Les flux doivent être régulés. On ne peut pas accueillir dans n’importe quelles conditions
FIGAROVOX/ENTRETIEN : Pour l’évêque de Fréjus-Toulon, les chrétiens ne doivent « pas craindre d’affirmer avec conviction le témoignage de leur foi en Jésus-Christ, même auprès des musulmans ». Tout juste revenu de Syrie, il nous livre son analyse de la situation et réagit à l’invitation du pape François d’accueillir des réfugiés.
Monseigneur Rey est évêque du diocèse de Fréjus-Toulon depuis 2000. Il a crée, en 2005, l’Observatoire sociopolitique (OSP) de Fréjus-Toulon, think-tank ayant pour objectif de promouvoir la position de l’Église sur les sujets de société.
FIGAROVOX : Vous êtes le premier et le seul évêque français à vous être rendu en Syrie, aux côtés des Chrétiens persécutés. Qu’avez-vous vu là-bas ?
MONSEIGNEUR REY : J’ai été accueilli en Syrie par le patriarche grec catholique Grégoire III du 22 au 26 août. Nous avons visité un certain nombre de sites où se trouvent les communautés chrétiennes. L’impression de base que m’a donné ce pays, c’est celle d’un double martyre : martyre de la pierre, martyre de la chair. Martyre de la pierre avec ces quartiers (chrétiens et musulmans) saccagés, ces rues impraticables, ces églises détruites… Martyre de la chair surtout, avec ces milliers de drames humains, de persécutions explicites, d’exodes forcés, de familles ayant vu les leurs massacrés sous leurs yeux.
On a la vision d’un pays en ruines, sans avenir, d’une terre de désolation, qu’il faut fuir. Beaucoup de gens là-bas m’ont dit « aidez-moi à partir », même si les responsables religieux appellent à rester sur place. Parmi les chrétiens, certains, dont le martyre particulier s’ajoute au drame commun, ont décidé de rester, faisant preuve d’une résistance morale et spirituelle exemplaire.
S’il y a plus d’un an que l’exode des Syriens a commencé, le choc des photos a mobilisé le monde entier autour d’un enfant mort noyé. Que vous inspirent ces terribles images ? L’émotion est-elle un piège ou au contraire un catalyseur nécessaire à l’action ?
Ces images violentes et crues nous obligent à sortir de notre léthargie. Nous ne pouvons plus rester dans l’inaction, dans une inertie confortable qui nous tient lieu de politique depuis des mois. Notre stratégie ne peut se réduire à mettre en place des barbelés et multiplier les contrôles aux frontières ! L’urgence humanitaire exige de mobiliser notre compassion mais aussi notre détermination dans l’action. Il y a un point d’équilibre à trouver, où le coeur et la raison doivent parler de concert. Le coeur doit nous engager à répondre à l’urgence humanitaire. La raison nous oblige à trouver des solutions de long terme. Notre devoir moral, surtout en tant que chrétiens, est d’accueillir toutes les personnes en souffrance, en particulier nos frères chrétiens, dont certains ont fui la persécution. Le pape François nous y invite avec force.
Les frontières territoriales doivent rester essentielles pour protéger l’identité d’un pays. Les flux doivent être régulés. On ne peut pas accueillir dans n’importe quelles conditions. Nous ne voulons pas d’une globalisation brouillonne qui gommerait les identités. Il faut accompagner les nouveaux venus sur le chemin de l’intégration culturelle et sociale, afin qu’ils puissent intérioriser et enrichir aussi l’identité du pays qui les accueille.
Que dites-vous à ceux qui agitent le spectre d’une « invasion » et craignent pour l’identité chrétienne de l’Europe ?
Que nous le voulions ou non, nous sommes dans un monde globalisé et ouvert. Nous ne pourrons pas empêcher l’arrivée de réfugiés et les brassages de population qui relèvent de facteurs économiques, géopolitiques, écologiques et religieux très complexes. Ces mouvements démographiques doivent être encadrés par une vraie politique migratoire. Par ailleurs l’altérité due à l’arrivée de personnes issues d’autres univers culturels interroge notre propre identité, et nous engage à nous réapproprier notre héritage national, marqué en Europe par ses racines judéo-chrétiennes.
Face à cette peur de l’islamisation de l’Europe, je constate souvent un déficit d’identité des chrétiens, ils ne doivent pas craindre d’affirmer avec conviction le témoignage de leur foi en Jésus-Christ, même auprès des musulmans. C’est une leçon que j’ai retenue de mon séjour en Syrie.
Certains s’inquiètent d’une islamisation de la France, qui serait accélérée par la venue de ces nouveaux migrants. Tout en éradiquant les groupes islamistes fondamentalistes et le trafic d’êtres humains, il faut absolument mettre en oeuvre une culture du dialogue, qui favorise un modus vivendi avec les communautés d’origine musulmane. Il faut aussi déployer une démarche pastorale, qui conjugue accueil et annonce. Pour sortir ou de la confrontation belliqueuse, ou au contraire, de l’indifférence, nous nous devons comme chrétiens, de construire des liens humains de proximité et de solidarité pour que notre société ne devienne pas une nouvelle tour de Babel individualiste, fracturée entre communautés qui ne communiquent plus entre elles.
Face à cette peur de l’islamisation de l’Europe, je constate souvent un déficit d’identité des chrétiens, ils ne doivent pas craindre d’affirmer avec conviction le témoignage de leur foi en Jésus-Christ, même auprès des musulmans. C’est une leçon que j’ai retenue de mon séjour en Syrie.
Une conférence de l’ONU sur les minorités persécutées par l’Etat islamique se tient le 8 septembre à Paris. Qu’attendez-vous de la communauté internationale ?
J’attends beaucoup de cette conférence. La France et les grandes puissances doivent former une coalition internationale pour garantir durablement la paix. Le statu quo en Syrie et en Irak n’est plus tenable. La paix est la seule solution pour maintenir les populations sur place.
le Figaro le déficit d identité des Chrétiens
Le CARED estime, qu’en matière d’immigration, l’Europe et en particulier la France doit appliquer le principe de précaution, un afflux de clandestins risquant d’augmenter l’insécurité, les attentats commis en France ayant été commis par des migrants ou descendants de migrants fanatisés.
Afficher une politique d’accueil des clandestins ne fera qu’empirer la situation et la rendre encore plus incontrôlable. Cette politique créera un appel d’air sans précédent, c’est une politique de gribouille que nous paierons cher.
La politique de l’Australie est un excellent exemple à suivre, en stoppant toute immigration illégale, la sécurité des gens est assurée.
Le CARED estime, par ailleurs, qu’il est indispensable de favoriser dans un cadre légal respectant le droit, l’accueil des Chrétiens et Yézidis persécutés.
Contact : c.ared@yahoo.fr
Source :
Le député-maire de Roanne Yves Nicolin (Les Républicains) s’est dit prêt à accueillir des réfugiés :
"Ce que je souhaite c’est qu’on puisse avoir l’absolue certitude que ce ne sont pas des terroristes déguisés. C’est la raison pour laquelle demander à ce que ce soit des Chrétiens peut représenter une garantie suffisante".
"Si la France décide d’accueillir sur son sol un certain nombre de familles, et qu’elle décide de les intégrer c’est-à-dire de leur donner des papiers, la ville de Roanne pourra jouer ce rôle-là, accueillir peut-être une dizaine de familles mais à la condition qu’il soit bien question de réfugiés chrétiens qui sont persécutés parce que Chrétiens en Syrie par Daesh".
Au mois d’août, Christian Estrosi avait déclaré que des terroristes de l’Etat islamique s’infiltrent parmi les clandestins :
"Nous le savons, les services de renseignements ne cessent de nous alerter là-dessus. Je pense que l’Europe ferait mieux de prendre des mesures de fermeté, d’organisation pour endiguer les flux migratoires au sud de l’Europe avec un blocus aérien et maritime et en s’attaquant aux passeurs."
Michel Janva