Prévoir c’est un acte responsable, un acte de charité aussi
Regard sur la paupérisation de la santé publique en France
Regard sur la paupérisation de la santé publique en France
« La France a-t-elle les moyens de faire face à l’affluence de patients contaminés ? Ces derniers jours, la question se pose sans relâche face aux premiers cas de saturation, notamment dans la région Grand-Est, la Corse et maintenant l’Ile-de-France. Un avion et un navire de l’armée ont même été affrétés pour déplacer des malades du coronavirus et contenir l’engorgement des hôpitaux.
Il faut dire que la France se situe hélas en dessous de la moyenne des 35 pays « développés » membres de l’OCDE concernant les lits pour « soins aigus« . L’Allemagne compte ainsi deux fois plus de ces lits par habitant que la France.
Les données présentées dans le graphique ci-dessous sont issues de l’OCDE et concernent les lits pour « soins aigus » en 2017 ou 2018. Il s’agit de l’ensemble du nombre de lits d’hôpitaux régulièrement entretenus et dotés de personnel. Ils ne sont donc pas superposables aux places disponibles en réanimation, bien moins nombreuses sur le territoire, mais permettent de comparer les capacités d’accueil des différents systèmes de santé.
En France, on comptait ainsi 206 619 lits pour « soins aigus » en 2017. Un chiffre en baisse de près de 10% sur dix ans. La raison ? Le développement des opérations en ambulatoire (sans nuit à l’hôpital) et, surtout, les réductions budgétaires. Ramené au nombre d’habitants, cela représente environ trois lits pour « soins aigus » pour 1 000 personnes, soit en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE (3,5).
Parmi les Etats les mieux dotés, on retrouve un trio de tête : le Japon, la Corée du Sud et l’Allemagne. Un groupe de pays qui fait également partie de ceux qui semblent avoir réussi à contenir l’accélération du nombre de morts sur leur territoire, face à l’épidémie de coronavirus. A l’inverse, parmi les pays les moins bien dotés, on retrouve, légèrement en dessous de la France : le Royaume-Uni, l’Espagne et l’Italie, qui font face à une situation pandémique de plus en plus meurtrière.
Selon la solidité du système de santé du pays, cela pourrait également amener les médecins à faire des choix éthiquement très lourds, en triant les malades à soigner parmi les plus graves, qu’ils soient atteints du nouveau coronavirus ou d’autres pathologies (https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2020/03/19/france-quas-tu-fait-de-ta-medecine/). Les médecins du nord de l’Italie, région particulièrement touchée, y sont déjà douloureusement confrontés, selon des témoignages. D’autres pays pourraient bientôt devoir faire les mêmes choix.
Dont la France.
La colère exprimée, depuis de nombreux mois maintenant, par le corps médical confronté à la paupérisation constante autant qu’irresponsable de la santé publique et de nos hôpitaux se trouve aujourd’hui explicitée et justifiée par la situation que nous décrivons.
La France a déjà connu, dans son histoire, de graves moments d’abandon et d’impréparation par ses dirigeants politiques. La défaite de 1940 en fut un terrible exemple qui faillit la mener à sa perte. Nul doute que les responsables de la situation sanitaire actuelle devront en rendre compte »
Pour le CER, Hippocrate, Conseiller à la Santé publique.
Le 21 mars 2020.
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