La nécessité des messes pour les soldats

vendredi 9 novembre 2018
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Quand les prêtres partaient au front avec leur autel portatif
La nécessité des messes pour les soldats



par Caroline Becker | 09 novembre 2018

« Lors de la mobilisation générale du 1er août 1914, séminaristes, prêtres et religieux sont mobilisés en application de la loi du 21 mars 1905, dite « des curés sacs au dos », qui supprime toutes les dispenses de service militaire. De nombreux prêtres — non aumôniers militaires — généralement envoyés dans les services de santé, se retrouvent alors expédiés au front sans le matériel nécessaire à la célébration de la sainte messe.

[(La nécessité des messes pour les soldats])

Conscient de l’importance de célébrer le sacrifice eucharistique pour soutenir la foi, si ce n’est le moral, des soldats, les institutions catholiques commencent, à partir de 1915, à envoyer le matériel nécessaire à la célébration de la messe. Le Bulletin de l’Œuvre pressentait d’ailleurs ce besoin urgent dans son numéro de janvier 1915 : « Ils sont des milliers sur le front, qui n’ont même pas la consolation, dans les intervalles d’un service toujours pénible, toujours périlleux, de pouvoir offrir le Saint-Sacrifice, parce qu’ils manquent de tout ce qui est nécessaire pour dire la messe ; ils sont des milliers qui sont privés de faire la charité. Donnons-leur pour qu’ils puissent donner. Envoyons-leur de généreuses offrandes, des vêtements chauds. »

Pendant la Grande Guerre, « la France a retrouvé ses prêtres dans les tranchées »
Dès 1915, les prêtres commencent alors à recevoir des petites valises nominatives contenant les objets essentiels à la célébration du sacrifice eucharistique : ciboires, vêtements liturgiques, missels, crucifix, chapelets, médailles, ouvrages de piété… D’autres valises, plus complètes, pouvaient également contenir des vêtements de dessous, chauds et imperméables — adaptés aux circonstances des tranchées — et quelques produits comme des briquets, cigarettes, savon, chocolat et conserves. En 1915, c’est presque une centaine d’autels portatifs qui sont livrés sur le front.

De nombreux objets, témoignages émouvants de ces messes dans les tranchées, ont été préservés de l’oubli. Comme ces chasubles de prêtre-soldat, dorées d’un côté, noires de l’autre, qu’il suffisait de retourner pour célébrer l’office des morts le lendemain d’une trêve toujours trop courte. Ou encore ces petites tables portatives en bois — comme celle présente dans le vente — qu’il fallait déplier pour découvrir, au centre, la fine plaque de pierre ou de marbre bénite, nécessaire au sacrifice eucharistique. Avec elle, lutrin, ciboire, patène, clochette et corporal venaient compléter le tout.

Un service rudimentaire qui laisse imaginer les conditions précaires de ces messes dans les tranchées mais ô combien nécessaire aux soldats, comme l’exprimait le père Louis Lenoir, aumônier militaire : « En ces jours où la Patrie vous demande tous les sacrifices, où, pour elle, vous devez quitter vos familles, vivre dans les souffrances des tranchées, marcher à la mort, vous avez plus que jamais besoin de vous tourner vers Dieu, notre Souverain Maître. » »

Source : Aleteia