La République : la permanence de certains mensonges
M. Emmanuel Macron, président de la République, a prononcé le discours ci-joint lors de l’hommage au père Hamel pour le premier anniversaire de son assassinat. Discours de qualité, habile, juste sur plusieurs points, notamment sur l’hommage envers les catholiques, qui se sont écartés de tout esprit de vengeance et se sont tournés vers la prière, mais discours hélas toujours inexact et mensonger sur des points essentiels :
mensonge par omission lorsqu’il évoque le terrorisme et l’obscurantisme, sans préciser qu’il s’agit de terrorisme islamiste, comme le faisait son prédécesseur à l’Elysée ;
mensonge lorsqu’il évoque l’histoire de la République : « la République n’est pas le règne du relativisme. Au cœur de nos lois et de nos codes forgés par l’Histoire, il est une part qui ne se négocie pas. Il est une part sur laquelle on ne porte pas la main. Une part, j’ose le mot, sacrée. [...] Le visage de Jacques Hamel est devenu le visage de ce qui, en nous, refuse cette culture de mort »
Refus de la culture de mort en une « part non négociable » : c’est là reprendre à rebours les mots du pape Benoît XVI, dénonçant la « culture de mort » à propos notamment de l’avortement de masse aujourd’hui pratiqué et promu en Occident et tout particulièrement en France. Non, la République ne refuse pas la culture de mort lorsqu’elle rend légal et encourage l’avortement de masse, lorsque la loi fait de la dénonciation de l’avortement un délit pénal, lorsque le législateur entend décider de ce qui est bien ou mal et se fait garant de la morale, au mépris de la morale et du droit naturels. Aujourd’hui c’est l’avortement, érigé en droit, qui ne se négocie pas en France et face auquel il devient interdit de proposer une alternative. Car par exemple pourquoi ne confierait-on pas aux bons soins de la Nation les enfants à naître que l’on massacre actuellement chaque jour ?
« La République, oui, repose sur l’amour et le respect de l’humanité. » Noble propos, que l’on aimerait exact, mais qui est lourdement mensonger puisqu’il ignore les massacres de masse commis durant la Révolution, le génocide vendéen, les persécutions religieuses sous la IIIe République, la culture de mort déployée sous la Ve République, comme le rappelle à juste titre Michel Janva du Blog Le Salon beige.
Mgr Lebrun, dans son discours à Saint-Etienne-du Rouvray lors de l’inauguration de la stèle à la mémoire du Père Hamel a fait ainsi mention de cette culture de mort, si actuelle : « Des attentats, hier, la profanation de tombe ou de lieux de culte, aujourd’hui encore, même accomplie par des adolescents, sont une ombre pour toute notre société. Notre société qui ne sait plus où elle va après la mort, et se croit libre de faire tout ce que chaque individu souhaiterait, y compris abréger sa vie ou l’empêcher de naître ; c’est une ombre pour notre société qui met de côté des ressources spirituelles en chargeant la loi d’établir la morale alors que celle-ci, la loi, ne peut qu’être qu’une aide et que la morale, elle vient du profond de notre humanité. »
Enfin, M. Macron recours à l’argument habituel et fallacieux de l’amalgame entre les religions, placées sur le même plan, alors que seul l’Islam dans le Coran, a un problème majeur à régler pour éradiquer de son message la violence et l’assassinat des non-musulmans.
A cet égard, on ne peut que renvoyer à la lecture du remarquable ouvrage de l’abbé Guy Pagès : « Interroger l’Islam, 1235 questions à poser aux musulmans ! » : ouvrage que tout homme politique en situation de responsabilité devrait lire, ouvrage que les musulmans devraient eux aussi lire.
« Mais chaque religion, dont les responsables sont ici présents, et je les en remercie, a à mener sa part de combat pour que jamais la haine, le repli, la réduction de ce que nous sommes ne puissent triompher. C’est un combat long, et il se mène chaque jour. », a dit le Président.
Mais la part de combat est à mener d’abord par ceux qui nous gouvernent, puisqu’ils ont le pouvoir de décision et qu’ils ont donc l’impérieux devoir d’interroger l’Islam, et à cette fin reprendre les pertinentes question posées par l’abbé Guy Pagès dans son ouvrage précité, qui devrait être lu par les musulmans eux-mêmes et leurs imams : car c’est à eux essentiellement qu’il revient d’évoluer et d’interroger leur religion, puisque tous les attentats commis en France au cours des dernières années l’ont été au nom de l’islam et que nombre d’assassinats particulièrement odieux, dont celui du Père Hamel, ont été perpétrés par des hommes au nom d : « Allah akbar ».
Le Christianisme quant à lui est une religion de l’amour, on peut même dire LA religion de l’amour avec un Evangile uniquement tourné vers l’amour de Dieu et des autres, le pardon et la charité. L’histoire de l’Eglise du Christ avec les innombrables saints et martyrs qu’elle compte sont là pour en témoigner. Et lorsque quelques-uns de ses membres ont failli, parfois lourdement, ce n’est certes pas en cohérence et en accord avec les Evangiles qu’ils l’ont fait.
Aujourd’hui en tout cas, placer toutes les religions sur le même plan, position qui relève tout droit du relativisme, est ainsi gravement inexact et mensonger. Mais il est vrai que la République nous a habitué depuis son origine à beaucoup de mensonges.
Jean-François Barrey
« Monsieur le président de la République,
Monsieur le premier ministre,
Monsieur le Ministre d’État, ministre de l’intérieur,
Monsieur le Ministre ;
Monsieur le président du Conseil constitutionnel,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Madame la ministre,
M. le député et M. le maire,
Mesdames et Messieurs les hautes autorités civiles, judiciaires et militaires.
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le directeur départemental de la sécurité publique,
Mesdames et messieurs, habitants de Saint-Étienne-du-Rouvray, croyants ou non, d’une confession religieuse ou d’une autre.
Chère Roseline et chère Chantal, Chères sœurs,
Chers amis,
La communauté catholique a beaucoup apprécié le désir de M. le maire, d’ériger un monument à la mémoire du Père Jacques Hamel en écho aux souhaits de nombreux Stéphanais et Stéphanaises. Elle est très sensible à votre présence, M. le Président, pour l’inaugurer.
Ce monument prend la forme d’une très belle « stèle républicaine pour la paix et la fraternité, à la mémoire du père Jacques Hamel ». C’est une étape importante. Permettez-moi de dire quelques mots de cette étape avant d’accueillir avec vous le message de cette stèle.
La famille, les témoins de l’assassinat du Père Jacques Hamel, la communauté paroissiale et bien d’autres poursuivent ce que nous appelons trop communément un chemin de deuil. Au fil de l’année, j’ai vu une succession d’ombres et de lumières. L’ombre de la disparition et de la tristesse, la lumière d’une présence jamais aussi forte ; l’ombre des regrets, inquiétudes, peurs, la lumière de l’affection qui fait vivre ; l’ombre du souvenir tenace de la violence, la lumière des amitiés consolantes ; l’ombre des soupçons et des accusations, la lumière du pardon toujours recherché ; l’ombre d’interrogations demeurant sans réponse, la lumière de la foi.
La vie personnelle comme la vie commune est jalonnée par ces passages, de l’ombre à la lumière. Il ne serait pas responsable de tenir pour acquise la lumière. Saint-Etienne du Rouvray, pas plus que Jérusalem, New York, Djarkarta, Kinshasa, Alger, Rio de Janeiro, la Lybie ou Rouen ne peuvent se dire une ville sans ombres ni … lumières ! Il n’est pas plus responsable et, encore moins chrétien, de penser être dans la lumière, et de juger et condamner les autres aux ténèbres. Pire encore, de penser que nos cœurs sont habités par la seule lumière tandis que d’autres, les autres, seraient les acteurs de l’ombre. C’est vrai dans une famille, dans une communauté, dans un pays, dans le monde.
Des attentats, hier, la profanation de tombe ou de lieux de culte, aujourd’hui encore, même accomplie par des adolescents, sont une ombre pour toute notre société. Notre société qui ne sait plus où elle va après la mort, et se croit libre de faire tout ce que chaque individu souhaiterait, y compris abréger sa vie ou l’empêcher de naître ; c’est une ombre pour notre société qui met de côté des ressources spirituelles en chargeant la loi d’établir la morale alors que celle-ci, la loi, ne peut qu’être qu’une aide et que la morale, elle vient du profond de notre humanité.
L’aide au développement, le secours des migrants, l’appui aux Etats du Moyen orient qui redonne espoir aux chrétiens de pouvoir rester chez eux, comme dans la plaine de Ninive, sont, parmi d’autres, des lumières pour toute notre société qui sait qu’elle ne peut pas vivre bien à côté de ceux qui vivent mal. C’est l’honneur de la France d’être engagée largement sur cette voie. Comment ne pas relier ce que nous vivons, aujourd’hui à l’entrée dans Mossoul hier du Patriarche chaldéen accompagné de trois évêques de France et d’un prélat français ?
Dans une ville, comme dans une église, nos cœurs n’en finissent pas de passer du côté de l’amour. Permettez-moi, au nom même de Jacques Hamel, de lancer cet appel à ceux qui hésitent encore : quittez l’ombre de la haine, passons ensemble vers la lumière de l’amour ! Quittez l’ombre de la division et passons ensemble à la lumière de l’unité ! Quittez l’ombre des mensonges, des égoïsmes et des égos, passons ensemble à la lumière de la vérité et de la fraternité ! Quittez l’ombre de la guerre, passons ensemble à la lumière de la paix !
La stèle que nous inaugurons porte des figures qui semblent être un peu dans l’ombre. Elles semblent chercher la lumière. Puissions-nous nous retrouver tous parmi ceux qui passent de l’ombre à la lumière, de l’ombre de la mort, à la lumière de la vie. Comme le Père Jacques Hamel, je le crois, est passé définitivement de la mort à la vie, à la vie éternellement bienheureuse.
La stèle porte un défi, celui - nous l’avons entendu - de l’universel où la lumière ne peut rejoindre quelques-uns au détriment des autres. Tel est le sens d’une déclaration universelle des droits de l’homme. Ayons l’ambition de la fraternité universelle inscrite dans le premier article de la déclaration de 1948 : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ».
Les chrétiens ont une responsabilité immense. Pour eux, la fraternité n’est pas une option. Jésus a révélé le nom de « Père » comme le nom propre de Dieu. Qui sommes-nous alors, sinon des frères et des sœurs ? Pouvons-nous appeler Dieu « Père » sans regarder l’autre et tous les autres comme un frère, comme une sœur ? La famille humaine a brisé le lien fraternel lorsque Caïn tue son frère Abel, se séparant ainsi du grand projet divin. Jésus vient restaurer la fraternité, véritable dignité des êtres humains. Il l’a fait au prix de son sang qui crie plus fort que le sang d’Abel pour appeler à la fraternité. Le sang du Père Jacques Hamel est de la même composition que le sang de Jésus ; il crie avec tous les martyrs. Il appelle à la fraternité, sans exclusion, comme en témoigne le rassemblement de ce matin.
Monsieur le Maire, Monsieur le député, M. le Président, chers amis non croyants ou croyants de diverses confessions, nous pouvons avancer ensemble, dans le respect de nos responsabilités, dans le respect de nos esprits et de nos âmes, si divers et si semblables, dans la fraternité !
Le visage du Père Jacques Hamel, en bas de la stèle semble regarder vers l’article 18 de la déclaration universelle : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites) ».
Ce regard du Père Jacques Hamel tourné vers l’article 18 de la déclaration universelle est-il un hasard ? Vous pouvez penser que je crois plus à la providence qu’au hasard ! Quoi qu’il en soit, c’est pour moi l’occasion de remercier tous ceux qui comprennent que la communauté catholique peut et veut participer à la vie commune, par ses membres et en tant que communauté. Elle n’a pas d’autre vocation, car elle croit que sa mission est sur terre comme au ciel, sur terre pour le ciel, où nous attend le Père Jacques Hamel. La communauté catholique est aujourd’hui fière de l’exemple donné par le Père Jacques Hamel, frère, oncle, citoyen et chrétien, prêtre catholique. Si l’un de ces aspects pouvait apparaître en premier selon les circonstances, il n’était jamais séparé des autres. L’hommage qui lui est rendu sur cette place et par ce monument en témoigne.
Merci aux artistes Marie-Laure Bourgeois et Vincent Bécheau. Merci de tout cœur M. le maire, - avec un « s » - pour votre geste, merci aussi pour votre amitié. Nous la devons au Père Jacques Hamel. Soyons-lui fidèles aussi en cela !
Je vous remercie »
Publié le 26 Juillet 2017
« Monsieur le Premier ministre,
Monsieur le Ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur,
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Président du Conseil constitutionnel,
Monsieur le Vice-président du Sénat,
Mesdames et messieurs les Députés et Sénateurs,
Madame la Ministre, Monseigneur,
Madame la Préfète,
Monsieur le Maire,
Messieurs les représentants des cultes,
Chers membres de la famille du Père HAMEL, de la famille des victimes,
Mesdames, Messieurs,
En assassinant le Père HAMEL au pied de son autel, les deux terroristes ont certainement cru semer parmi les catholiques de France la soif de vengeance et de représailles. Ils ont échoué. Mon premier mot sera donc pour remercier l’église de France, Monseigneur LEBRUN ici présent, les catholiques de France, les Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul et en particulier Sœur Hélène, Sœur Danièle, Sœur Huguette, qui étaient présentes ce jour-là, si courageuses, les paroissiens de Saint-Etienne-du-Rouvray et notamment monsieur COPONET qui fut blessé gravement, et son épouse.
Je les remercie tous d’avoir trouvé dans leur foi et leurs prières la force du pardon. Je vous remercie, Monsieur le député, Monsieur le maire, vous toutes et tous qui êtes là, habitants de Saint-Etienne-du-Rouvray, d’avoir donné à toute la France le même exemple. D’avoir refusé cette soif de vengeance et de représailles. D’avoir ensemble, dès les premières heures, choisi ce chemin d’avenir que vous évoquiez il y a un instant.
En ces temps troublés où tant de vos frères, où tant de nos concitoyens subissent le terrorisme, pour certains la persécution, vous restez d’inlassables artisans de la paix. Et l’exemple d’apaisement que vous avez offert à la France appelle toute notre gratitude.
Ces deux meurtriers voulaient non moins certainement exacerber la peur des Français, déjà tant éprouvée par l’attentat du 14 Juillet à Nice. Grâce à vous, là encore ils ont échoué. Mieux, ils ont rappelé à tous les Français que la République n’est pas le règne du relativisme. Au cœur de nos lois et de nos codes forgés par l’Histoire, il est une part qui ne se négocie pas. Il est une part sur laquelle on ne porte pas la main. Une part, j’ose le mot, sacrée.
Cette part, c’est la vie d’autrui, mais c’est aussi tout ce qui nous rend humain : l’amour, l’espérance, le don de soi, l’attachement aux siens et à ses racines, le goût de l’autre… De tout cela, le père HAMEL était l’incarnation même, dans la discrétion et le respect scrupuleux de sa charge.
En profanant sa personne, en profanant son église, et donc sa foi, ses assassins ont attenté à ce lien profond qui unit les Français, qu’ils soient croyants ou non, catholiques ou pas. Alors, ce lien nous est apparu dans toute sa force.
Le visage de Jacques HAMEL est devenu le visage de ce qui, en nous, refuse cette culture de mort, et ce terrorisme arrogant. Le sourire de Jacques HAMEL est devenu ce sourire de résistance, celui de l’humanisme qui se tient droit face à l’obscurantisme.
Dans sa vie humble, toute offerte aux autres, dans la force d’âme des sœurs de Saint-Vincent-de-Paul tentant de dialoguer avec les assassins, les Français ont reconnu une part d’eux-mêmes. Cette part d’eux-mêmes qui se retrouve dans notre texte, dans cette déclaration, dans ce qui est le fondement même de notre République.
La République, oui, repose sur l’amour et le respect de l’humanité. Chacun œuvre à cet idéal, avec ses croyances, avec sa philosophie, sa morale. Lorsque c’est la foi qui soutient cet idéal, elle a toute sa place dans la République. C’est pour cela que la République garantit la liberté de croire, comme celle de ne pas croire. C’est pour cela qu’elle protège les lieux de culte et les représentants des religions.
La République n’a pas à combattre une religion, ni à vouloir se substituer à elle. Elle œuvre chaque jour à ce que chacun puisse croire ou pas dans l’intensité et l’intimité de sa foi. En homme libre.
Mais chaque religion, dont les responsables sont ici présents, et je les en remercie, a à mener sa part de combat pour que jamais la haine, le repli, la réduction de ce que nous sommes ne puissent triompher. C’est un combat long, et il se mène chaque jour.
Ici, vous l’avez emporté. Car elle est là, elle est là aussi la force de notre nation, dans cette capacité à entendre et faire siennes les paroles de fraternité et de charité que l’Eglise de France prononça voici un an ; dans cette capacité à réunir autour du corps supplicié d’un prêtre l’imam, le pasteur et le rabbin.
Dans cette volonté de l’Etat, de l’ensemble de ses services publics, nationaux et locaux, d’œuvrer pour que le pays se tienne. Dans cette volonté de faire fructifier ce qui rapproche les Français au lieu d’enfermer chacun dans sa chapelle. C’est cela ce que nous opposons à tous les fanatismes.
Alors, oui, il y a un an, vous avez donné cet exemple à toute la France. Et sans en diminuer l’horreur, je veux vous dire ici aujourd’hui que le martyr du père HAMEL n’aura pas eu lieu pour rien, son viatique sera la force de ce message, de votre dignité.
Un an après, nous en discernons le sens et la leçon. C’est de nous avoir rendu, chacune et chacun, plus fidèles encore à ce que nous sommes, plus fidèles encore à ce qu’ils ont voulu abattre, plus fidèles encore à ce que nous ne concéderons jamais.
Merci »