien ne peut demeurer « ordinaire » après l’Incarnation – mais un temps après l’Épiphanie et un temps après la Pentecôte, donnant ainsi un long écho à ces fêtes. Tout comme Noël et Pâques, la Pentecôte, qui n’est pas une fête de moindre importance, est célébrée le temps d’une octave afin que l’Église ait tout le temps de se réchauffer à son feu céleste. Sans oublier le temps de Septuagésime qui aide le peuple de Dieu à passer en douceur de la joie de Noël à la douleur du Carême. Autant de trésors précieusement conservés qui nous relient à l’Église des premiers siècles...

8. Une meilleure introduction à la Bible.

L’opinion courante veut que l’une des avancées principales du nouvel Ordo soit son cycle triennal et ses plus nombreuses lectures qui porteraient à une meilleure connaissance de la Bible. Ce qu’ils ignorent ce faisant c’est que la nouvelle architecture a certes multiplié les lectures mais en rompant le lien qui les unissait dans l’ancien Ordo et constituait la trame de la messe de dimanche en dimanche. En matière de lectures bibliques, l’Ordo traditionnel répond à deux principes admirables :

- d’abord, que les passages ne sont pas choisis pour leur propre intérêt (afin de couvrir autant que possible toute l’Écriture) mais pour éclairer l’occasion particulière célébrée ;

- deuxièmement, que l’accent est mis non pas sur une plus grande alphabétisation biblique des fidèles mais sur la « mystagogie ». En d’autres termes, les lectures de la messe ne sont pas conçues comme un cours biblique dominical mais comme une initiation progressive par la liturgie aux mystères de la foi. Leur nombre plus limité, leur concision, leur pertinence liturgique et leur répétition annuelle en font un très efficace agent de formation spirituelle et une parfaite préparation au sacrifice eucharistique.

9. La dévotion pour la Sainte Eucharistie.

Bien entendu, la forme ordinaire peut être célébrée avec révérence et dévotion et la communion distribuée seulement par des ministres ordonnés à des fidèles communiant sur les lèvres. Mais on voit bien chaque dimanche que la plupart des paroisses ordinaires ont recours aux services de ministres extraordinaires au moment de la sainte communion que la majorité des fidèles prennent, plus qu’ils ne la reçoivent, dans la main. Ces deux attitudes sapent profondément le sacro-saint respect dû au Saint Sacrement et, partant, la compréhension du mystère eucharistique. Et quand bien même on communie soi-même sur les lèvres en choisissant la file du prêtre plutôt que celle du ministre extraordinaire, on risque de s’approcher de Jésus-Hostie l’âme distraite, tourmentée, voire et ce n’est pas mieux, indifférente. Moment de grande solennité, traditionnellement très édifiante pour les enfants, la communion finit ainsi par devenir un moment d’agitation et de confusion. L’oubli de la présence réelle de Notre Seigneur dans la Sainte Eucharistie débouche immanquablement sur la « protestantisation » de notre rapport à Dieu. Tant que l’indult de la communion dans la main ne sera pas aboli, la liturgie traditionnelle est la seule voie sûre pour préserver et nourrir notre compréhension du mystère de la présence réelle de Notre Seigneur Jésus-Christ, aussi bien dans la Sainte Eucharistie que dans l’Église et dans nos vies de chrétiens.

10. Le mystère de la Foi.

S’il ne devait rester qu’une raison pour justifier le choix préférentiel de la forme extraordinaire, c’est tout simplement qu’elle est l’expression la plus parfaite du Mystère de la Foi. Ce que saint Paul appelait musterion et que la tradition latine désigne sous les termes de mysterium et sacramentum est tout sauf un concept marginal dans la Chrétienté. L’incroyable révélation de Dieu auprès de nous, tout au long de l’histoire mais surtout en la personne du Christ, est un mystère dans le sens le plus élevé du terme : c’est la révélation d’une réalité parfaitement intelligible mais toujours inéluctable, toujours lumineuse mais aveuglante par sa luminosité. Les cérémonies liturgiques qui nous mettent en contact avec Dieu devraient porter le sceau de son essence mystérieuse éternelle et infinie. Par sa langue sacrée, son ordonnancement, sa musique et la position du prêtre, la forme extraordinaire du rite romain porte sans aucun doute ce sceau. En favorisant le sens du sacré, la messe traditionnelle conserve intact le mystère de la foi (4).


(1) Jonathan Robinson, The Mass and Modernity, Ignatius Press, 2005, p. 307.
(2) Ibid., p. 311.
(3) Collects of the Roman Missal : A Comparative Study of the Sundays in Proper Seasons Before and After the Second Vatican Council, London, T&T Clark, 2013.

(4) Durant de longs siècles – et même, selon saint Thomas d’Aquin, depuis les Apôtres – le prêtre a toujours dit Mysterium Fidei au moment de la consécration du calice.

Source

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